« Sheva brachot » remporte le gros lot aux Ophir et représentera Israël aux Oscars
Le film sur la vie d'une famille marocaine à Jérusalem a remporté dix Ophir ; la cérémonie a été aussi l'occasion d'une manifestation contre les meurtres dans la société arabe

« Sheva brachot », le film d’Ayelet Menahemi, a été le grand gagnant de l’édition 2023 des Ophir, remportant dix statuettes au cours de la soirée. Nominé dans dix catégories, le long-métrage représentera Israël aux Oscars, l’année prochaine. Un retour glorieux pour la réalisatrice, qui n’était pas repassée derrière la caméra depuis seize ans.
« Sheva brachot, », qui raconte la vie d’une famille marocaine soudée – avec son lot de secrets – dans la Jérusalem du début des années 1990, a remporté l’Ophir du meilleur film, de la meilleure réalisation, de la meilleure actrice et du meilleur second rôle féminin, gagnant aussi le prix de la meilleure bande originale, du meilleur casting et du meilleur maquillage.
Reymond Amsalem est montée sur la scène pour récupérer son troisième Ophir – c’est la première fois qu’elle remporte le prix de la meilleure actrice avec son rôle dans « Sheva brachot » – et Tiki Dayan s’est emparée du prix du meilleur second rôle féminin.
« Home », une histoire vraie qui raconte la lutte acharnée d’un jeune haredi désireux d’ouvrir un magasin d’informatique dans son quartier, a gagné les prix du meilleur acteur et du meilleur second rôle masculin pour Roy Nik et Dror Keren, respectivement.
Par ailleurs, « The Other Widow, », l’histoire d’une maîtresse qui se rend à la shiva de son amant décédé, a remporté les Ophir du meilleur décor et des meilleurs costumes.
« The Vanishing Soldier, » un long-métrage au sujet d’un soldat qui déserte l’armée pour retrouver sa petite amie à Tel Aviv, a gagné le prix de la meilleure photographie.
Et pourtant, c’est un mouvement de protestation contre le crime endémique qui sévit dans la communauté arabe qui a volé la vedette pendant la soirée. Cette vague meurtrière a fait 173 morts cette année, soit plus du double du nombre de victimes qui avait été enregistré l’année dernière à la même période.
L’actrice Samar Qupty, nominée dans la catégorie du meilleur second rôle féminin pour son rôle dans « The Future » — elle ne l’a finalement pas emporté – est arrivée à la cérémonie vêtue d’une robe blanche créée par Mervat Hakroush, une robe présentant le motif d’un impact de balle au niveau de la poitrine, avec du « sang » s’écoulant de la blessure.

Qupty était accompagnée par son invitée, Watfa Jabali, une mère ayant perdu son enfant dans les violences et co-fondatrice du mouvement « Mères pour la vie » qui dénonce la vague meurtrière qui s’est abattue sur la société arabe israélienne.
« J’ai été nominée pour un film qui s’appelle ‘The Future’ mais ce soir, je suis ici pour représenter le présent parce que si nous ne prenons pas en charge ce présent, alors il n’y aura pas de futur », a dit Oupty.
D’autres nominés ont rejoint ce mouvement de protestation en portant des bracelets noirs en signe de solidarité avec la douleur ressentie par un nombre toujours croissant de familles arabes israéliennes.
Dans son discours d’acceptation de son prix, Amsalem a demandé à Jabali de se lever alors qu’elle exprimait sa solidarité, disant « la société arabe n’est pas une société qui est séparée de nous – c’est nous et il est de notre responsabilité de partager sa douleur et sa quête de justice ».
Le film israélien sera fêté dans tout le pays le 13 septembre, avec des billets moins chers pour tous les films israéliens qui sont actuellement projetés dans les cinémas de tout le territoire.