Un député druze Likud donne le tampon casher au parti islamiste Raam
Avec une absence de majorité en faveur de Netanyahu, Ayoub Kara déclare que contrairement à la Liste arabe unie, Raam "ne nie pas l'existence d'Israël"
Un membre de la Knesset appartenant au parti du Likud de Benjamin Netanyahu a rencontré samedi Mansour Abbas, à la tête de la faction islamiste Raam, devenue un potentiel faiseur de roi dans ce scrutin à l’issue de la quatrième élection non-concluante en l’espace de moins de deux ans.
Netanyahu avait rejeté de manière répétée la perspective de compter sur le soutien de Raam pour former un gouvernement dans les semaines ayant précédé le vote du 23 mars, qualifiant la formation « d’anti-sioniste ». Néanmoins, des députés du Likud ont émis l’idée d’établir un partenariat avec Raam suite au scrutin de cette semaine – les résultats n’accordant pas de majorité à Netanyahu et à ses alliés religieux de droite.
Après avoir rencontré Abbas dans sa ville d’origine de Maghar, Ayoub Kara, parlementaire issu des rangs du Likud, a appelé à faire la différence entre Raam et la Liste arabe unie – une alliance de partis à majorité arabe dont la faction islamiste avait fait scission avant le vote.
« Amis de la droite : Il y a une différence entre la Liste arabe unie qui coupe d’Israël le public arabe et le nouveau Raam, pragmatique, qui ne nie pas l’existence d’Israël et qui veut être partenaire dans les décisions nationales », a écrit Kara sur Twitter.
Kara a déclaré au micro de la Radio militaire que certains membres du Likud lui avaient demandé d’aller voir Raam, sans préciser leur identité.
« Mon rôle en tant que député du Likud est de prendre à cœur les intérêts de mon parti », a-t-il expliqué.
Kara a indiqué pendant la visite à Abbas que « ce qu’a fait Netanyahu en se tournant vers la communauté arabe c’est qu’au lieu que les électeurs se tournent vers la Liste arabe unie, ils ont donné leur voix à Mansour Abbas et c’est un résultat dont nous sommes satisfaits », selon la Douzième chaîne.
Kara, qui est issu de la communauté druze d’Israël, a été ministre des Communications de 2017 à 2019. Il était 41e sur la liste du Likud, ce qui signifie qu’il n’entrera pas à la Knesset suite aux élections de mardi – où le Likud a remporté 30 sièges.
תודה מנסור על הפגישה החמה. חבריי בימין :שיש הבדל מהותי בין המשותפת שניתקה את הציבור הערבי מישראל לבין רע"ם החדשה הפרגמטית שלא שוללת את קיומה של ישראל ורוצה להיות שותפה בהחלטות הלאומיות, במיוחד בקידום וטיפול במגזר הערבי ואיננה רואה בכלים הפלמנטרית תשובה למצוקת הציבור שהיא מייצגת pic.twitter.com/7b0Qpy5cn6
— איוב קרא ايوب قرا ayoob kara (@ayoobkara) March 27, 2021
Le soutien apporté par Raam pourrait apporter au bloc dirigé par le Likud de Netanyahu une majorité si la faction de droite Yamina devait, elle aussi, intégrer la coalition. Toutefois, la possibilité déjà improbable d’un tel cas de figure a semblé s’éloigner davantage encore, la semaine dernière, après que des membres du Parti sioniste religieux d’extrême-droite et de Raam ont rejeté formellement toute perspective d’unir leurs forces.
Selon un reportage diffusé samedi par la Treizième chaîne qui n’a pas fait connaître ses sources, Netanyahu va tenter dans les prochains jours d’obtenir du chef du Parti sioniste religieux, Bezalel Smotrich, et de son partenaire de faction d’extrême-droite, Itamar Ben Gvir, un radoucissement de leur positionnement à l’égard de Raam.
Un reportage diffusé mercredi a fait savoir que Netanyahu n’avait pas écarté une « coopération parlementaire » avec Raam, craignant que la faction ne soutienne une législation l’empêchant de former un gouvernement en raison de ses mises en examen pour corruption.
Samedi également, le secrétaire-général du parti Balad a présenté sa démission, évoquant la perte des sièges essuyée par la Liste arabe unie pendant les élections. Balad, un parti nationaliste palestinien, est l’un des trois mouvements formant la Liste arabe unie, aux côtés de Hadash, une formation communiste, et de Taal du député Ahmad Tibi.
« Les résultats du dernier scrutin exigent que toutes les composantes de la Liste arabe unie réfléchissent à ce qu’ils font. La division, au sein de notre population, prendra des années à disparaître si elle disparaît un jour », aurait indiqué Mustafa Taha, selon la Radio militaire.
Les derniers résultats électoraux ont accordé six sièges à la Liste arabe unie et quatre à Raam. Quand Raam s’était présenté au sein de la Liste arabe unie, au mois de mars dernier, la liste combinée avait gagné quinze sièges.