Un centre de rééducation pour handicapés s’installe dans le désert du Néguev
Le centre répondra aux besoins des résidents du sud d'Israël qui nécessitent des soins après un accident, des blessures, un accident vasculaire cérébral ou une attaque terroriste

Dans l’aride désert du Néguev, dans la ville d’Ofakim, se trouve une oasis où de l’eau chatouille des galets, des parcelles de pelouse et des sentiers, des jardins japonais suspendus et un lotissement de bâtiments peu élevés. C’est le centre ALEH Negev-Nahalat Eran 2007, qui propose des services thérapeutiques, médicaux et éducatifs pour les enfants et les adultes présentant des déficiences physiques et mentales graves.
Le centre est né de la vision et de la détermination du général de division Doron Almog, l’une des figures les plus éminentes de l’armée israélienne. Il a en effet participé à l’effort de sauvetage des otages israéliens à Entebbe en 1976, et, pendant les années qui ont suivi, a dirigé le commandement du Sud et déjoué de nombreuses tentatives d’attentats contre Israël.
Son fils Eran, nommé d’après le frère d’Almog tombé au combat pendant la guerre de Kippour, a été diagnostiqué avec un autisme sévère et des troubles du développement. C’est ce qui l’a encouragé à créer ALEH Negev, pour répondre aux besoins des personnes comme son fils, décédé il y a 12 ans, à l’âge de 23 ans.
« Mon fils Eran a été la raison à l’origine de la création de ce village, pour les gens comme lui, avec de graves déficiences », expliquait Doron Almog durant une visite du village le mois dernier, pour marquer le progrès d’une nouvelle initiative : un centre de rééducation, le premier dans le sud d’Israël.

« Eran était un enseignant pour moi, il m’a tout appris… son parcours et le nôtre nous ont conduit jusqu’à ce jour », a confié Doron Almog, d’une voix mélancolique.
Le nouvel hôpital – le deuxième construit en Israël ces 50 dernières années – est désormais relié au village. Il répondra aux besoins des centaines de résidents du sud qui devaient, jusqu’alors, se rendre jusqu’à Tel Aviv pour suivre un programme de rééducation après des accidents, des blessures, des AVC ou des attaques terroristes. L’hôpital prendra également en charge les soldats stationnés à Gaza qui nécessitent de tels soins.
Cette initiative était nécessaire pour le paysage hospitalier israélien, qui souffre d’une sévère pénurie de lits, notamment dans les centres de réadaptation.
Dans l’ensemble, Israël ne compte que 847 lits au sein de ce type de structures, selon les données fournies par ALEH Negev.
« C’est un projet national d’envergure qui apportera une solution satisfaisante aux résidents du sud, qui sont contraints de faire le trajet jusqu’au centre du pays pour suivre une rééducation », a fait savoir Doron Almog.

L’hôpital a été construit avec un budget de 300 millions de shekels (75 millions d’euros), financé, pour moitié, grâce à des dons, et le gouvernement financera l’autre moitié. Le Jewish National Fund USA est l’un des partenaires du projet et lève des fonds auprès de mécènes.
Le complexe comptera 108 lits, des services d’orthopédie, de neurologie, de physiothérapie, d’ergothérapie, un centre sportif, d’infrastructures pour les patients en ambulatoire et les visiteurs et un centre de recherche et de formation. En cas d’urgence, les patients pourront être transportés dans un espace en béton armé et protégé.

Le docteur Itzhak Siev-Nier, chef du département de Rééducation au ministère de la Santé qui dirige ce nouveau projet au nom du gouvernement, a déclaré lors de la conférence organisée à ALEH Negev que le taux de remplissage des centres de réadaptation dans le pays est de 108 %, contre 98 % dans les hôpitaux généraux et 75 % dans les pays de l’OCDE. La durée d’hospitalisation moyenne pour un patient dans ce type de centres est de 38,5 jours.
Le nombre de lits pouvant accueillir des patients en rééducation est de 0,1 lit pour 1 000 citoyens, et Tel Aviv compte 0,22 lits pour 1 000 citoyens.
Israël souffre également d’une sévère pénurie de médecins et d’infirmiers en centres de réadaptation, et de professionnels de santé, notamment des physiothérapeutes, ergothérapeutes et orthophonistes, d’après Siev-Ner.
Le nombre de médecins spécialisés en rééducation en Israël est inférieur de 50 % à la moyenne de l’OCDE, et le nombre de médecins dans le sud-est le plus bas du pays, a-t-il dit.

Le nouvel hôpital « changera la donne dans la région », a assuré Siev-Ner, et ALEH Negev est le foyer naturel pour cet hôpital parce que le village a un succès prouvé et qu’il dispose de l’infrastructure humaine nécessaire, notamment en termes de praticiens et infirmiers.
La population du Néguev devrait atteindre 800 000 personnes dans les années à venir (notamment des milliers de soldats). D’ici 2050, le nombre de personnes de plus de 70 ans sera trois fois supérieur à celui d’aujourd’hui. Cela rend donc ce nouvel hôpital d’autant plus nécessaire.
L’espérance de vie dans le sud est inférieure de sept ans à celle du centre du pays en raison d’un manque d’accès à des soins médicaux appropriés, indique Siev-Ner.
Shay Hajajaj, chef du conseil municipal de Merhavim dans le nord-ouest du Néguev, où ALEH et l’hôpital sont situés, a ajouté qu’une nouvelle ville prévue pour la région, appelée Daniel, sera habitée par des médecins et des professionnels médicaux travaillant dans le village et à l’hôpital, des étudiants et jeunes couples, et des personnes qui ont suivi des soins de rééducation et choisissent de rester près de l’hôpital.
La nouvelle communauté sera également reliée au village ALEH du Néguev, a dit M. Hajaj. « Il y aura des complexes pour les personnes qui ont suivi une cure de désintoxication. Toutes les installations et l’ensemble de la communauté seront accessibles et auront des activités conjointes avec les villageois. »

La première phase de l’hôpital – 72 lits dans deux salles d’hospitalisation orthopédiques et neurologiques, avec des services de physiothérapie et d’ergothérapie adjacents – devrait ouvrir en 2021.
L’hôpital travaillera en étroite collaboration avec l’Université Ben Gurion du Néguev à Beer Sheva, tout près de là, sur des activités de recherche en rééducation et de nouveaux programmes pour les patients, y compris des technologies comme la réalité virtuelle. L’hôpital accueillera également des stagiaires de l’université afin qu’ils puissent mettre en pratique leurs compétences médicales.
Environ 500 personnes travaillent actuellement dans le village de réhabilitation ALEH de Néguev-Nahalat Eran. De plus, 500 autres membres du personnel médical, thérapeutes et administrateurs seront employés à l’hôpital adjacent.
Le cabinet d’architectes Ada Karmi-Melamede, l’un des artisans du bâtiment de la Cour suprême de Jérusalem, est à l’origine de la conception du nouvel hôpital : un bâtiment bas, accessible en tout lieu aux handicapés.

Un « poumon vert » – une série de jardins – reliera tous les espaces, ainsi qu’une arcade ombragée pour les invités et les employés. Certaines des activités de réadaptation pourront se dérouler aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur, a dit Karmi. La piscine, la cafétéria et la salle de sport seront ouvertes aux patients de l’hôpital, aux habitants du village ALEH et aux résidents locaux, pour encourager l’interaction et contribuer à atténuer les stigmates liés aux handicaps mentaux et physiques.
Le nouveau complexe se veut différent d’un hôpital « traditionnel », reflétant la tranquillité et la détente qui émanent du village, dit Karmi.
L’idée est de construire l’un des meilleurs hôpitaux de rééducation au monde, souhaite le président d’ALEH Negev.
« Plus nous renforçons les liens les plus fragiles de la société, plus nous devenons meilleurs. C’est le grand défi », conclut Doron Almog.
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