Soupçonné de l’assassinat de son ex-épouse, un homme obtient la garde de leur fille
Les deux autres filles de Rabab Abu Siyam seront placées par les services sociaux. La mère de la victime, qui s’occupait des trois enfants, regrette la décision du tribunal
Un père soupçonné d’avoir commandité l’assassinat de son ex-femme, abattue devant leurs trois enfants, a obtenu la garde de leur plus jeune enfant, a décidé mardi un tribunal.
Rabab Abu Siyam avait été abattue par balles, à Lod, avec sa fille sur ses genoux, en juillet 2022.
L’affaire avait horrifié les Israéliens et suscité des appels à de meilleurs mesures de protection des femmes.
Au moment des faits, Abu Siyam avait divorcé depuis peu et ses proches assuraient que son ex-mari l’avait menacée à plusieurs reprises, au point qu’elle était partie s’installer dans une autre ville. Le jour de la fusillade qui a coûté la vie à la victime, l’ex-mari se trouvait à l’étranger, mais il a été arrêté à son retour, soupçonné d’avoir commandité le meurtre.
Il a par la suite libéré et a demandé la garde des trois enfants, pris en charge [depuis la mort de leur mère] par leur grand-mère maternelle.
Le tribunal des affaires familiales de Ramle a décidé de confier à la garde du père la cadette, aujourd’hui âgée de 3 ans. Les deux autres filles, âgées de 6 et 11 ans, seront placées dans un refuge d’urgence pour mineurs.
L’audience s’est tenue à huis clos, avec une interdiction de publication des détails de procédure.
La mère d’Abu Siyam, Aminah, a critiqué la décision, déclarant aux médias qu’« un père qui aime ses filles n’aurait jamais permis qu’elles soient placées dans un refuge ».
« J’ai perdu ma fille il y a quelques mois et maintenant mes petites-filles », a-t-elle regretté.
Elle a accusé la police – qui n’a pas encore arrêté les coupables de la fusillade – de ne pas avoir fait son travail, et dénoncé les services sociaux d’avoir rendu « un bien mauvais service aux enfants ».
« Ils les privent de leur famille, de leur maison, des bons petits plats que je leur préparais », a-t-elle déclaré.
La police et les Affaires sociales se sont opposées des mois durant à la remise des enfants au père avant un brutal revirement du ministère des Affaires sociales, a indiqué Walla.
Lundi, une commission chargée de s’assurer du bien-être des enfants s’est réunie à Lod, a rapporté Ynet.
Selon ses sources, les membres de la commission auraient reçu des « informations inexactes » leur donnant à penser que l’enquête de police contre l’ex-mari d’Abu Siyam était close, ce qui les a conduits à recommander que la cadette soit confiée à sa garde.
La commission n’aurait découvert que tardivement que l’enquête de police était toujours en cours.
Abu Siyam se trouvait dans son jardin, rue Ben Yehuda à Lod, lorsque des témoins ont entendu des coups de feu avant de voir un véhicule de couleur blanche quitter précipitamment les lieux.
Ce véhicule a été retrouvé par la police dans une vallée, incendié.
La police avait recommandé à Rabab Abu Siyam de ne pas revenir à Lod sans l’en avertir. On ignore encore à ce stade si l’ex-mari avait été mis en garde ou arrêté par la police.
En octobre dernier, des hommes armés ont criblé de balles le domicile d’Aminah Abu Siyam, sans faire de victimes.
Les militants des droits des femmes plaident pour que soient mises en oeuvre de meilleures mesures de prévention des violences faites aux femmes en Israël, particulièrement dans les cas connus des autorités.