Un Danois accusé de terrorisme pour l’incendie du domicile d’une femme juive
Le suspect, âgé de 21 ans, risque la réclusion à perpétuité, soit 16 ans de prison, pour avoir incendié le balcon de la maison de sa victime à Copenhague en mai dernier
Un homme de 21 ans au Danemark a été arrêté mardi pour incendie criminel, accusé d’avoir mis le feu à la maison d’une femme juive à Copenhague ; il a été mis en examen sous le chef d’accusation de terrorisme, en vertu des lois danoises, qui prévoient une peine d’emprisonnement à vie.
La mise en examen est une étape juridique clé permettant aux autorités de maintenir le suspect en détention pendant l’enquête avant une mise en accusation formelle. Au Danemark, une condamnation à perpétuité correspond généralement à une peine de seize ans de prison.
L’homme et plusieurs autres suspects non identifiés auraient mis le feu à des meubles sur le balcon de la maison de la femme le 29 mai. L’incendie, bien qu’il se soit propagé, a été maîtrisé par les pompiers sans faire de blessés, selon les médias locaux.
Conformément aux instructions du tribunal, ni le suspect ni la victime n’ont été identifiés publiquement.
Cet incident survient alors que le nombre d’incidents antisémites au Danemark a considérablement augmenté depuis le 7 octobre 2023, date à laquelle le groupe terroriste palestinien du Hamas a commis un pogrom dans le sud d’Israël, au cours duquel il a assassiné près de 1 200 personnes et pris 251 otages, pour la plupart des civils, déclenchant ainsi la guerre en cours dans la bande de Gaza.
Selon la presse danoise présente à l’audience, l’homme a plaidé non coupable par l’intermédiaire de son avocat. Le reste de l’audience s’est déroulé à huis clos, et aucun autre détail n’a été révélé.
Le service de sécurité et de renseignement danois a indiqué dans un communiqué que le suspect serait lié au gang Loyal to Familia (LTF), principalement composé d’immigrés et interdit depuis 2021.
« Il est très préoccupant qu’une personne soit ciblée au Danemark en raison de ses origines juives. Il est tout aussi inquiétant de constater des liens avec le LTF dans une affaire de terrorisme », a déclaré Finn Borch Andersen, directeur de l’agence de sécurité.
« Il est trop tôt pour savoir s’il s’agit d’un incident isolé ou d’un signe d’une menace terroriste plus large », a-t-il ajouté.
Dans une déclaration distincte, la communauté juive du Danemark a qualifié l’attentat de « terrifiant, même si personne n’a été blessé ».
L’agence de sécurité a mis en garde contre une « intensification de la menace terroriste contre des cibles juives et israéliennes au Danemark, notamment en raison du conflit en Israël et à Gaza », a ajouté M. Borch Andersen.
Le nombre d’incidents antisémites au Danemark depuis le 7 octobre a atteint des niveaux sans précédent depuis 1943, a déclaré Henri Goldstein, chef de la communauté juive danoise, à l’Associated Press en février.
« Nous avons assisté à une escalade de la violence, exacerbée par la haine diffusée de manière incontrôlée sur les réseaux sociaux », a expliqué Goldstein. Il a ajouté qu’en 2023, « les 121 incidents recensés étaient tous motivés par la haine des Juifs, et non simplement par des critiques d’Israël ».
Parmi ces incidents, vingt étaient des menaces de mort, « un phénomène que nous n’avions pas vu depuis les années 1980 », a-t-il précisé, faisant référence aux menaces contre deux figures importantes de la communauté juive à l’époque, un rédacteur en chef et le grand rabbin.
Face à la montée de l’antisémitisme, il a été conseillé aux Juifs du Danemark de ne pas porter ouvertement de symboles juifs, a indiqué Goldstein.
Les chiffres, compilés par l’organisation de sécurité de la communauté, sont similaires à ceux rapportés dans d’autres pays européens, où une augmentation des actes antisémites a également été observée. De nombreux pays européens ont enregistré une augmentation des actes antisémites signalés.
La semaine dernière, les principaux représentants européens et américains ont averti que la peur gagnait les communautés juives du monde entier en raison de la montée de l’antisémitisme.
« Nous assistons à un tsunami d’antisémitisme qui déferle sur l’Europe et le monde », a déclaré Katharina von Schnurbein, coordinatrice de la Commission européenne pour la lutte contre l’antisémitisme et la promotion de la vie juive.
« Nous sommes confrontés à une situation que nous espérions ne plus jamais revoir », a-t-elle confié à l’AFP à Genève, à l’issue d’un atelier à huis clos organisé la semaine dernière aux Nations unies (ONU) sur les moyens de faire face à la menace.
Elle a évoqué les incendies de synagogues, les étoiles de David peintes à la bombe sur des maisons où vivent des Juifs et des agressions contre des étudiants juifs dans les universités.
« Je pense que nous revivons aujourd’hui des moments qui rappellent les jours les plus sombres de l’Europe. »
Selon l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne, une enquête menée en juillet a révélé que 96 % des 8 000 Juifs interrogés dans treize pays européens, dont le Danemark, avaient été confrontés à l’antisémitisme, même avant la guerre en cours à Gaza.
La communauté juive d’Europe est confrontée à une « vague croissante d’antisémitisme », le conflit au Moyen-Orient « érodant » les progrès réalisés dans la lutte contre ce phénomène, a déclaré la directrice de l’agence, Sirpa Rautio. Elle a ajouté que la montée de l’antisémitisme mettait en péril le succès de la toute première stratégie de l’UE pour lutter contre ce problème, adoptée en 2021.
Quelque 37 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été harcelées au cours de l’année écoulée. Au total, 4 % des personnes interrogées ont dit avoir été victimes d’agressions physiques antisémites au cours des douze mois précédant l’enquête, soit deux fois plus qu’en 2018, la dernière fois que cette enquête a été réalisée.