Tensions entre une représentante des juifs britanniques et la Hongrie
Marie van der Zyl avait déclaré que son échange avec le secrétaire d'état hongrois avait été "respectueux et honnête", avant de publier la réponse ultérieure houleuse de Budapest

JTA — La représentante politique des Juifs britanniques, Marie van der Zyl, a eu un échange houleux avec un haut responsable hongrois au sujet de l’antisémitisme dans son pays.
C’est un thème récurrent ces dernières années : beaucoup voient une rhétorique antisémite dans les critiques publiques du milliardaire George Soros par le Premier ministre hongrois Viktor Orban et certains affirment que son gouvernement encourage le révisionnisme de la Shoah. A cela s’ajoute le harcèlement très dérangeant des militants anti-Orban à Budapest et les tentatives du gouvernement de limiter tout discours indépendant dans le pays.
La représentante britannique avait d’abord estimé que la discussion avec le secrétaire d’Etat Vince Szalay-Bobrovniczky s’était bien passée, la qualifiant de « dialogue respectueux et honnête ».
« Nous avons clairement exprimé que s’il pouvait être légitime d’avoir une diversité d’opinions sur les causes soutenues par George Soros, certaines formules utilisées contre M. Soros par le Premier ministre Viktor Orban et d’autres, intentionnellement ou non, relèvent des plus vieilles rhétoriques antisémites et cela doit cesser, » a déclaré dans un communiqué le groupe de van de Zyl, le Conseil des représentants des Juifs britanniques – de loin le groupe national juif le plus engagé internationalement en Europe. « Nous avons dit qu’un test clair de la bonne volonté du gouvernement hongrois sur le sujet de l’histoire de la Shoah sera de savoir si le nouveau musée, la Maison des Destins, obtiendra le soutien de la principale communauté juive de Hongrie ».(Le développement et l’ouverture du musée ont été ralentis par une lutte interne entre les deux principales fédérations juives de Hongrie – l’une disposant de l’approbation du gouvernement d’Orban et l’autre qui a critiqué l’implication de l’historienne de droite Maria Schmidt, accusée de déformer la réalité historique de la Shoah. Le musée doit couvrir la période de 1938 à 1948, mais des lois anti-juives ont été votées dès 1920 en Hongrie).
Mais quelques jours après la publication du communiqué, le dialogue entre Marie van der Zyl et Szalay-Bobrovniczky s’est détérioré par e-mail. Elle a ensuite pris une mesure sans précédent au sein du Conseil des représentants des Juifs britanniques en publiant publiquement l’échange d’e-mails sans la permission du diplomate hongrois.

Dans un de ces e-mails, Szalay-Bobrovniczky estimait « qu’il est trompeur pour vous de dire que nous avons eu une conversation respectueuse et honnête. Vous avez été tout sauf respectueuse et honnête ».
En réponse aux discussions au sujet de la menace de disparition du centre alternatif de communauté juive Aurora, il a dit que le bâtiment n’était pas vraiment un centre communautaire juif et qu’il « n’est pas fermé ». Il a aussi accusé van de Zyl, qui critique ouvertement le Parti travailliste britannique et son problème d’antisémitisme, de vouloir « étouffer » les problèmes du parti.
« Avec tout mon respect, mêlez-vous, s’il vous plaît, de vos affaires et nous ferons de même avec les vôtres, » a écrit Szalay-Bobrovniczky. « Vous n’avez pas le moindre respect pour la Hongrie ».
En réaction, van der Zyl a qualifié l’affirmation sur le Parti travailliste de « bizarre » et a encouragé le responsable hongrois à faire vérifier les faits par son équipe à ce sujet. Elle s’est dit « étonnée et déçue » par sa réponse.
La déclaration d’origine de van der Zyl au sujet de l’échange avec Szalay-Bobrovniczky faisait bien référence à certaines des mesures positives prises par la Hongrie en ce qui concerne la lutte contre l’antisémitisme, comme œuvrer pour l’adoption de la définition de l’Alliance internationale pour la Mémoire de la Shoah pour cette forme de racisme.
Mais le communiqué n’a pas souligné les récents changements dans le code pénal hongrois qui a introduit de nouveaux outils pour punir l’antisémitisme, ou le fait que les attaques violentes sur des Juifs sont beaucoup plus rares en Hongrie qu’au Royaume-Uni. La communauté juive de Hongrie forte de 100 000 membres, donc relativement grande pour l’Europe, est l’une des plus sures du continent, notamment grâce aux efforts du gouvernement pour la protéger.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a également entretenu des relations étroites avec Orban au cours des dernières années, ce qui lui a d’ailleurs valu des critiques.
Dans sa dernière déclaration, van der Zyl a tenté d’apaiser les esprits.
« A nouveau, j’appelle le gouvernement hongrois à prendre en compte nos commentaires clairs mais constructifs, » a-t-elle écrit, « pour s’assurer que la réputation internationale de la Hongrie puisse encore être celle d’un pays qui traite les Juifs hongrois et d’autres minorités avec la même dignité et le même respect que nous devons tous souhaiter pour tout le monde ».