Sous l’ordre d’Yitzhak Yosef, Michael Malkieli retarde la réforme de la casheroute
Le successeur de Matan Kahana signe un décret pour repousser de six mois la privatisation du contrôle de la casheroute, dans le but, à terme, d’annuler la réforme
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Un des premiers actes de la nouvelle coalition est le report, par le ministre des Affaires religieuses Michael Malkieli, de la réforme de la casheroute qui devait entrer en vigueur la semaine prochaine.
La réforme, adoptée en octobre dernier, aurait permis à des organismes privés, qui assurent des services de supervision, de déclarer des commerces « casher » à partir du 1er janvier 2023, ce que, jusqu’à présent, seuls les rabbins approuvés par le Grand Rabbinat peuvent faire.
Au fil des ans, le monopole du rabbinat sur la casheroute a été largement accusé d’être responsable de la corruption, du copinage et des pratiques commerciales malhonnêtes dans l’industrie alimentaire. La réforme du gouvernement précédent visait à remédier à ce problème en ouvrant le champ à la concurrence, de sorte que si un responsable de la casheroute, ou mashgiach, se comportait de manière peu scrupuleuse, un restaurant aurait l’option de se tourner vers une autre personne, au lieu de rester coincé avec la même.
L’annulation de la réforme, qui aurait affaibli le monopole du Grand Rabbinat sur la certification casher, est un objectif prioritaire des politiciens haredi, certains d’entre eux étant étroitement liés aux agences de supervision du Rabbinat.
L’annulation de la réforme de la casheroute, l’une des principales législations avancées par l’ancien ministre des Affaires religieuses Matan Kahana, a été incluse dans les accords de coalition du nouveau gouvernement, mais on ne sait pas encore exactement par quoi elle sera remplacée.
Afin de prévenir l’entrée en vigueur la réforme, Malkieli a utilisé jeudi soir un dispositif d’ajournement prévu par la loi, qui donne au ministre des Affaires religieuses la possibilité de retarder l’application de la loi de six mois, s’il détermine qu’une ou plusieurs municipalités ne sont pas prêtes pour son entrée en vigueur. Cette procédure peut être répétée pendant cinq ans au maximum, ce qui laisse amplement le temps à la coalition d’adopter une nouvelle législation.
Malkieli a signé l’ordre de report de la réforme, la première signature, selon lui, d’un ministre du nouveau gouvernement, en présence du grand rabbin séfarade Yitzhak Yosef, chef spirituel officieux du parti ultra-orthodoxe Shas de Malkieli.
Yosef, qui est l’autorité suprême en matière de casheroute en Israël, a salué la décision de Malkieli de retarder la mise en œuvre de la réforme.
« La majorité du pays pratique la casheroute et veut manger casher [nourriture] et non des aliments douteux, mauvais ou non cashers – Dieu nous en préserve – c’est pourquoi cette question est une priorité », a déclaré Yosef. (Près de deux tiers des Israéliens disent avoir une maison casher, selon les sondages).
Le grand rabbin a également demandé à Malkieli de commencer à désigner des rabbins municipaux, une référence à une autre réforme de Kahana, qui avait fait passer de nouvelles réglementations pour empêcher la corruption rampante répandue dans le système des rabbins municipaux.
D’autres éléments de la réforme resteront toutefois en vigueur en attendant. Tout rabbin municipal peut certifier qu’une entreprise est casher même si elle est située en dehors de sa juridiction, ce qui a pour but de stimuler la concurrence et de briser le monopole qui existait auparavant.
Malkieli a déclaré que son plan consistait d’abord à retarder l’application des nouveaux aspects de la réforme de la casheroute « et ensuite – comme le bon rabbin nous l’a ordonné – à annuler la loi existante, et au nom de Dieu, nous réussirons ».
Un récent sondage de l’Institut israélien de la démocratie a montré que seuls 28 % des Israéliens étaient favorables à l’annulation de la réforme de la casheroute.
Le report de Malkieli a suscité l’ire de deux des organisations qui étaient les plus à même de bénéficier de la nouvelle réforme, Hashgacha Pratit et Tzohar, qui offrent toutes deux une supervision de la casheroute et auraient été en mesure de déclarer des entreprises officiellement « casher » si la règle était entrée en vigueur.
« Il semblerait pour le moment que l’intention du gouvernement soit de restaurer la corruption et le monopole, de renforcer le monopole et la corruption. Mais nous ne voulons pas juger avant de voir les résultats finaux », a déclaré le rabbin David Stav, président de Tzohar.
Le rabbin Aaron Leibowitz, qui a fondé Hashgacha Pratit, a déclaré que son organisation poursuivrait ses activités même si elle ne pouvait toujours pas déclarer publiquement qu’une entreprise était « casher ». « Hashgacha Pratit a commencé avant la réforme », a-t-il dit. » La concurrence existe déjà sur le marché de la casheroute, et aucun politicien ne peut changer cela. «