Soutenu par l’Iran et le Hezbollah, le Hamas serait bien implanté au Liban – experts
Les roquettes, tirées par le groupe terroriste palestinien la semaine dernière, proviendraient d'Iran. Le Hamas dispose-t-il désormais d'une puissance de frappe importante ?

La semaine dernière, une rare attaque à la roquette en provenance du Liban a donné à Israël un aperçu des capacités militaires de la branche libanaise du groupe terroriste palestinien du Hamas.
La salves de roquettes tirée sur le nord d’Israël – apparemment par une branche du Hamas – semblent être d’origine iranienne et pourraient avoir été fournies par l’Iran ou son mandataire, le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, selon les experts.
Le 6 avril, l’armée israélienne a déclaré qu’au moins 36 roquettes avaient été lancées sur Israël depuis le Liban, et que nombre d’entre elles avaient été abattues par le système de défense antiaérienne du Dôme de Fer. Deux personnes ont été légèrement blessées par des éclats d’obus.
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Il s’agit du plus important barrage de roquettes depuis la Seconde guerre du Liban, en 2006. L’État juif a imputé cette attaque aux forces du Hamas, de l’autre côté de la frontière nord, tout en faisant remarquer qu’une telle offensive n’aurait jamais pu avoir lieu sans le soutien des forces terroristes du Hezbollah, implantées sur le territoire libanais.
Un expert en armement occidental bien connu, qui écrit anonymement sur Twitter sous le pseudonyme de Calibre Obscura, et dont les informations ont été citées par The Guardian, l’AFP, et Vice entre autres, a déclaré que les roquettes étaient probablement des variantes iraniennes de projectiles russes et chinois.
Certaines roquettes non tirées ont été trouvées par les forces armées libanaises (FAL) dans les jours qui ont suivi les tirs de barrage. Calibre Obscura les a identifiées comme étant des roquettes de type Grad de 122 mm et des roquettes de 107 mm, avec des portées de tir effectives, respectivement, d’environ 21 et 8 kilomètres.

Les roquettes de type Grad ont été trouvées dans l’ouest du Liban et visaient la Haute Galilée et la Galilée occidentale dans le nord d’Israël, où la majorité des projectiles ont été tirés lors de l’attaque. Calibre Obscura a déclaré que les roquettes correspondaient à des éclats d’obus trouvés dans la ville de Shlomi, dans le nord d’Israël, provenant de l’un des impacts de roquette du barrage principal.
Les Grads et leurs variantes iraniennes ne sont pas nouvelles dans la région et ont été utilisées par le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban. Il s’agit d’armes « basiques, simples et imprécises », a déclaré Calibre Obscura au Times of Israel. Mais en tant que successeur de la Katioucha soviétique, elles sont capables de causer des dommages importants lorsqu’elles sont lancées en barrages massifs.
« En Ukraine, nous les voyons tirées à partir de véhicules de lancement, 40 à la fois. Une salve entière peut en contenir des centaines. Il s’agit essentiellement d’une arme de destruction de zone », a-t-il déclaré, notant que l’ogive pouvait être mortelle même contre des cibles légèrement blindées.
Tsahal a déclaré que deux roquettes avaient également été lancées sur la ville de Metula le 6 avril, les responsables locaux les identifiant comme des roquettes de 107 mm, correspondant aux projectiles et au lanceur trouvés par l’armée libanaise dans la région de Marjayoun.

Dans tous les cas de roquettes iraniennes apparentes trouvées par les FAL, les projectiles semblent avoir été tirés sur Israël à l’aide de lanceurs de fortune et non pas à l’aide du système officiel de lance-roquettes multiples (MRLS) monté sur camion. Toutefois, le fait que plusieurs roquettes qui n’avaient pas été tirées aient été retrouvées par la suite indique que les lanceurs de fortune ne sont pas particulièrement fiables.
« C’est peut-être trop d’efforts que de donner au Hamas un véhicule de lancement complet. S’ils veulent envoyer un message et ne pas causer trop de dégâts, ils peuvent en tirer quelques-uns et les positionner avec une simple application sur smartphone, et les lancer avec une batterie de voiture et quelques fils », a déclaré Calibre Obscura, notant la difficulté pour Israël de localiser un tel site de lancement par rapport au MRLS monté sur camion, qui est beaucoup plus grand.
Israël a lancé un avertissement en 2018 – le Hamas s’est installé au Liban
Le groupe terroriste palestinien du Hamas a discrètement établi une branche libanaise ces dernières années afin d’ouvrir un front supplémentaire contre Israël lors de futurs conflits.
La branche est basée à Tyr, selon un article publié l’année dernière par le journal Yedioth Aharonoth, mais elle semble disposer d’autres avant-postes dans tout le pays.
Le puissant groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, qui exerce un contrôle étroit sur le sud du Liban, dispose d’équipements similaires dans son arsenal, ce qui fait craindre qu’il ait également remis au Hamas certains de ses missiles de précision, qui n’ont pas été utilisés lors du tir de barrage de la semaine dernière.
Un responsable américain a déclaré mardi à Sky News que le Hezbollah avait fourni aux membres du groupe terroriste palestinien du Hamas au Liban des roquettes à longue portée à utiliser contre Israël.
Il ne fait aucun doute pour les responsables militaires et les analystes que le Hezbollah a été impliqué dans une certaine mesure dans les tirs de roquettes de la semaine dernière, car le Hamas n’aurait pas pu mener une telle attaque sans le consentement du groupe libanais. Tsahal cherche à savoir si l’Iran est également impliqué.

Jonathan Schanzer, vice-président de la Foundation for Defense of Democracies, un groupe de réflexion basé à Washington, a déclaré que l’infrastructure militaire du Hamas au Liban avait été rendue publique pour la première fois en 2018 dans une lettre de l’ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies de l’époque, Danny Danon.
« La lettre détaille très clairement ce qu’Israël pensait que le Hamas faisait. Et comme on pouvait s’y attendre, l’ONU n’a rien fait. Et cinq ans plus tard, nous sommes au bord d’une guerre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré au Times of Israel.
La lettre de Danon, datée du 11 mai 2018, stipulait ce qui suit : « Je souhaite attirer votre attention sur le renforcement des liens entre deux organisations terroristes internationalement reconnues, le Hamas et le Hezbollah, le mandataire iranien. Comme je vous en ai informé dans ma lettre envoyée le 27 juin 2017, le Hamas est de connivence avec le Hezbollah et son commanditaire à Téhéran pour étendre ses activités malveillantes au-delà de Gaza, de la Judée et de la Samarie, à des zones situées au Liban. »
« La coopération croissante entre le Hamas, le Hezbollah et l’Iran constitue une menace majeure non seulement pour Israël, mais aussi pour la stabilité et la sécurité de toute la région… elle est dirigée par Saleh al-Arouri, le chef adjoint du Politburo du Hamas basé au Liban », avait écrit Danon en 2018.

« Le Hamas a construit sa propre force militaire secrètement au Liban. Le Hamas a recruté et formé des centaines de combattants, pour la plupart des hommes d’origine palestinienne, et prévoit d’en recruter des milliers d’autres qui constitueront une force qui opérera au nom du Hamas au Liban », a-t-il ajouté.
Le Liban abrite des dizaines de milliers de réfugiés palestiniens et leurs descendants. Nombre d’entre eux vivent dans les 12 camps de réfugiés disséminés dans ce petit pays méditerranéen. En vertu d’un accord de longue date, l’armée libanaise ne pénètre pas dans les camps, laissant la sécurité à l’intérieur aux factions palestiniennes, dont le Hamas.
Al-Arouri, commandant fondateur de la branche militaire du Hamas, est considéré comme responsable des tirs de roquettes effectués depuis le Liban la semaine dernière.
Dimanche, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a rencontré une délégation du Hamas à Beyrouth pour discuter de coopération. La délégation était dirigée par le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, et comprenait al-Arouri.
Après les tirs de roquettes en provenance de Gaza et du Liban, al-Arouri a déclaré que les barrages « prouvaient qu’il y avait quelqu’un qui défendait la mosquée Al-Aqsa » au sommet du mont du Temple dans la Vieille Ville de Jérusalem.
« Les forces de la résistance ont le pouvoir et les moyens de mettre fin à l’agression contre la mosquée et travailleront à sa libération », a-t-il déclaré lors d’un événement à Beyrouth.

Schanzer a déclaré qu’al-Arouri était basé en Turquie à plein temps, jusqu’à ce qu’il soit placé sur une liste des personnes les plus recherchées par les États-Unis, à la suite de la revendication par le Hamas de la responsabilité de l’enlèvement et du meurtre de trois adolescents israéliens en Cisjordanie, qui a déclenché la guerre de Gaza en 2014.
« Cela a finalement conduit à un arrangement étrange où il n’était pas basé en Turquie à plein temps, mais a commencé à faire la navette entre la Turquie et le Liban. Et c’est ainsi que commence l’histoire de l’infrastructure [libanaise] », a déclaré Schanzer, notant que al-Arouri bénéficiait du soutien du Hezbollah et de l’Iran.
« Il n’aurait pas pu le faire sans la connaissance ou l’assistance du Hezbollah. L’Iran a indéniablement fourni le matériel et une partie de l’ingénierie et de la formation nécessaires à la création de cette infrastructure », a-t-il ajouté.
Schanzer estime que la branche libanaise du Hamas pourrait être encore plus puissante que l’organisation principale dans la Bande de Gaza, car l’Iran a un accès beaucoup plus facile au Liban pour transférer des armes et mener des entraînements. De plus, Israël mène rarement des frappes au Liban pour déjouer les tentatives de renforcement des groupes dans ce pays.

« Sur le front de Gaza, Israël est en mesure de détruire un certain nombre de cibles – lorsqu’une roquette est tirée. Ils profitent de ces occasions, mais il n’y a pas de frappe au Liban par crainte d’une confrontation plus large », a-t-il déclaré, faisant référence au Hezbollah.
Le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, soutenu par l’Iran, représente depuis longtemps la menace militaire la plus importante aux frontières d’Israël, avec un arsenal estimé à près de 150 000 roquettes et missiles susceptibles de frapper en tout endroit, en Israël, dont des centaines de missiles guidés.
Selon Schanzer, l’establishment de la Défense israélienne devrait se demander si le Hamas, au Liban, possède des missiles guidés de précision, que le Hezbollah a accumulés et produits en utilisant des pièces importées d’Iran.
« Le Hezbollah a-t-il partagé les missiles guidés de précision avec le Hamas ? Opèrent-ils sur le même théâtre, coopèrent-ils déjà main dans la main, ont-ils le même sponsor, le même fournisseur d’armes? Qu’est-ce qui dit que le Hamas n’a pas déjà acquis ces armes ? »
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