Tsahal : De « très importants » chefs du Hamas figurent parmi les 650 hommes armés arrêtés à Shifa
De hauts responsables du JIP y ont également été capturés ; L'armée a publié les images d'un tireur du Hamas en train de tendre une embuscade aux soldats à Khan Younès
L’armée a capturé quelque 650 suspects de terrorisme, dont plusieurs
« très importants » chefs du Hamas et du Jihad islamique palestinien (JIP), lors d’une opération qui se poursuit à l’hôpital Shifa, de la ville de Gaza, ont annoncé jeudi l’armée israélienne et l’agence de sécurité Shin Bet, alors qu’au Qatar, se poursuivaient les négociations en vue d’un cessez-le-feu prolongé et d’un accord sur la libération des otages.
Tsahal a confirmé que 358, au moins, de ces détenus étaient membres de groupes terroristes.
Toujours selon Tsahal, des membres du JIP retranchés dans le centre hospitalier se sont rendus, à l’instar de Hussam Salameh, le commandant de l’unité d’observation et de renseignement du JIP dans la ville de Gaza, et de son frère, Wissam Salameh, chef de l’unité de propagande du groupe terroriste dans la ville de Gaza.
Lors d’une conférence de presse en soirée, le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, a parlé d’autres hauts responsables du JIP capturés par les soldats à Shifa, comme le commandant du bataillon Shejaiya, le commandant adjoint de la Brigade du nord de Gaza et celui chargé des tunnels dans le nord de Gaza.
Trois hauts responsables du quartier général du Hamas en Cisjordanie, chargé des attaques contre Israël depuis la Cisjordanie, ont également été capturés à Shifa, a précisé l’armée.
Selon le Shin Bet, il s’agit d’Amr Asida, chef de l’unité de Naplouse, Mahmoud Qawasmeh, l’un des hommes derrière l’enlèvement et la mort de trois adolescents israéliens en 2014 et Hamdallah Hassan Ali, impliqué dans les récentes attaques en Cisjordanie.
Hagari a ajouté que d’autres « très importants » chefs du Hamas avaient été capturés par les soldats à Shifa, mais que leur identité ne pouvait pas être révélée dans l’immédiat, en raison des interrogatoires en cours.
Il a ajouté que des terroristes se trouvaient toujours retranchés dans le service des urgences de Shifa, et que l’armée israélienne procédait à l’évacuation des civils avant de les affronter.
L’opération Shifa, qui en est à son quatrième jour, a commencé au moment-même où Israël envoyait une délégation à Doha pour négocier le cessez-le-feu et la libération des 134 otages détenus à Gaza – pas tous vivants – depuis l’attaque brutale du Hamas le 7 octobre.
Le chef d’état-major de Tsahal, Herzi Halevi, a déclaré jeudi, après un point sur l’opération à Shifa, qu’elle était « déterminante pour faire pression sur le Hamas, très importante pour peser sur les négociations ».
Mardi, le chef du Hamas Ismail Haniyeh a, depuis le Qatar, affirmé que cette opération était une « tentative claire de saper les négociations en cours à Doha ».
Le Hamas accuse Israël d’avoir tué « des dizaines de personnes déplacées, de patients et de membres du personnel de l’hôpital » à Shifa, ce que contredit la déclaration, mercredi, du porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari, à savoir que « jusqu’à présent, aucun civil, médecin, membre de l’équipe médicale n’a été blessé ».
Les suspects de terrorisme interpellés ont été conduits en Israël pour un interrogatoire approfondi par le Shin Bet.
Selon l’armée israélienne, les soldats ont jusqu’à présent tué plus de 140 hommes armés lors de cette opération, qui a commencé tôt lundi et est conduite, notamment, par la 401e brigade blindée et les commandos de Marine Shayetet 13.
Lors de l’opération dans cet hôpital, unique établissement médical encore partiellement ouvert dans le nord de la bande de Gaza, l’armée israélienne revendique la saisie d’armes et de documents « qui justifient la poursuite des combats ».
Selon les autorités militaires, les combats à Shifa devraient durer encore quelques jours jusqu’à ce que tous les terroristes qui s’y trouvent soient capturés ou tués.
Jeudi, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, s’est félicité de l’opération en cours, qui, selon lui, « a surpris les terroristes ».
« Personne ne s’attendait à ce que nous fassions ce que nous avons fait. Nous avons attaqué un endroit qui nous avait pris un mois à approcher, il y a de cela six mois, et cette fois, nous l’avons fait en un claquement de doigts », a déclaré Gallant aux soldats de la 414e unité de collecte de renseignements de combat, ajoutant que les terroristes retranchés à l’hôpital « avaient deux choix : la reddition ou la mort ».
Par ailleurs, dans le sud de Gaza, l’armée israélienne a publié jeudi les images tournées par un drone d’un homme armé du Hamas embusqué dans un bâtiment du complexe résidentiel de Hamad Town, à Khan Younès.
Une fois repéré, l’homme armé a été éliminé par les commandos Egoz, a-t-elle indiqué.
Ces cinq mois de guerre sont synonymes de graves pénuries alimentaires pour les 2,3 millions de Palestiniens de Gaza qui, à certains endroits, souffrent désormais de famine, estiment les Nations Unies.
Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré jeudi que seule la multiplication des points de passage terrestres vers Gaza pourrait prévenir la famine au sein de cette enclave densément peuplée.
Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que les enfants de Gaza mouraient de malnutrition et de maladie, sans parler du manque d’eau et d’assainissement.
« Une fois encore, nous prions Israël d’ouvrir d’autres points de passage et d’accélérer l’entrée et l’acheminement d’eau, de vivres, de fournitures médicales et d’autres colis d’aide humanitaire à l’intérieur de Gaza », a-t-il fait savoir.
Les agences humanitaires de l’ONU estiment que les « obstacles considérables » à l’acheminement de l’aide vers le nord de Gaza ne seront surmontés que par un cessez-le-feu et l’ouverture des points de passage frontaliers fermés par Israël après l’attaque du Hamas le 7 octobre.
Israël assure ne pas limiter l’aide humanitaire autorisée à entrer dans Gaza et attribue la lenteur de l’acheminement de l’aide à un manque de capacité voire à l’inefficacité des agences de l’ONU.
Un responsable israélien a déclaré au Times of Israël que quelque 200 camions d’aide étaient attendus à Gaza jeudi, sans compter les 77 colis d’aide largués par la Jordanie.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, 15 camions remplis d’aide ont quitté le sud de la bande de Gaza pour rallier le nord, plus difficile à approvisionner.
Tedros a déclaré que l’OMS était particulièrement préoccupée par les opérations militaires dans et à proximité du complexe hospitalier Shifa.
« Une mission prévue aujourd’hui à Al Shifa a dû être annulée pour des raisons de sécurité… Une fois de plus, nous demandons que les services de santé soient protégés, pas militarisés. »
Le droit international stipule que, lors d’un conflit, l’utilisation d’un établissement de santé par une partie armée pour des actes belligérants en fait une cible militaire légitime.
La guerre à Gaza a éclaté suite aux massacres du Hamas, le 7 octobre dernier, au cours desquels quelque 3 000 terroristes ont pénétré en Israël par voie terrestre, aérienne et maritime, pour tuer près de 1 200 personnes et faire 253 otages, essentiellement civils.
Dans le but de détruire le Hamas et de récupérer ses otages, Israël a riposté en déclenchant une campagne militaire à grande échelle à Gaza. Le ministère de la Santé dirigé par le Hamas à Gaza a annoncé jeudi la mort de 31 988 personnes, chiffre invérifiable de manière indépendante et qui pourrait comprendre les quelque 13 000 terroristes du Hamas dont Israël revendique la mort lors des combats, sans parler du millier d’hommes armés qu’Israël affirme avoir tué sur son territoire le 7 octobre.
Plus de la moitié des otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, depuis la libération de 105 civils à la faveur d’un cessez-le-feu d’une semaine fin novembre, et de quatre otages, un peu avant. Trois otages ont été sauvés par des soldats, auxquels s’ajoutent les corps de 11 otages, parmi lesquels trois ont été tués par erreur par l’armée.
Sur la foi de nouveaux renseignements obtenus par les soldats déployés à Gaza, Tsahal a confirmé la mort de 33 des personnes encore aux mains du Hamas. Une autre personne est portée disparue depuis le 7 octobre.
Le Hamas détient également la dépouille des soldats israéliens Oron Shaul et Hadar Goldin, morts au combat depuis 2014, sans oublier deux civils israéliens probablement encore en vie – Avera Mengistu et Hisham al-Sayed – entrés dans la bande de Gaza de leur plein gré, respectivement en 2014 et 2015.
Lazar Berman a contribué à cet article.