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Ukraine : Les Juifs se rendant à Ouman entreront sans encombre dans le pays

Suite à l'appel entre Benjamin Netanyahu et Volodymyr Zelensky, Michael Brodsky a reçu la confirmation que les pèlerins pourront accéder librement à la tombe du Rabbi de Breslev

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Des hommes juifs dans la rue près de la tombe de Rabbi Nahman de Breslev à Ouman, la veille de Rosh HaShana, le 25 septembre 2022. (Crédit : Flash90)
Des hommes juifs dans la rue près de la tombe de Rabbi Nahman de Breslev à Ouman, la veille de Rosh HaShana, le 25 septembre 2022. (Crédit : Flash90)

L’ambassadeur d’Israël à Kiev, Michael Brodsky, s’est entretenu vendredi avec le chef du contrôle des frontières de l’Ukraine, a déclaré une source diplomatique samedi au Times of Israel.

Ils ont eu une conversation positive, les Ukrainiens déclarant qu’ils feraient tout ce qui est en leur pouvoir pour assurer une entrée en douceur des pèlerins juifs à Ouman pour la fête de Rosh HaShana la semaine prochaine. Ils se sont également engagés à maintenir les frontières ouvertes vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Cet appel téléphonique faisait suite à une conversation qui avait eu lieu la veille entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Au cours de cette conversation, Zelensky a demandé l’envoi de 100 policiers israéliens à Ouman. La police doit se réunir dimanche pour décider du nombre d’agents à envoyer.

Selon le Bureau du Premier ministre, les deux hommes ont parlé de l’aide apportée par Israël à l’Ukraine et du système d’alerte civile que l’État juif est en train de mettre au point pour le pays qui a été envahi par la Russie.

La livraison du système, qui avait été promis par le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen, a progressé plus lentement que Kiev l’aurait voulu. Il pourrait être initialement déployé, au mieux, au mois d’octobre.

Illustration : Un militaire ukrainien du Service des gardes-frontières occupant un poste à Bakhmut face à l’envahisseur russe, le 9 février 2023. (Crédit : Yasuyoshi Chiba/AFP)

Netanyahu avait également évoqué l’importance de permettre aux pèlerins juifs désireux d’aller à Ouman pour la fête de Rosh HaShana de se rendre dans la ville pour aller prier sur la tombe du rabbin Nachman de Breslev, un leader hassidique vénéré mort en 1810. Des dizaines de milliers de fidèles devraient faire le déplacement jusqu’à Ouman.

Netanyahu et Zelensky s’étaient entretenus pour la dernière fois à la fin du mois de décembre, alors que Netanyahu reprenait les rênes du pays.

Les mises en garde aux voyageurs du ministère des Affaires étrangères israélien, qui déconseillent aux citoyens d’aller en Ukraine, sont toujours en vigueur.

Mais aucune décision définitive n’a été prise concernant la politique de l’Ukraine à l’égard des pèlerins.

Illustration : Des fidèles sur la tombe du Rabbi Nachman, à Ouman, en Ukraine. (Crédit : Nahoumsabban/CC BY-SA/Wikimedia Commons)

Quelques heures avant l’appel téléphonique entre les deux hauts-responsables, l’Ukraine avait critiqué Israël pour la signature d’un accord sur le cinéma qui avait été signé la veille avec la Russie, accusant Jérusalem de « collaboration » et d’aider Moscou à répandre sa propagande.

Au mois d’août, les autorités israéliennes avaient balayé d’un revers de main ce qui ressemblait à une menace formulée par l’ambassadeur ukrainien en Israël qui avait déclaré que Kiev pourrait fermer ses frontières aux pèlerins israéliens se rendant à Ouman en représailles à l’expulsion d’Ukrainiens au sein de l’État juif. Ils avaient estimé que cette menace était sans fondement.

Ces expulsions concernaient, non pas les réfugiés, mais les Ukrainiens venant dans le pays avec un visa de tourisme – lorsqu’Israël soupçonnait qu’ils pouvaient chercher à rester ou à trouver un travail au noir.

« Il n’y a aucun fondement aux menaces proférées par l’ambassadeur d’Ukraine en Israël au sujet de la fermeture des frontières de l’Ukraine avant le pèlerinage d’Ouman à Rosh Hashana », avait déclaré une source diplomatique non-identifiée, des propos qui avaient été repris par le site d’information Ynet. « Des supérieurs de l’ambassadeur, au sein du gouvernement ukrainien, l’ont dit très clairement aux officiels israéliens. »

Toutefois, un responsable ukrainien avait indiqué au Times of Israel que certains, à Kiev, prônaient une réponse plus agressive à l’égard de l’État juif.

Il avait ajouté que la déclaration faite par le ministre de l’Intérieur et de la Santé, Moshe Arbel (Shas), qui a indiqué que les Ukrainiens seraient protégés, aiderait à apaiser les officiels ukrainiens désireux d’adopter certaines mesures de rétorsion à l’égard d’Israël.

En réponse, Arbel avait nié tout mauvais traitement des Ukrainiens sur le sol israélien.

« La politique d’immigration en Israël salue avec bonheur l’arrivée de touristes du monde entier, et les Ukrainiens en font partie », avait-il expliqué dans un communiqué. « Dans les cas où il y a des soupçons portant sur un éventuel usage d’un visa touristique pour s’établir ou pour travailler illégalement dans le pays, l’Autorité de la population, de l’immigration et des frontières intervient et agit conformément au mandat qui est le sien ».

Des pèlerins juifs hassidiques se rassemblant devant les gardes-frontières ukrainiens au point de contrôle de Novaya Guta, près de Novaya Guta, en Biélorussie, le 18 septembre 2020. (Crédit : AP Photo)

Il avait fait remarquer que l’État juif avait envoyé des médicaments à l’Ukraine et que son ministère continuait à coopérer avec Kiev dans le secteur de la santé.

Dans le cadre d’un accord bilatéral, les Ukrainiens peuvent entrer sur le territoire israélien et y rester pendant trois mois. En raison de la guerre qui ravage actuellement le pays, Israël a décidé de prolonger les visas de trois mois des réfugiés non-juifs ; une limite qui avait été fixée sur le nombre de ressortissants ukrainiens autorisés à entrer avait été rejetée par la Haute-cour. Les Ukrainiens d’origine juive ont le droit automatique de devenir citoyens d’Israël, conformément aux dispositions de la Loi du Retour.

Selon les données transmises par l’ambassade ukrainienne, dans les six premiers mois de 2023, Israël a expulsé 2 037 citoyens ukrainiens contre 2 075 pour toute l’année 2022, a annoncé le site d’information Ynet.

Mercredi également, l’ambassade américaine de Jérusalem a partagé un message du département d’État américain déconseillant aux citoyens des États-Unis de se rendre à Ouman – une ville qui, a-t-il dit, « a connu de multiples attaques russes – au mois de juin encore ».

Cette mise en garde aux voyageurs du Département d’État, qui concerne toute l’Ukraine, est de niveau 4 : Ne pas voyager.

« Le Département d’État recommande aux citoyens américains de ne pas se rendre en Ukraine », dit l’avertissement. « Cette recommandation s’applique également aux citoyens américains qui envisagent de se rendre à Ouman pour Rosh HaShana, à l’occasion du pèlerinage sur la tombe du rabbin Nachman. »

« L’ambassade américaine de Kiev continue ses activités avec un personnel réduit et elle n’a que des capacités limitées s’agissant de venir en aide aux citoyens américains en Ukraine », précise le message.

Ouman se situe à 200 kilomètres au sud de la capitale de Kiev et attire des milliers de pèlerins à l’occasion de Rosh HaShana, la nouvelle année juive.

Illustration : Des pèlerins juifs en Biélorussie, à la frontière fermée de l’Ukraine, essayant de se rendre à Ouman, le 15 septembre 2020. (Crédit :Shahar Eliyahu)

Malgré les mises en garde émises en direction des voyageurs, l’année dernière, plus de 20 000 Israéliens avaient fait le déplacement pour le Nouvel An juif.

Des mises en garde qui sont encore en vigueur mais qui ne devraient pas décourager les fidèles.

En 2020, au plus fort de la pandémie de COVID-19, Kiev avait fermé ses frontières au mois de septembre pour éviter une épidémie en amont de Rosh HaShana. Des milliers de pèlerins s’étaient rendus en Biélorussie, un pays voisin, pour tenter de traverser la frontière vers l’Ukraine. Ils avaient été bloqués par les autorités.

Kiev et Jérusalem ont aussi connu des tensions avec la politique mise en œuvre par l’État juif pour soutenir l’Ukraine et acheminer des aides. Même si le pays a fourni de l’aide humanitaire au pays assiégé et qu’il travaille également sur le système d’alerte anticipé qui préviendrait les Ukrainiens en amont des tirs de roquette russes, Israël a refusé de livrer des armes à l’Ukraine – même à des fins exclusivement défensives, comme avec des systèmes d’interception de missile. Une politique qui a été largement considérée comme une manière de ne pas froisser Moscou. La Russie contrôle actuellement une grande partie de l’espace aérien en Syrie, et Israël veut conserver une liberté d’action dans le ciel syrien de manière à empêcher l’Iran et ses groupes mandataires d’ancrer leur présence sur ce territoire.

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