Un administrateur de Brown démissionne pour protester le vote sur le désinvestissement
Joseph Edelman, qui aurait mal compris la décision selon Brown, dénonce « l'échec de leadership moral » de l’université qui a accédé à la demande des étudiants anti-Israël
JTA – Un membre juif du conseil d’administration de l’Université Brown a démissionné de ses fonctions pour protester contre un vote prévu le mois prochain pour déterminer si l’école doit cesser toute participation dans des entreprises liées à Israël.
Joseph Edelman, un gestionnaire de fonds spéculatifs new-yorkais, a qualifié la décision d’organiser un tel vote « d’échec retentissant de leadership moral » dans sa lettre de démission, dont il a publié une version dans le Wall Street Journal dimanche. Edelman y explique que le vote sur le désinvestissement, convenu dans le cadre d’un accord avec des étudiants activistes pro-palestiniens, représente une concession inacceptable à des forces qui appellent à la destruction d’Israël et qui sont responsables de la montée de l’antisémitisme sur le campus.
« L’administration de l’université a, pour une raison quelconque, choisi de récompenser, plutôt que de punir, les militants qui ont perturbé les activités de l’université, violé les règles institutionnelles et encouragé la violence et l’antisémitisme à Brown », a écrit Edelman.
Le cabinet Edelman n’a pas répondu à une demande de commentaire.
Un porte-parole de Brown a estimé qu’Edelman avait « mal compris » le raisonnement de l’école, dans sa décision d’organiser un vote au mois d’octobre.
« Loin d’être une réponse directe à l’activisme actuel, Brown applique une procédure établie depuis près d’un demi-siècle », a assuré le porte-parole Brian Clark à Bloomberg News. « Cette procédure de longue date repose sur le principe selon lequel Brown a l’obligation d’examiner et d’enquêter sur les allégations mettant en cause sa responsabilité morale. »
L’université Brown a été l’un des nombreux établissements à avoir été le théâtre de manifestations pro-palestiniennes au cours du dernier semestre de l’année universitaire passée. La police a démantelé des campements dans de nombreuses autres universités, mais à Brown, où les administrateurs ont négocié avec les militants étudiants, les choses ont pris une tournure différente : en échange du démantèlement pacifique du campement, l’université a accepté un vote sur le désinvestissement par son organe directeur, la Brown Corporation.
Contrairement à de nombreux autres activistes universitaires qui ont appelé à un boycott et à un désinvestissement total d’Israël, les étudiants de Brown ont proposé un désinvestissement plus limité, visant les entreprises ayant des liens avec les forces de sécurité israéliennes.
Edelman, dont la fortune est estimée par Forbes à 2,5 milliards de dollars, a fait don de plus de 5 millions de dollars à l’université par l’intermédiaire de sa fondation familiale, selon des documents fiscaux publics. La fondation a également fait des dons importants à de nombreuses causes conservatrices, dont le Tikvah Fund, un groupe de réflexion juif de droite.
Sa réprimande de Brown est la dernière en date de la part de donateurs institutionnels qui ont protesté publiquement contre la gestion par les administrateurs des tensions au sein des universités liées à la guerre entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas, et ont dénoncé le climat hostile qui règne dans les universités. D’autres donateurs ont annulé ou retenu des contributions importantes. Robert Kraft, par exemple, a suspendu ses dons à l’université de Columbia avant d’annoncer un don d’un million de dollars à la Yeshiva University, une institution juive orthodoxe, pour aider les étudiants à s’inscrire.
Les manifestations contre la guerre à Gaza ont repris dans les universités du pays au début de l’année universitaire, l’université Brown ayant fait l’objet de menaces en raison du vote prévu. Le mois dernier, les procureurs généraux de 24 États ont averti la faculté qu’une décision de « se désinvestir d’Israël » entraînerait des poursuites judiciaires et d’éventuelles pénalités financières qui pourraient mettre en péril l’établissement et sa dotation d’environ 6 milliards de dollars.
Les universités résistent depuis des dizaines d’années aux efforts des activistes alignés sur le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël.
Le rabbin Josh Bolton, directeur du centre Hillel de Brown, a confié au début de l’année à la Jewish Telegraphic Agency qu’il était persuadé que le conseil d’administration voterait contre le désinvestissement.
« Brown ne va pas se désinvestir d’Israël. Brown n’a jamais eu l’intention de se désinvestir d’Israël », a-t-il déclaré au printemps.