Trump reconnaît Jérusalem, mais son but ultime reste flou
Le président affirme qu'une "nouvelle approche" est nécessaire, alors que tant d’autres ont échoué, mais celle-ci n’apporte aucune proposition de plan de paix et fait passer – au mieux – ce changement dans la politique américaine pour étrange
Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël

WASHINGTON – Quand le président américain Donald Trump a officiellement reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël ce mercredi, il a clairement fait savoir qu’il faisait ainsi car, durant les décennies durant lesquelles l’administration américaine a évité cette « réalité », cette dernière n’est pas parvenue à instaurer la paix.
« Après plus de vingt ans de négociations, nous ne nous sommes pas rapprochés d’un accord de paix durable entre Israël et les Palestiniens. Supposer que répéter exactement le même schéma produirait désormais un résultat différent ou meilleur serait une folie, a-t-il affirmé depuis la Maison Blanche.
Cependant, Trump n’a pas précisé clairement en quoi reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël – et y déménager l’ambassade – pourrait faire avancer la paix.
Bien que Trump ait déclaré que son changement de politique représentait « le début d’une nouvelle approche dans le conflit entre Israël et les Palestiniens » et que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a salué cette décision comme « un pas de plus », la déclaration manquait à la fois de contenu et de forme.
L’ambassadeur Dennis Ross, ancien négociateur de la paix au Moyen-Orient, a déclaré que, si Trump était déterminé à reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, il aurait mieux fait de le faire dans le cadre d’une reprise des négociations de paix actuellement à l’arrêt.
« Il aurait été préférable qu’il le fasse dans le contexte du prochain plan qu’il va certainement présenter », a déclaré Ross au Times of Israel.

« Jared Kushner a précisé dimanche qu’ils allaient présenter un plan et s’attaquer aux principaux problèmes. S’ils avaient commencé par là, peut-être qu’il aurait été plus facile pour les Palestiniens et les Arabes de l’accepter. Ils auraient pu comprendre ce qu’ils pouvaient attendre du plan », a déclaré Ross, se référant aux remarques du gendre et haut conseiller de Trump, qui est intervenu au Forum Saban ce week-end.
« En s’attaquant à une question très sensible, sans grande préparation, ils ont mis [les Palestiniens] sur la défensive. »
En effet, Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, a rapidement réagi au discours en affirmant que la décision de Trump représentait « une déclaration de retrait [des Etats-Unis] dans le rôle qu’elles ont joué dans le processus de paix ».
En anticipant les réactions que pourrait provoquer sa reconnaissance de Jérusalem, Trump a tenté d’apaiser les craintes, déclarant même soutenir une solution à deux Etats, à condition que les deux parties en émettent le souhait.
« Les Etats-Unis restent profondément engagées à parvenir à un accord de paix acceptable pour les deux parties », a déclaré Trump.
David Makovsky, négociateur de paix dans le conflit israélo-palestinien dans l’administration Obama, a jugé qu’il faudrait certainement plus qu’une simple déclaration de Trump afin de reconquérir la confiance du monde arabe.
« Il est très important d’atténuer la violence en demandant aux responsables de la Maison-Blanche d’intervenir via les médias arabes et de préciser qu’il ne s’agit pas là de préjuger de la souveraineté finale sur la ville entière », a déclaré Makovsky.
Ross estime plutôt que, loin d’avoir une réelle idée finale en tête, Trump essayait davantage de se démarquer de ses prédécesseurs.
« C’est comme avec le Plan global d’action conjoint, a déclaré Ross, se référant à l’accord nucléaire iranien. Il [Trump] n’apprécie pas ces négociations. »
En octobre, Trump a « décertifié » l’accord sur le nucléaire : il voulait vérifier auprès du Congrès et en vertu de la loi américaine que Téhéran se conformait bien à l’accord.
« S’occuper de négociations revient à ressembler à tous les autres présidents, a déclaré Ross. Je pense qu’il aime à montrer qu’il n’est pas comme tous les autres présidents. »
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