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Soudan : des corps dans les rues au Darfour, 2,5 millions de déplacés et réfugiés

Après autant de jours de guerre, "68 % des fonds pour répondre à la crise ukrainienne étaient réunis", contre seulement 50 % de dons promis pour le Soudan, a déploré Alexander Kjaerum

Une photo prise le 16 juin 2023 montre des corps couverts éparpillés à l'extérieur près de maisons dans la capitale de l'État du Darfour occidental, El Geneina, au milieu des combats en cours entre deux généraux au Soudan déchiré par la guerre. (Crédit : AFP)
Une photo prise le 16 juin 2023 montre des corps couverts éparpillés à l'extérieur près de maisons dans la capitale de l'État du Darfour occidental, El Geneina, au milieu des combats en cours entre deux généraux au Soudan déchiré par la guerre. (Crédit : AFP)

Plus de deux mois de guerre entre armée et paramilitaires ont forcé plus de 2,5 millions de personnes à fuir leur maison au Soudan, a annoncé l’ONU mardi, notamment dans la région du Darfour où des corps jonchent les rues.

Au dernier jour d’une trêve globalement respectée à Khartoum depuis dimanche, un immense incendie faisait rage mardi soir au siège du renseignement dans la capitale.

Une source au sein de l’armée a affirmé à l’AFP que les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) « ont bombardé le bâtiment », violant la trêve de 72 heures qui expire mercredi à 06H00 locale (04H00 GMT).

Une source parmi les paramilitaires a répondu qu’un « drone de l’armée avait bombardé le bâtiment où étaient regroupées des troupes des FSR, provoquant l’incendie et la destruction partielle du siège du renseignement ».

Le conflit qui a éclaté le 15 avril entre l’armée, commandée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les FSR du général Mohamed Hamdane Daglo a fait plus de 2 000 morts dans le pays, selon l’ONG Acled.

Les violences sont les plus meurtrières au Darfour, une vaste région de l’ouest du Soudan, frontalière du Tchad.

Une photo prise le 16 juin 2023 montre des corps couverts éparpillés à l’extérieur près de maisons dans la capitale de l’État du Darfour occidental, El Geneina, au milieu des combats en cours entre deux généraux au Soudan déchiré par la guerre. (Crédit : AFP)

Dans la seule ville d’El-Geneina, la capitale de l’Etat du Darfour-Ouest, 1 100 personnes ont été tuées selon l’ONU. Dans les rues, des cadavres recouverts à la va-vite de vêtements gisent sous le soleil brûlant alors que les rideaux des magasins sont baissés ou ont été éventrés par des pilleurs.

Dans un enregistrement sonore mis en ligne mardi, le général Daglo a dénoncé « un conflit tribal » à El-Geneina, affirmant avoir ordonné à ses hommes « de ne pas intervenir » et accusant l’armée de « créer la sédition en distribuant des armes » à des civils.

Quelques affaires sous le bras, soumis à des fouilles imposées par des hommes armés, les habitants fuient en longues colonnes vers le Tchad, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest, sous les tirs croisés des militaires, paramilitaires, combattants tribaux et civils armés.

Depuis vendredi, « 15 000 Soudanais, dont près de 900 blessés » ont fui vers Adré, au Tchad, selon Médecins sans frontières. « Les violences se sont intensifiées, les gens vivent dans la peur constante d’être pris pour cibles », explique Konstantinos Psykakos, coordinateur de projet de MSF.

Cette photo prise le 20 juin 2023 montre des hommes et des enfants soudanais déplacés remplissant des conteneurs d’eau à Wad Madani, la capitale de l’État soudanais d’al-Jazirah. (Crédit : AFP)

Au Darfour, « le conflit a désormais une dimension ethnique », ont averti l’ONU, l’Union africaine et l’Igad, le bloc de l’Afrique de l’Est, « avec des attaques ciblées basées sur l’identité ». Pour l’ONU, les violences commises dans cette région pourraient constituer des « crimes contre l’humanité ».

La guerre a fait au moins « deux millions » de déplacés à l’intérieur du Soudan, selon le Haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, alors que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a dénombré « 550 000 personnes ayant fui vers les pays voisins ».

M. Grandi a plaidé mardi pour que les pays voisins « gardent leurs frontières ouvertes » malgré leurs craintes « sécuritaires », lors d’un entretien avec l’AFP à Nairobi.

Carte région Soudan (Crédit : capture d’écran Google Maps)

« C’est une situation inquiétante avec des pays limitrophes qui sont très fragiles » et une « insécurité qui risque de se répandre », a-t-il dit.

Selon l’ONU, plus de 150 000 personnes ont fui le Darfour vers le Tchad, l’un des pays les moins développés de la planète.

De nombreux Soudanais ont également fui au Soudan du Sud et en Egypte.

Des évacués du Soudan attendent à l’aéroport international de Bagdad le 18 juin 2023. Parmi les 165 évacués figurent « des dizaines de ressortissants syriens et soudanais », a indiqué le ministère irakien des Affaires étrangères. (Crédit : Murtaja LATEEF / AFP)

Lundi, la communauté internationale, réunie à Genève, a promis 1,5 milliard de dollars d’aide, seulement la moitié des besoins avancés par les agences humanitaires.

Plus de la moitié de la population du Soudan, 25 millions de personnes, ont désormais besoin d’aide humanitaire pour survivre, selon l’ONU.

Niveau « honteux »

« Les besoins humanitaires ont atteint des niveaux record alors qu’aucun signe ne permet d’envisager une fin de conflit », a prévenu mardi Eddie Rowe, le directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) au Soudan.

Pour Alexander Kjaerum, du Danish Refugee Council (DRC), le niveau de financement pour l’aide humanitaire au Soudan « est honteux ». Après autant de jours de guerre, « 68 % des fonds pour répondre à la crise ukrainienne étaient réunis », contre seulement 50 % de dons promis pour le Soudan, dit-il.

Sur cette photo du 17 juillet 2019, le général Mohammed Hamdan Daglo signe un document de partage du pouvoir entre le mouvement pro-démocratie du Soudan et le conseil militaire au pouvoir à Khartoum, au Soudan. (Photo AP / Mahmoud Hjaj, File)

Le général Daglo a accusé mardi l’armée « de violations continues » du cessez-le-feu. En retour, l’armée a accusé les FSR d’avoir « rompu la trêve » et fait « 15 morts et des dizaines de blessés civils » à Tawila, au Darfour.

Une source médicale sur place a confirmé à l’AFP ce bilan, rapportant une « attaque des FSR ».

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a dénoncé le « non-respect » du cessez-le-feu lundi, quand des « tirs » ont empêché de « transférer (à l’armée) des soldats blessés » aux mains des paramilitaires. Le CICR n’a pas dit d’où venaient ces tirs.

L’arrivée de la saison des pluies fait de plus craindre des épidémies, souligne le CICR, rappelant que de nombreux habitants sont forcés de boire l’eau insalubre du Nil ou d’autres sources.

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