Taekwondo : Kimia Alizadeh s’entraîne aux Pays-Bas après avoir quitté l’Iran
Kimia Alizadeh a critiqué le gouvernement iranien pour son "hypocrisie" sur Instagram ; elle ne sait pas encore quel pays elle représentera lors des prochains jeux
La taekwondoïste Kimia Alizadeh se trouve aux Pays-Bas, où elle s’entraîne en vue des JO 2020 de Tokyo après avoir quitté son pays, a déclaré lundi son nouvel entraîneur.
Seule femme médaillée olympique dans l’histoire du sport iranien, Kimia Alizadeh, qui a annoncé sa défection sur Instagram ce week-end, « s’entraîne avec nous depuis le 18 décembre. Elle est arrivée aux Pays-Bas avec un visa, accompagnée de son mari », a déclaré auprès de l’AFP Mimoun El Boujjoufi, entraîneur de taekwondo à Eindhoven (sud).
La jeune femme de 21 ans s’est exprimée sur son compte Instagram, alors que l’Iran est toujours sous le choc de la catastrophe aérienne du Boeing 737 d’Ukraine International Airlines – abattu mercredi à Téhéran par un tir de missile iranien – dans laquelle ont péri 176 personnes, en majorité iraniennes et canadiennes.
La sportive qui a décroché le bronze aux JO 2016 de Rio, ce qui lui avait valu les éloges de ses compatriotes, dont ceux du président iranien Hassan Rouhani et des conservateurs de la République islamique, a délivré une charge au vitriol contre les autorités de son pays, où le taekwondo est l’un des sports majeurs.
Conformément à la coutume musulmane stricte en Iran, Kimia Alizadeh, alors âgée de 18 ans, a participé à la compétition en portant un foulard sur son uniforme de taekwondo et un équipement de protection.
Elle n’a pas l’intention de combattre sous les couleurs de l’Iran.
Elle a annoncé son départ définitif de l’Iran en invoquant « l’hypocrisie » d’un système qui, selon elle, humiliait les athlètes tout en les utilisant à des fins politiques.
« Dois-je commencer par un bonjour, un au revoir ou des condoléances ? » écrivait-elle sur Instagram alors que l’Iran était sous le choc de la destruction accidentelle d’un avion de ligne ukrainien qui a tué les 176 personnes à bord.
Critiquant le système politique iranien pour « hypocrisie », « mensonge », « injustice » et « flagornerie », elle a déclaré qu’elle ne voulait rien d’autre que « le taekwondo, la sécurité et une vie heureuse et saine ».
Boujjoufi a dit que c’était Alizadeh qui l’avait approché pour rejoindre son équipe.
« Elle est mondialement connue en taekwondo. C’est une grande motivation pour l’équipe. Elle se sent bien ici », a précisé Boujjoufi.
Alizadeh n’a pas l’intention de représenter l’Iran aux Jeux olympiques de Tokyo et cherche un autre pays à représenter.
« Elle va devoir demander l’asile ici, une procédure longue et compliquée, si elle veut représenter les Pays-Bas. Mais elle souhaite d’abord reprendre ses esprits avant de penser à la suite », a déclaré M. El Boujjoufi.
La probabilité qu’elle soit naturalisée néerlandaise avant l’ouverture des JO-2020 (24 juillet-9 août) est pratiquement nulle, mais elle pourrait demander à intégrer l’équipe olympique des réfugiés qui est apparue à Rio, en 2016, pour la première fois à l’instigation du Comité internationale olympique (CIO).
La championne s’entraîne quotidiennement au club Taekwondo Eindhoven, et souhaite rester en retrait de l’attention médiatique.
« Elle a tout quitté et laissé sa famille en Iran. La situation est très difficile pour elle, ça se ressent à l’entraînement. Mais c’est une professionnelle », a souligné l’entraîneur, louant les qualités de la sportive : « Sa taille, son discernement. Et elle est passionnée ».
Alizadeh n’est pas la première athlète iranienne à quitter l’Iran ces derniers mois.
L’année dernière, Saeid Mollaei, le champion du monde des poids lourds en titre, s’est enfui à Berlin après avoir exposé et critiqué la pression exercée par Téhéran sur lui pour qu’il perde délibérément aux championnats du monde à Tokyo l’été dernier afin d’éviter un éventuel combat contre un adversaire israélien.
Mollaei, qui était champion du monde des poids lourds en titre, a ensuite obtenu le statut de réfugié en Allemagne.
La Fédération Internationale de Judo a apporté son soutien à Mollaei, et s’est engagée à l’aider à participer aux Jeux Olympiques d’été 2020 à Tokyo.
L’Iran ne reconnaît pas Israël et les passeports iraniens rappellent aux détenteurs en rouge gras qu’ils « n’ont pas le droit de voyager en Palestine occupée ».
Peu après l’incident, la FIJ a confirmé une interdiction provisoire de l’Iran pour avoir refusé que ses sportifs affrontent les judokas israéliens.