« Un antisémitisme de gauche à combattre » en France, dit le député Mathieu Lefèvre
Plus tôt ce mois-ci, sa collègue députée Caroline Yadan avait suggéré de dissoudre LFI, sur le modèle de la procédure de dissolution engagée contre Civitas pour antisémitisme
Mathieu Lefèvre, député Renaissance de la 5e circonscription du Val-de-Marne, a déclaré vendredi sur l’antenne d’Europe 1 qu’il y avait en France « un antisémitisme de gauche et d’extrême gauche qu’il faut combattre ».
Plus tôt ce mois-ci, sa collègue députée Caroline Yadan (Renaissance) avait suggéré de dissoudre La France insoumise, sur le modèle de la procédure de dissolution engagée contre l’organisation Civitas pour antisémitisme. Mathieu Lefèvre a lui estimé qu’il fallait respecter les choix des électeurs, tout en jugeant une perte des valeurs républicaines au sein de LFI.
« Les électeurs ont fait le choix de passer la France insoumise comme groupe parlementaire important. En revanche, je pense qu’il n’y a plus rien de républicain dans la France insoumise. Cette invitation [de Caroline Yadan] fait suite à d’autres actes antisémites et qui ne sont pas le fruit du hasard comme le tweet de Mathilde Panot sur le Vel’ d’Hiv’ ou encore le soutien à l’assassin du grand rabbin d’Israël [Salah Hamouri, accusé par un tribunal militaire israélien d’avoir voulu assassiner le rabbin Ovadia Yosef] », a-t-il déclaré.
« Trop de coïncidences ne forment plus de coïncidences. Il y a un antisémitisme de gauche et d’extrême gauche qu’il faut combattre dans notre pays. Si je respecte le choix des électeurs, je ferai tout pour combattre l’extrême gauche et singulièrement la France insoumise et ces dérives », a-t-il ajouté.
Ces déclarations, de Mathieu Lefèvre et de Caroline Yadan, surviennent en pleine polémique sur la venue du rappeur Médine, accusé d’antisémitisme, aux journées d’été des Verts et de La France insoumise.
Marine Tondelier, chef de file écologiste, a souhaité vendredi que la polémique sur la venue du rappeur Médine aux journées d’été d’EELV au Havre « serve au moins à faire en sorte de faire reculer l’antisémitisme » en France.
« Je serai extrêmement attentive à ce que Médine dira le 24 (août) et à ce qu’il dira tous les jours qui suivront », a assuré la responsable écologiste sur France Inter, à propos de « l’explication de texte » à laquelle le rappeur est invité.
Le rappeur a publié la semaine dernière sur le réseau X un post antisémite à l’encontre de l’essayiste Rachel Khan, juive et petite-fille de déporté, traitant celle-ci de « resKHANpée ». Suite au tollé, il s’est ensuite excusé.
Après ce post « sans aucune ambigüité de nature antisémite », le ministre de l’Industrie Roland Lescure a annulé sa venue aux journées d’été d’EELV.
Plusieurs voix se sont élevées au sein même du camp écologiste, comme celle de Noël Mamère qui a regretté sur France Inter que le parti soit « en train de prêter le flanc à tous ceux qui nous haïssent et qui depuis quelques jours, nous traitent d’islamo-gauchistes ».
« On n’invite pas quelqu’un qui n’a qu’une audience relative en tant que rappeur, mais qui a par contre une audience disproportionnée en tant que vecteur du confusionnisme politique qui sévit dans la période », a pour sa part affirmé l’eurodéputée verte Karima Delli.
Rappelant l’existence au sein d’EELV d’un groupe de travail sur l’antisémitisme, Marine Tondelier a précisé « qu’il faut le condamner et le combattre partout et tout le temps ».
Elle a évoqué un « antisémitisme insidieux », exercé par des personnes « qui ne prennent pas conscience de la portée de leurs propos ». « Ça peut être par maladresse, ça peut être par mimétisme, ça peut être par manque de culture sur le sujet, par manque de formation, par bêtise, aussi par ignorance »…, a-t-elle développé, concluant : « pour moi, Médine est dans ce cas-là. »
Selon elle, le rappeur a été « capable d’expliquer qu’il ressentait comme rappeur racisé, élevé dans les quartiers populaires du Havre (…), une convergence d’oppressions avec des personnes victimes d’homophobie ».
« Je veux qu’il soit capable de le dire aussi sur l’antisémitisme et je veux que chacun se rende compte de l’impact que ça aurait s’il était capable de le faire », a-t-elle espéré.
De son côté, la députée écologiste Sandrine Rousseau a souhaité vendredi que le rappeur « reconnaisse le caractère antisémite » de son tweet avant son intervention aux journées d’été d’EELV au Havre.
« Ce tweet est antisémite, ça ne fait pas l’ombre d’un doute » et « il aurait dû le reconnaître », a déclaré Mme Rousseau à l’AFP, soulignant que « l’antisémitisme n’est pas une opinion, c’est un délit, il n’y a pas à tortiller là-dessus ».
Sans demander la déprogrammation du rappeur, elle a estimé « qu’il y a quand même une condition pour qu’il s’exprime, c’est qu’il reconnaisse que c’était un délit », ou à tout le moins « une faute », se disant « pas à l’aise tant que les mots corrects ne sont pas posés ».
« Ça permettrait de retomber sur un débat un peu plus sain », a-t-elle ajouté, tout en redoutant que « les journées d’été soient réduites à ça », d’autant plus que Médine avait été « invité au départ pour parler de la lutte contre l’extrême droite ».
Critiquant à demi-mots les organisateurs de l’événement, Mme Rousseau a jugé que « sa venue aurait dû être mieux préparée » et déploré « qu’on (ait) tous été mis devant le fait accompli ».
Outre cette récente polémique, la NUPES et la France insoumise, et leur chef de file Jean-Luc Mélenchon, sont régulièrement accusés d’antisémitisme.