Strasbourg : Un stolpersteine en hommage à Alfred Thimmesch, Juste parmi les nations
La cérémonie était la première du genre en France pour la mémoire d’un Juste parmi les nations

Un stolpersteine a été posé à Strasbourg le 24 avril dernier en hommage à Alfred Thimmesch, Juste parmi les nations. L’évènement était organisé par l’Association Stolpersteine 67.
Plus de 300 personnes selon le CRIF étaient réunies devant l’ancien Hôtel de police de Strasbourg, rue de la Nuée Bleue, pour la cérémonie, première du genre en France pour la mémoire d’un Juste parmi les nations, reconnu comme tel par Yad Vashem en 2009.
Des membres de la famille d’Alfred Thimmesch, venus nombreux de France, de Genève, de Bruxelles, du Luxembourg et d’Allemagne, enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, étaient présents.
Le lieu n’avait pas été choisi par hasard : c’est là qu’avait démarré la carrière de policier d’Alfred Thimmesch en 1923.
Évacué avec sa famille d’Alsace-Lorraine vers le centre de la France – comme la grande majorité des Alsaciens –, il a refusé de retourner à Strasbourg, annexée à l’Allemagne et « nazifiée », après la signature du cessez-le-feu entre la France et l’Allemagne.
Hier, l’association #Stolpersteine67 dont je suis vice-présidente organisait pour la première fois en France un pose de pavé pour un Juste, le policier alsacien Alfred Thimmesch, à Strasbourg, devant le commissariat où il exerçait avant la guerre. https://t.co/erG3XxaIfn
— Audrey Kichelewski (@Odrejka) April 25, 2023
Il a occupé la fonction de secrétaire de police à Périgueux en Dordogne puis à Voiron en Isère et est entré dans l’armée secrète, où il est devenu responsable pour Voiron du groupe « Police » au sein du mouvement de résistance du Noyautage des Administrations Publiques (NAP).
Très actif au sein des Mouvements unis de résistance (MUR), il donnait systématiquement des informations sur les rafles anti-juives et prévenaient les familles sur le point d’être arrêtées en leur fournissant de faux papiers d’identité et des certificats de résidence, de 1942 jusqu’à son arrestation le 15 février 1944 sur dénonciation d’un collègue qui faisait partie de la Milice.
Alfred Thimmesch a d’abord été emprisonné à Grenoble puis interné au Fort de Montluc à Lyon, où il a été soumis à de violents interrogatoires par la Gestapo. Il a ensuite été transféré à Compiègne-Royallieu le 13 mars, d’où il a été déporté vers le camp de concentration de Mauthausen par le convoi du 6 avril. Il a été assassiné le 8 juillet 1944 dans ce camp en Autriche.
« Cette cérémonie a permis de rappeler à tous, jeunes et moins jeunes, le devoir impérieux de nous souvenir, le devoir de mémoire, par l’hommage à un homme courageux, un Juste qui a combattu pour défendre les valeurs républicaines et les Juifs persécutés. Ce projet de Stolpersteine est porteur de sens, en évoquant les victimes de la barbarie nazie dans le quotidien des villes », a écrit le CRIF.
Une rue de Strasbourg portait déjà le nom de Thimmesch.
#devoirdememoire
Pour que jamais ne s'efface le souvenir d'un homme grand, monsieur Alfred Thimmesch, juste parmi les Nations, secrétaire de police, déporté et tué en 1944.
Pour connaitre son histoire cliquez ici : https://t.co/zMtQUAIVxE via @strasmusees https://t.co/C12D0RA9k7— Police Nationale 67 (@PoliceNat67) April 24, 2023
Des poses de pavés de la mémoire sont régulièrement organisées en France, comme partout en Europe.
Créés par l’artiste allemand Gunter Demnig, ils visent à rendre hommage aux personnes mortes dans les camps de concentration nazis. On compte aujourd’hui près de 85 000 pavés recouverts d’une plaque de laiton posés à travers 25 pays d’Europe depuis les années 1990.
Ils viennent rappeler le destin des victimes du nazisme, qu’elles soient Juives, Tziganes, homosexuelles, handicapées ou opposants politiques. Gravés à la main par le sculpteur Michael Friedrichs-Friedlander, ils sont généralement posés devant le dernier domicile des personnes, avant leur expulsion et leur déportation, et citent leurs noms, leur année de naissance, et leur parcours de déportation.
Fin 2020, la mairie de Paris avait refusé la pose de ces petits pavés de la mémoire dans les rues de la capitale, affirmant qu’ils n’étaient « pas adaptés au travail de mémoire parisien ».
En France, on trouve déjà des pavés de la mémoire notamment dans les villes de Strasbourg, Bordeaux, Lille, Orsay ou encore en Vendée.