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Turquie : 7 citoyens arrêtés pour avoir espionné des Palestiniens pour le Mossad

Des détectives privés auraient gardé un œil sur les étudiants et expatriés palestiniens, donnant à l'agence les informations nécessaires pour des "campagnes de diffamation"

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Forces spéciales de la police turque et ambulances sur les lieux d'une attaque à main armée dans une discothèque, à Istanbul, le 1er janvier 2017. (Crédit : Yasin Akgul/AFP)
Forces spéciales de la police turque et ambulances sur les lieux d'une attaque à main armée dans une discothèque, à Istanbul, le 1er janvier 2017. (Crédit : Yasin Akgul/AFP)

La Turquie a arrêté plusieurs citoyens, cette semaine, qui sont soupçonnés d’avoir espionné des Palestiniens dans le pays pour le compte d’Israël, ont fait savoir les médias turcs.

Le Daily Sabah, un quotidien proche du gouvernement, a annoncé mercredi que l’agence de renseignement nationale MIT et la police avaient interpellé 44 individus, et que sept ont été officiellement arrêtés.

Parmi les suspects, un maître de conférence dans une université et un homme qui avait fondé une association pour les détectives privés turcs en 2007 et dont les initiales sont I.Y., a précisé le journal.

Aucun ressortissant israélien n’a été appréhendé dans cette affaire qui survient au moment où les deux pays se rapprochent après une longue période de relations glaciales.

Les autorités ont enquêté sur les suspects – des détectives privés turcs – pour leur surveillance de Palestiniens qui faisaient leurs études en Turquie, notamment dans des secteurs liés à la sécurité et à la fabrication d’armement. Ces suspects auraient transmis des informations à l’agence de renseignement du Mossad.

Selon le Daily Sabah, les suspects ont expliqué aux enquêteurs turcs que les informations fournies avaient permis au Mossad de lancer des campagnes de diffamation sur internet visant les expatriés et les étudiants palestiniens ayant fait l’objet de cette surveillance.

Des manifestants de l’IHH, une organisation pro-islamique turque, aux abords du consulat israélien à Istanbul en soutien aux Palestiniens au cours d’une série de violences à Jérusalem, le 9 mai 2021. (Crédit : AP Photo/Emrah Gurel)

Les autorités sont encore à la recherche de 13 autres suspects.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a refusé de commenter ces informations.

« C’est toute l’ambivalence de ces nouvelles relations », déclare Hay Eytan Cohen Yanarocak, spécialiste de la Turquie au sein de l’Institut de stratégie et de sécurité de Jérusalem. « Tandis que d’un côté, nous voyons des responsables turcs prendre la pose à côté d’officiels israéliens et du drapeau israélien, de l’autre, les arrestations récentes me rappellent les propos récents du ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, qui a dit que la cause palestinienne ne serait pas sacrifiée ».

Pendant l’année qui vient de s’écouler, Çavuşoğlu, un proche du président Recep Tayyip Erdogan, a déclaré de manière répétée que le soutien d’Ankara à un État palestinien ne serait pas affecté par le réchauffement des liens avec Jérusalem.

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, à droite, et le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid s’adressent aux médias après leurs entretiens, à Ankara, en Turquie, le jeudi 23 juin 2022. (Crédit: AP/Burhan Ozbilici)

En mai 2018, la Turquie avait rappelé son ambassadeur et avait demandé à l’envoyé israélien de quitter Ankara pour protester contre la réponse apportée par l’État juif aux émeutes qui avaient alors lieu à la frontière avec Gaza et qui avaient fait des dizaines de morts du côté palestinien.

Au mois d’août, cette année, Israël et la Turquie avaient annoncé une reprise pleine et entière des relations diplomatiques. Le retour des ambassadeurs respectifs des deux pays « est important pour l’amélioration des liens bilatéraux », avait indiqué Çavuşoğlu à ce moment-là, ajoutant que « comme nous l’avons toujours dit, nous continuerons à défendre les droits des Palestiniens ».

« Ce à quoi nous assistons ici, c’est la protection apportée par les autorités turques aux Palestiniens qui vivent sur le territoire », commente Cohen. « Ce qui est un message très clair qui est transmis à Israël : celui que la normalisation ne signifie pas qu’on est en droit d’agir contre les Palestiniens sur le sol turc ».

Un point de friction majeur entre les deux puissances régionales est la présence d’un bureau du Hamas à Istanbul. Ankara insiste sur le fait que le bureau ne s’occupe que d’activités politiques alors qu’Israël accuse le groupe terroriste d’utiliser son bureau en Turquie pour réaliser des attentats. L’État juif a ouvertement demandé sa fermeture.

La chargée d’affaires israélienne en Turquie Irit Lillian (Crédit : ministère des Affaires étrangères)

« Il est encore là et c’est un obstacle énorme à franchir », avait confié Irit Lillian, l’ambassadrice israélienne en Turquie, au mois d’août au Times of Israel .

Au mois d’octobre 2021, le Daily Sabah avait fait état d’une histoire similaire. Une série d’arrestations avait eu lieu suite à une opération de l’agence MIT qui avait impliqué, pendant un an, environ 200 agents des renseignements qui avaient suivi une quinzaine d’espions du Mossad présumés.

Les suspects, qui auraient été d’origine arabe, travaillaient par groupe de trois, avait fait savoir le journal. Certains avaient rencontré des agents du Mossad en Croatie et en Suisse, où des informations avaient été échangées. Ils avaient également reçu des ordres à Bucarest, capitale de la Roumanie, et à Nairobi, au Kenya. Les cinq groupes avaient opéré dans différentes régions du pays, selon le Sabah.

Le député Ram Ben-Barak, ancien directeur-adjoint du Mossad et président de la puissante commission des Affaires étrangères et de la Défense, avait nié à l’époque que les 15 individus étaient au service du Mossad.

Photo floutée de trois des quinze espions du Mossad qui auraient été arrêtés, publiée dans le quotidien turc Sabah. A l’arrière-plan, l des manifestants turcs pro-palestiniens lors d’un rassemblement de protestation à Istanbul, le 9 février 2020. (Capture d’écran : Sabah; AP Photo/Emrah Gurel)

Israël avait été un allié régional de la Turquie de longue date jusqu’en 2010 – l’année d’un raid israélien contre le Mavi Marmara, un navire qui se rendait à Gaza pour tenter de briser le blocus dans le cadre d’une flottille. L’opération avait entraîné la mort de dix activistes turcs qui s’en étaient pris aux soldats israéliens qui étaient montés à bord du bateau.

Malgré les excuses officielles qui avaient été présentées par le Premier ministre de l’époque, Benjamin Netanyahu, Erdogan avait accusé l’État juif de « garder en vie l’esprit de Hitler » pendant l’opération Bordure protectrice qui avait eu lieu au mois de juillet 2014.

En dépit d’une légère amélioration des relations entre les deux pays, ces derniers avaient retiré leurs ambassadeurs respectifs quand Erdogan avait accusé Israël « de terrorisme d’État » et de « génocide » lors des émeutes à la frontière de Gaza, le 14 mai 2018 – au lendemain du transfert controversé par le président américain Donald Trump de l’ambassade des États-Unis, qui avait été relocalisée de Tel Aviv à Jérusalem.

Dans un contexte laissant penser que le président Erdogan cherchait à améliorer ses liens avec Israël, le président Isaac Herzog était allé à Ankara lors d’une visite officielle au mois de mars et il avait été accueilli dans la capitale en grande pompe et par un cortège militaire.

Il est probable qu’Erdogan tente actuellement de renouer des relations avec l’État juif pour briser son isolement politique et économique croissant. La devise turque s’est effondrée ces dernières années, entraînant des difficultés économiques dans un pays qui connaîtra des élections en 2023.

Les autorités turques arrêtent une cellule iranienne présumée qui cherchait à cibler des Israéliens à Istanbul, le 23 juin 2022. (Crédit: Capture d’écran/CNN Turquie)

La reprise de la coordination entre Israël et la Turquie avait été aussi visible lorsque les forces de sécurité des deux pays avaient travaillé de concert pour empêcher un complot d’assassinat ourdi par l’Iran sur le sol turc, au mois de juillet. Les forces turques avaient traqué et arrêté les agents iraniens qui tentaient alors de kidnapper ou de tuer des touristes israéliens à Istanbul, une attaque de représailles suite à l’assassinat présumé par l’État juif d’un haut-responsable militaire iranien au mois de mai.

Erdogan pourrait aussi utiliser cette reprise des relations comme tremplin dans sa tentative de développement d’un gazoduc. Dans ce contexte, Israël pourrait envoyer directement du gaz en Turquie dans le cadre d’une tentative, par la Turquie, de réduire sa dépendance au gaz russe.

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