Un chef hassidique évoque « une autre Shoah » pour dénoncer les politiciens laïcs
"Les destructeurs de notre religion, ceux qui détruisent la religion, veulent, malheureusement, causer une autre Shoah," a dit Yisroel Hager en référence à Lapid et Liberman
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël

Le dirigeant de l’un des plus grands courants hassidiques en Israël s’est exprimé lors d’un meeting électoral ultra-orthodoxe dimanche soir, et a semblé comparé les politiciens laïcs au dictateur nazi Adolf Hitler, en appelant les électeurs haredi à se rendre aux urnes lors des élections de mardi.
Le rabbin Yisroel Hager, chef du courant hassidique Vizhnitz, s’est adressé à une foule composée de quelque 50 000 personnes lors d’un rassemblement à Jérusalem pour le parti Yahadout HaTorah, l’un des deux partis ultra-orthodoxes principaux.
Durant l’évènement, les intervenants ont exhorté le public à aller voter aux élections nationales de mardi et mis en garde contre la menace de la formation d’un gouvernement laïc, auquel se sont montrés favorables le numéro 2 de Kakhol lavan Yair Lapid et le chef d’Yisrael Beytenu Avigdor Liberman.
Hager, qui s’est exprimé en yiddish, a souligné que les élections israéliennes se déroulaient le 17 Eloul, selon le calendrier hébraïque, jour où Hitler a envahi la Pologne en 1939. Les forces nazies ont ensuite assassiné 3 millions de Juifs polonais.
Hager a également mis la foule en garde que « les gens ne voulaient pas croire » ce que l’avenir prévoyait pour eux. « A notre regret, les destructeurs de notre religion, ceux qui détruisent la religion, veulent, malheureusement, causer une autre Shoah, à Dieu ne plaise. »
Bien que Hager n’ait pas nommément mentionné Lapid ni Liberman, ses propos ont été compris comme une référence aux deux élus.

Lapid, dont le grand-père est mort pendant la Shoah, et dont le père, Josef « Tommy » Lapid », a survécu, a réagi sur Twitter en demandant au Premier ministre Benjamin Netanyahu de condamner les propos tenus au rassemblement du parti allié du Likud.
« Ils sont des partenaires de coalition [naturels] », a écrit Lapid en partageant un lien vers un article en hébreu sur les propos tenus par Hager. « J’exige que Bibi [Netanyahu] condamne les propos du grand rabbin. Hitler a tué mon grand-père dans les chambres à gaz. Il y a une limite à l’incitation. »
Lors d’un autre rassemblement dimanche soir, le vice-ministre de la Santé et chef de Yahadout HaTorah a déclaré à son auditoire que les élections sont une lutte « pour notre droit à être ultra-orthodoxe, à garder les commandements [religieux], à mener une vie de Torah et de croyance ».
Le député de Yahadout HaTorah, Moshe Gafni, a comparé le numéro 2 de Kakhol lavan et le chef du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, à l’ennemi biblique Amalek. Lapid et Liberman mènent « une guerre culturelle » contre la communauté ultra-orthodoxe, a dénoncé Gafni selon Ynet.
Les campagnes respectives des deux députés ont suscité la colère de la communauté ultra-orthodoxe.
Lapid s’est montré très dur à l’égard des partis ultra-orthodoxes, qu’il a accusés « d’extorquer » le gouvernement et dont il a fustigé le refus de servir dans l’armée.
Le mois dernier, la communauté ultra-orthodoxe a qualifié Lapid d’antisémite, après qu’il a tweeté une vidéo de campagne dans laquelle il décrivait les membres ultra-orthodoxes du gouvernement comme des responsables politiques avides d’argent, qui exigent d’importants montants en échange de leur loyauté à Netanyahu.
Sous Liberman, le parti laïc Yisrael Beytenu a fait campagne contre l’influence religieuse sur les institutions publiques et promis de former un gouvernement sans partis ultra-orthodoxes.