Un ancien ministre critique la « propagande goebbelsienne » d’Israël
Le peuple israélien a été endoctriné par le gouvernement, estime Ephraim Sneh
Les critiques du gouvernement contre le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, visant à faire croire qu’il n’y a pas de partenaire pour la paix du côté palestinien, sont un
« lavage de cerveau », a accusé l’ancien ministre-adjoint de la Défense Ephraim Sneh, dans une interview publiée ce week-end.
« Le public israélien a subi un lavage de cerveau au cours des dernières années, de sorte que même si Abbas dit quelque chose de bien, personne ne l’écoute », a affirmé Sneh au site Al-Monitor.
« À mon avis, cela tient plus de l’échec de l’opposition que de la réussite du gouvernement. Je vais dire quelque chose de très sévère, et je me moque d’être attaqué pour ça : la propagande et le lavage de cerveau que le public israélien a subis sur la question palestinienne sont d’essence ‘goebbelsienne’. C’est de la propagande goebbelsienne », a estimé Sneh, un ancien général de brigade de l’armée israélienne, deux fois ministre du Travail, faisant référence au tristement célèbre ministre nazi de la Propagande.
Plusieurs ministres israéliens de droite ont accusé Abbas de défendre le terrorisme et d’être antisémite. En janvier, le ministre des Affaires stratégiques Yuval Steinitz a déclaré à Tel Aviv devant un groupe de réflexion sur la sécurité nationale que « si Abou Mazen (Abbas) ne finance pas le terrorisme, lui qui était négationniste dans sa jeunesse nie aujourd’hui l’existence même du peuple juif et son droit à un Etat. »
Steinitz faisait probablement référence à la thèse de doctorat d’Abbas, écrite au début des années 1980, qui remettait en cause le nombre de victimes juives ayant péri pendant la Shoah et dont l’intitulé était « La relation secrète entre les nazis et les dirigeants du mouvement
sioniste. »
« Nous ne devons pas nous tromper », a déclaré Steinitz. « Il n’y a pas de processus de paix. Il s’agit d’un processus diplomatique… Il a quelques chances de réussir, il a une signification, mais à mon grand regret, nous ne voyons pas même les moindres signes que l’autre camp, et la direction palestinienne, ont vraiment l’intention de faire la paix. »
Samedi, lors d’un discours devant le Conseil central de l’OLP, Mahmoud Abbas a réitéré les demandes palestiniennes pour poursuivre les négociations : le gel de la construction de colonies, la libération des terroristes palestiniens emprisonnés et l’engagement des discussions avec un débat sur les frontières du futur Etat palestinien – ce qui a conduit un responsable israélien à accuser le dirigeant palestinien d’avoir « administré le coup de grâce au processus de paix. »
Ces déclarations, présentées par des personnalités telles que le ministre de l’Economie Naftali Bennett, le ministre de la Défense Moshe Yaalon et leurs proches, conduisent les Israéliens au « désespoir », décrit Sneh.
Mais en réalité, poursuit-il, « la situation est à l’opposé de ce qui est présenté par la propagande israélienne… Comme nous le savons, c’est Abbas qui, lors la seconde Intifada, s’est exprimé avec beaucoup de courage contre la violence et contre [le dirigeant palestinien Yasser] Arafat. Il s’est toujours opposé à la violence. Mais à l’instant même où le public entend ce genre de mensonges, ils se diffusent dans la société. »
Abbas « veut profondément parvenir à un accord parce qu’il est dans une position idéale pour le faire. Le Hamas est aujourd’hui le principal ennemi de l’Egypte, de la Jordanie, de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. La Syrie est déchirée par une guerre terrible et le Hamas en a été expulsé. Il s’agit d’une situation idéale. Contrairement à la façon dont il est dépeint, Abbas n’est pas faible. »
Sneh critique toutefois Abbas pour l’accord de réconciliation Fatah-Hamas annoncé mercredi dernier, qui a conduit Israël à geler les négociations, qualifiant l’annonce surprise palestinienne de « stupide mesure de confrontation.»
« Cela apaise sa rue, et je peux le comprendre. Mais que va-t-il se passer entretemps ? D’une part, il n’y aura pas de réconciliation – et Bibi [Netanyahu] le sait très bien – et d’autre part, Abbas lui donne l’excuse qu’il cherchait », juge l’ancien ministre.
« Ce rapprochement est sans importance, et les experts le savent. Alors que l’Egypte a désigné le Hamas comme une organisation terroriste, Abbas est le seul à avoir ramassé [le Premier ministre du Hamas] Ismaël Haniyeh et [le chef du bureau politique du Hamas] Khaled Mechaal », affirme Sneh à Al-Monitor.