Sur fond d’attaque iranienne, Tel Aviv annule la Marche des Fiertés
« Il n'y a personne » : avec l'annulation de la marche des Fiertés à cause des tensions avec l'Iran, la Ville Blanche n’est que l'ombre d'elle-même

La municipalité de Tel Aviv a confirmé vendredi matin que la Marche des Fiertés qui devait avoir lieu dans la journée a été annulée après les frappes israéliennes contre des cibles nucléaires et militaires iraniennes, Téhéran devant réagir dans les prochaines heures.
Les oiseaux gazouillaient et les vagues roulaient le long de la promenade à vélo sur la plage de Tel Aviv – bien loin de la foule et des trépidations de la musique attendus pour le défilé des Fiertés, annulé suite à l’attaque israélienne en Iran.
Les employés municipaux transpiraient en démontant les estrades inutilisées, installées le long du parcours du défilé. Installé sur les rochers derrière une scène du parc Charles Clore, qui aurait dû accueillir les plus grandes stars d’Israël, un homme pêchait en silence.
Des dizaines de personnes ont profité de ce calme inespéré pour bronzer, fumer ou jouer au football sur le sable.
D’autres ont afflué vers les quelques restaurants et fleuristes qui ont décidé d’ouvrir leurs portes. La plupart des magasins, surtout les boutiques de vêtements, de bijoux et de livres, semblent fermés.
Les supermarchés, en revanche, sont bondés car les Israéliens font des réserves de produits de première nécessité en cas de long séjour dans leur pièce sécurisée.

La chaîne de supermarchés Carrefour a ouvert ses portes à 6 heures du matin aujourd’hui, soit une heure plus tôt que d’ordinaire, et a accueilli quatre fois plus de clients qu’un jour ordinaire, explique le détaillant qui a fait appel à des renforts de personnel et d’ores et déjà constaté une augmentation des ventes d’eau en bouteille et de produits d’hygiène.
De son côté, le marché en plein air du Carmel, non loin de la plage de Tel Aviv, est loin de la foule du vendredi, marche des Fiertés ou non.
« Il n’y a personne », regrette Victor, propriétaire d’un magasin de fleurs à l’entrée du marché de plein air du Carmel, à deux pas de l’itinéraire prévu pour le défilé.
Dans la perspective du défilé, il avait acheté deux fois plus de fleurs, dit Victor, en riant de l’ironie de la chose.
Victor a accès à une pièce sécurisée sur son lieu de travail. Lorsqu’on lui demande s’il a hésité à venir travailler aujourd’hui, il répond : « Pas une minute. Je suis à mon compte, je n’ai pas le choix. »
La situation tendue en matière de sécurité ne semble pas avoir déclenché la panique dans les rues. On voit en effet des piétons revenir lentement de la plage, s’arrêtant boire une boisson fraîche ou manger un morceau, lorsque c’est possible. Certains s’asseyent et discutent sur des tables de pique-nique devant les kiosques fermés.

Racquel, une touriste chilienne arrivée à Tel Aviv hier, après quelques jours à Jérusalem, parait imperturbable. « Nous savions que nous venions en Israël et qu’il y aurait des problèmes », dit-elle.
Cette marche, la plus importante du genre au Moyen-Orient, devait attirer des milliers de personnes dans cette ville réputée pour son ouverture, notamment l’invitée d’honneur Caitlyn Jenner.
Il s’agissait de la première Pride à Tel Aviv depuis le 7 octobre 2023, date à laquelle des milliers de terroristes dirigés par le Hamas avaient pris d’assaut le sud d’Israël, tuant quelque 1 200 personnes et prenant 251 otages, déclenchant ainsi la guerre à Gaza.