Israël en guerre - Jour 566

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« Un échec cuisant » : les premiers soldats sont arrivés au kibboutz Nir Oz 40 minutes après le départ des derniers terroristes

Selon les conclusions de l'enquête militaire, plus de 500 Palestiniens ont envahi le kibboutz dans lequel se trouvaient 386 personnes le 7 octobre, avec un service de sécurité débordé et sans renfort

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Des soldats évoluent au milieu des décombres laissés par les terroristes du Hamas dans le kibboutz Nir Oz, le 7 octobre 2023, dans le sud d'Israël, sur cette photo datée du 21 novembre 2023. (Chaim Goldberg/Flash90)
Des soldats évoluent au milieu des décombres laissés par les terroristes du Hamas dans le kibboutz Nir Oz, le 7 octobre 2023, dans le sud d'Israël, sur cette photo datée du 21 novembre 2023. (Chaim Goldberg/Flash90)

Dans la matinée du 7 octobre 2023, plus de 500 terroristes palestiniens pénètrent par la force au kibboutz Nir Oz, communauté frontalière de Gaza qui ne se doute alors de rien.

L’armée – totalement sous le choc de cette attaque inattendue menée contre des dizaines de villes et postes militaires en simultané – n’est pas là pour empêcher que les terroristes, allant de maison en maison, brutalisent, massacrent ou kidnappent des dizaines de civils.

Le 7 octobre, les premiers soldats arrivent à Nir Oz une quarantaine de minutes après le départ du dernier terroriste.

Vendredi, l’armée israélienne a présenté les conclusions de son enquête sur l’attaque de Nir Oz – une des nombreuses enquêtes minutieuses menées autour de la quarantaine de batailles et de massacres qui ont eu lieu lors du pogrom commis par le Hamas le 7 octobre, jour où 5 600 terroristes se sont introduits en Israël pour y tuer plus de 1 200 personnes et faire 251 otages, conduits à Gaza.

Cette enquête a permis de faire toute la lumière sur l’héroïsme dont ont fait preuve les services de sécurité de Nir Oz, dont les quelques membres ont combattu seuls pendant près de deux heures avant d’être eux-mêmes tués ou blessés – mais aussi sur le courage qui a été affiché par les habitants, lesquels ont fait tout leur possible pour se protéger et pour protéger leurs proches.

Cette enquête met par ailleurs le doigt sur les échecs cuisants de l’armée qui ont permis à des foules de terroristes d’envahir le kibboutz sans avoir à affronter un seul soldat.

L’enquête a conclu que l’armée israélienne avait « échoué dans sa mission de protéger » les habitants de Nir Oz, en grande partie parce qu’elle n’avait jamais envisagé pareil scénario – celui d’une communauté israélienne capturée par des terroristes et d’une attaque simultanée et massive lancée contre plusieurs villes et bases militaires, menée par des milliers de terroristes.

Contrairement à d’autres communautés frontalières israéliennes attaquées le 7 octobre, l’armée israélienne n’a combattu aucun terroriste à Nir Oz, communauté de 420 habitants, dont 386 se trouvaient là le jour de l’attaque.

Les boîtes aux lettres du kibboutz Nir Oz, près de la frontière entre Israël et la bande de Gaza, dans le sud d’Israël, le 21 novembre 2023 – Les autocollants rouges sont marqués « assassiné », les autocollants bleus « pris en otage ». (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

Au total, ce sont 47 personnes – 41 habitants et six festivaliers rescapés de la rave voisine – qui ont été tuées dans le kibboutz le jour du pogrom, auxquelles s’ajoutent 76 personnes enlevés par les terroristes – 67 alors qu’elles étaient bien en vie et neuf tuées ce jour-là, abattues alors qu’elles se trouvaient à Nir Oz, en chemin vers la bande ou au sein de l’enclave côtière. Sur les 67 otages enlevés vivants, 13 ont été tués dans la bande de Gaza pendant la guerre. Aujourd’hui, cinq otages présumés vivants et les corps sans vie de neuf captifs sont toujours détenus à Gaza, suite à la libération de 49 otages et des dépouilles de 13 d’entre eux.

A Nir Oz, le nombre total de morts, y compris ceux tués en captivité, s’élève à 69.

Otages et morts comptent dans leurs rangs plusieurs générations de familles, dont certaines ont été tuées ou enlevées par différentes organisations terroristes.

Les terroristes sont entrés dans presque toutes les maisons de cette communauté composée d’une centaine de maisons, auxquelles ils ont infligé de lourds dégâts : seules six d’entre elles ont été épargnées. Les survivants de la communauté vivent désormais dans le quartier de Karmei Gat, à Kiryat Gat, le temps que Nir Oz se reconstruise, ce qui prendra du temps.

Au moment de présenter les résultats de l’enquête aux membres du kibboutz, jeudi, l’ex-chef d’État-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, a déclaré avoir « entendu la chose la plus dure sur le 7 octobre de la part de l’un de vos membres. »

« Je le dis et le redis à tous les chefs militaires, afin que tout le monde, au sein de l’armée israélienne, s’en souvienne : le premier soldat est arrivé à Nir Oz après le départ du dernier terroriste », a déclaré Halevi, comme en témoigne un enregistrement audio de la réunion diffusé sur la chaîne N12. « Ce sont des propos on ne peut plus accablants et nous les répétons pour qu’ils restent gravés dans la conscience de Tsahal. »

L’entrée de la maison de la famille Bibas au kibboutz Nir Oz, le 21 novembre 2023. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90).

L’enquête sur ce qui s’est passé à Nir Oz, des investigations qui ont été menées par le major-général Eran Niv – l’ex-chef des services informatiques – a porté sur tous les aspects de l’attaque du kibboutz, le 7 octobre.

Niv et son équipe ont passé des centaines d’heures à enquêter sur l’assaut de Nir Oz.

L’armée israélienne a expliqué avoir examiné toutes les sources d’information possibles – images tournées par les terroristes eux-mêmes au moyen de caméras corporelles, messages WhatsApp de résidents, vidéos de surveillance et entretiens avec des survivants, d’anciens otages et personnes qui s’étaient battues pour défendre le kibboutz – et s’être rendue sur les lieux.

Cette enquête, qui avait vocation à tirer des conclusions opérationnelles pour l’armée, ne s’est pas interrogée sur la question, plus large, de la perception de Gaza et du Hamas par l’armée, ces dernières années, une perception qui a fait l’objet d’autres enquêtes incluant les services de renseignement et les défenses de Tsahal. L’armée n’a pas davantage examiné les décisions prises par les autorités politiques, une façon d’éviter tout conflit avec les autorités gouvernementales qui voulaient que de telles enquêtes se fassent une fois la guerre contre le Hamas terminée.

Comment se fait-il qu’un si grand nombre de terroristes palestiniens soient arrivés jusqu’à Nir Oz ?

L’enquête a révélé qu’un nombre étonamment élevé de terroristes avait pénétré dans Nir Oz, bien plus que dans d’autres communautés attaquées le 7 octobre. Selon les conclusions de l’enquête, l’appel lancé aux Palestiniens à 8 heures du matin par le commandant militaire du Hamas de l’époque, Mohammed Deif, pour qu’ils envahissent les communautés israéliennes avait décidé nombre de terroristes à se joindre à l’attaque.

Cela avait été particulièrement vrai dans la région de Nir Oz, qui n’était pas défendue par Tsahal, ce qui avait donné aux terroristes un sentiment de totale impunité, comme les images diffusées sur Internet du char israélien mis hors service à la frontière et dont l’équipage avait été kidnappé.

Le jour du pogrom, ce char était devenu un objet de curiosité pour les Palestiniens et des centaines de personnes venues du bastion du Hamas, Khuzaa, avaient fait le déplacement pour le voir et ils avaient poursuivi leur chemin jusqu’en Israël, jusqu’à Nir Oz.

Des Palestiniens célébrant la destruction d’un char israélien à la barrière de sécurité, à l’est de Khan Younès, du côté de la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : Hassan Eslaiah/AP)

Alors que 500 terroristes avaient envahi Nir Oz, l’équipe chargée de l’enquête n’a retrouvé qu’un seul corps sans vie dans le kibboutz, ce qui laisse penser que les terroristes du Hamas avaient collecté les corps de leurs camarades tués par des civils armés.

Devant le kibboutz, sur la route menant à Gaza, les corps de 64 terroristes avaient été retrouvés, tués par des hélicoptères de l’armée de l’air israélienne ou par des chars de Tsahal.

Comment se fait-il que l’armée israélienne n’ait pas pu empêcher les terroristes d’envahir Nir Oz ?

Selon l’équipe chargée de l’enquête, « les forces n’étaient pas préparées au scénario de ce qui s’est passé le 7 octobre » et elles n’ont reçu aucune alerte ce matin-là. « Dès le début des combats, un grand nombre de commandants ont été blessés et la chaîne de commandement s’est effondrée », explique l’équipe.

L’équipe de Niv a également expliqué que l’armée israélienne n’avait pas pu se faire une idée précise de ce qui était en train de se passer dans toute la zone, dont celle de Nir Oz. « Les soldats se sont battus partout dans le secteur, y compris le long de la clôture et de leurs postes, sans parvenir à faire un point de situation », explique l’enquête, qui ajoute que les soldats n’ont parlé à personne à Nir Oz au moment de l’attaque, ce qui les a empêchés de comprendre ce qui était en train de se dérouler.

Des terroristes du Hamas, à proximité du kibboutz Nir Oz lors du pogrom du 7 octobre 2023. (Crédit : Hassan Eslaiah/AP)

L’enquête a par ailleurs révélé que les soldats s’étaient « battus férocement » et sans répit, et ce alors même que la chaîne de commandement s’était effondrée et que nombre d’entre eux avaient été blessés en défendant avec succès d’autres communautés, sans toutefois y parvenir partout – à commencer par Nir Oz. Elle a en outre conclu que « s’il y avait eu une alerte, même avec un très court préavis, il ne fait aucun doute que le bilan aurait été bien moins lourd ».

Selon l’enquête toujours, l’armée israélienne aurait pu faire plus pour contacter les responsables de Nir Oz et comprendre ce qui s’y passait. Comme elle le souligne, les soldats n’avaient pas réussi à défendre une base militaire voisine de Nir Oz, dont les soldats auraient été en mesure de défendre le kibboutz si leur base n’avait pas été envahie.

Selon l’enquête, encore, les chars avaient fait l’erreur de se diriger vers la frontière de Gaza au lieu de rester au plus près des communautés, pour les défendre.

Le service de sécurité du kibboutz, en sous-effectif, « s’est battu courageusement » pendant près de deux heures, jusqu’à la défaite, explique l’enquête en ajoutant que le 7 octobre, « sans l’aide des militaires, même une équipe de sécurité plus importante n’aurait eu aucune chance contre des ennemis aussi nombreux ».

Pour quelle raison l’armée n’est-elle pas arrivée à temps à Nir Oz ?

Selon les conclusions de l’enquête, c’est l’attaque simultanée et à grande échelle du Hamas contre des dizaines de communautés et de bases de Tsahal, le 7 octobre, qui a rendu difficile pour l’armée, à tous les niveaux – de la brigade régionale au chef d’État-major – de se faire une image précise de ce qui se passait, en particulier du niveau de gravité de la situation au sein de chaque communauté.

Sur cette photo prise lors d’une visite des médias organisée par l’armée israélienne, un homme examine les taches de sang sur le sol d’une maison dans le kibboutz Nir Oz suite à l’attaque du 7 octobre par des terroristes du Hamas, le long de la frontière avec la bande de Gaza, le 19 octobre 2023. (Crédit : Jack Guez/AFP)

Quant aux renforts arrivés dans la zone frontalière de Gaza par le nord, dans certains cas, de leur propre initiative, ils s’étaient pour la plupart retrouvés coincés dans les combats de Sderot. D’autres, parvenus plus au sud par la route 232, avaient été pris dans des combats dans d’autres communautés ou ils avaient été les victimes d’embuscades tendues par des terroristes aux principaux carrefours. Par ailleurs, les soldats venus du sud avaient été attaqués et retardés aux carrefours, ce qui explique que les premiers d’entre eux ne soient arrivés à Nir Oz qu’après 13 heures.

Peu de soldats avaient reçu l’ordre de se rendre à Nir Oz et ceux qui l’avaient effectivement reçu avaient dû se battre en chemin.

Des soldats israéliens marchant à côté des corps sans vie de personnes assassinées par les terroristes du Hamas, à l’extérieur d’un abri dans la ville de Sderot, dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. (Crédit : Jamal Awad/Flash90)

Lorsqu’une équipe des forces spéciales avait réussi à franchir le carrefour Maon, non loin de la communauté, vers 11 h 45, il était déjà trop tard. Leur commandant avait été blessé et ils avaient alors reçu l’ordre de se rendre dans une autre communauté.

L’enquête a révélé que des informations disponibles en temps réel auraient pu être utilisées par les commandants de Tsahal pour prendre conscience de la gravité de la situation à Nir Oz, mais qu’elles n’avaient pas été exploitées. Cela avait été notamment le cas d’images filmées par les caméras de surveillance de Tsahal qui montraient des dizaines de terroristes en train de se rendre ou de revenir de Nir Oz – des images visionnées en direct dans un centre de commandement de Tsahal – et d’informations collectées par des hélicoptères de l’armée de l’air israélienne en survol au-dessus de la zone.

Les terroristes enlèvent Yarden Bibas et l’emmènent à Gaza depuis le kibboutz Nir Oz, un kibboutz proche de la frontière avec Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : AP Photo)

Selon l’équipe chargée de l’enquête, ces informations en direct montraient précisément où se trouvaient les terroristes à Nir Oz, en train de commettre massacres et enlèvements, mais le fait que « ces informations viennent de plusieurs endroits a rendu impossible de comprendre que Nir Oz faisait face à des difficultés plus graves encore que d’autres communautés ».

« Les habitants de Nir Oz ont appelé à l’aide à maintes reprises, mais leurs appels se sont perdus, dans le chaos des milliers de messages entrants », peut-on lire dans le rapport d’enquête.

Si l’armée israélienne avait pris des mesures sur la base de ces informations et donné la priorité à Nir Oz, « il est vraisemblable que les soldats seraient arrivés plus tôt et qu’ils auraient réussi à limiter le bilan humain et matériel au sein du kibboutz », a expliqué l’équipe chargée de l’enquête.

Les conclusions

L’équipe chargée de l’enquête a conclu que l’armée israélienne n’avait « pas réussi à protéger Nir Oz » et que l’échec était « particulièrement cuisant, notamment parce que les soldats de Tsahal n’étaient arrivés qu’après le départ des derniers terroristes. En fait, les terroristes avaient commis leurs atrocités dans le kibboutz sans être inquiétés ou presque. L’échec de Tsahal à défendre Nir Oz n’a été ni tactique ni moral, estime l’enquête, mais bien plutôt « de nature systémique ».

L’intérieur carbonisé d’un bâtiment suite à l’attaque du 7 octobre par les terroristes du Hamas, au kibboutz Nir Oz, le long de la frontière avec la bande de Gaza, le 19 octobre 2023. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

« Les forces n’ont pas hésité à se mettre en route pour aller vers le kibboutz, pas plus qu’elles ont tardé, par peur, ou qu’elles ont choisi de ne pas se battre. L’échec vient du fait que le commandement [de Tsahal] n’a pas compris que la situation de Nir Oz était particulièrement grave et que des massacres et enlèvements s’y déroulaient à grande échelle, ce qui explique que priorité n’ait pas été donnée à l’envoi de renforts à Nir Oz », explique l’équipe chargée de l’enquête.

Elle ajoute que dans d’autres communautés, elles aussi en proie à des situations très graves, les soldats n’étaient pas non plus arrivés à temps, « mais aucune autre ville n’a connu une telle combinaison meurtrière de situation gravissime et d’absence de militaires ».

« C’est ce qui est arrivé à Nir Oz », ajoute-t-elle.

Recommandations

L’équipe chargée de l’enquête a recommandé l’établissement d’un nouveau poste militaire entre Nir Oz et la bande de Gaza, ainsi que le renforcement du service de sécurité du kibboutz.

Elle a par ailleurs appelé de ses voeux la mise en place d’un nouveau mécanisme au sein de l’armée israélienne pour préserver l’exploitation des renseignements en cas de rupture de la chaîne de commandement, en plus d’autres changements tactiques.

Shiri Bibas, au centre, et ses fils Ariel, 4 ans, et Kfir, dix mois, enlevés par des terroristes du Hamas, au kibboutz Nir Oz, le 7 octobre 2023. (Crédit : Autorisation)

La chronologie de l’attaque

Avant l’attaque, le 51e bataillon de la brigade d’infanterie Golani avait été déployé dans le secteur de Nir Oz, notamment dans une base proche de Kissufim, dans un poste près de Nirim et dans un autre camp situé à côté d’un centre de recherche et de développement agricole au sud de Nir Oz, connu sous le nom de Mopdarom. Par ailleurs, deux chars du 77e bataillon de la 7e brigade blindée et un véhicule blindé de transport de troupes Namer étaient stationnés au niveau d’un petit poste aux abords de Nir Oz, connu sous le nom de Maison Blanche.

Au total, 182 soldats de combat et 57 soldats de soutien au combat étaient stationnés dans le secteur pour protéger la zone frontalière du sud de Gaza – Nir Oz et les communautés voisines comprises.

Des Palestiniens de la bande de Gaza lors de l’assaut massif du groupe terroriste Hamas entrent dans le kibboutz Kfar Aza le 7 octobre 2023. (Crédit : Hassan Eslaiah/AP)

À 5 h 33, le 7 octobre, les soldats avaient rejoint leur position le long de la frontière de Gaza dans le cadre de la relève. Cela avait été une heure plus tard que l’attaque du Hamas avait commencé.

Les terroristes du Hamas avaient profité des premiers tirs de roquettes – qui avaient commencé à 6h29 avec un millier de projectiles qui avaient principalement visé des postes militaires israéliens – pour percer en 114 endroits la barrière frontalière d’Israël.

Six de ces brèches se trouvaient dans les environs de Nir Oz : à 6 h 36, elles avaient permis à 100 à 130 membres de la force d’élite Nukhba du Hamas d’entrer en Israël – à bord de camionnettes, de motos ou même à pied – et de se diriger vers le kibboutz. Cela n’avait été que plus tard qu’étaient arrivés 200 à 400 autres terroristes, dont des membres du Hamas, du Jihad islamique palestinien, des Brigades moudjahidines et des Palestiniens non affiliés.

Un commandant de la Nukhba du Hamas, Abd al-Hadi Sabah, lors du pogrom du 7 octobre 2023, sur une photo publiée le 31 décembre 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Sous les tirs de roquettes et avec, en visuel, des terroristes du Hamas en approche de la frontière, les deux chars et l’APC stationnés au niveau du poste de la Maison Blanche s’étaient dirigés vers la frontière de Gaza, en pensant ainsi pouvoir arrêter l’invasion.

Un char s’était positionné au sud de Nir Oz et le second au nord du kibboutz, avec l’APC entre les deux.

Des Palestiniens célébrant la destruction d’un char israélien à la barrière de sécurité, à l’est de Khan Younès, du côté de la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : Hassan Eslaiah/AP)

Dans le sud, le char avait été rapidement attaqué par les terroristes du Hamas par des tirs de lance-grenades et des engins explosifs. Les quatre membres d’équipage – le commandant du char, le capitaine Omer Maxim Neutra, le conducteur, le sergent Shaked Dahan, le tireur, le sergent Nimrod Cohen, et le chargeur Oz Daniel – avaient été enlevés et emmenés à Gaza.

Sur les images de l’attaque, de triste mémoire, on voit des Palestiniens en civil, debout sur et autour du char en flammes, et les soldats de Tsahal sortis de force par les terroristes du Hamas.

La mort de Neutra avait été confirmée en décembre 2024, celle de Daniel annoncée en février 2024 et celle de Dahan confirmée en novembre 2023. Selon l’armée israélienne, tous les trois avaient été tués le 7 octobre 2023. Cohen serait toujours en vie en captivité.

À 6h38, les terroristes du Hamas, utilisant des fusils pour snipers, avaient détruit les caméras de surveillance militaire israéliennes à la frontière près de Nir Oz. Une seule caméra, située plus loin de la frontière, à côté du kibboutz, avait continué de fonctionner.

A 6 h 42, le colonel Asaf Hamami, commandant de la brigade sud de la division de Gaza, avait alerté les services de sécurité civils des communautés de sa région et il avait annoncé à la radio : « Nous sommes en guerre. » Quelques minutes plus tard, Hamami et son équipe avaient échangé des tirs avec des terroristes dans la communauté voisine de Nirim : il avait été tué et son corps sans vie avait été enlevé, pris en otage à Gaza.

Le colonel Asaf Hamami, le commandant de la brigade sud de la division de Gaza, tué le 7 octobre 2023. (Crédit : Armée israélienne)

À 6 h 49, une voiture avec à son bord deux festivaliers rescapés du festival de musique Psyduck était entrée dans Nir Oz par la porte principale. Les deux personnes avaient échappé aux deux premiers terroristes du Hamas qui étaient arrivés à Nir Oz 10 secondes plus tard et qui avaient infiltré la communauté.

À 6 h 52, un membre de l’équipe de sécurité de Nir Oz avait échangé des coups de feu avec les premiers terroristes, tandis que d’autres membres tentaient de les aider. A 6h55, un autre véhicule avec à son bord des festivaliers rescapés de Psyduck avait essuyé des tirs de terroristes à l’entrée de Nir Oz. Deux d’entre avaient été tués.

À 6h57, des terroristes du Hamas avaient abattu Bracha Levinson, 74 ans, chez elle, tout en diffusant les images du meurtre en direct sur sa propre page Facebook, vue par ses proches. Ce devait être le premier d’une longue liste de meurtres perpétrés à l’intérieur de Nir Oz.

Des terroristes palestiniens à l’entrée du kibboutz Nir Oz, le jour du pogrom mené par le Hamas le 7 octobre 2023. (AP/Hassan Eslaiah)

Dans le même temps, des terroristes du Hamas s’étaient emparés de la base de Mopdarom, dans le sud de Nir Oz, où ils avaient tué cinq personnes et fait 17 blessés. Les autres soldats étaient aux abris sous les tirs massifs de roquettes.

Cela avait été à ce moment précis que le commandement et le contrôle de Tsahal, en ce qui concerne le sud, s’étaient totalement effondrés : le commandant de la brigade avait été tué, plusieurs commandants de peloton avaient été abattus ou grièvement blessés, et un d’entre eux avait été kidnappé.

À 7 h 06, le capitaine Omer Wolf, commandant adjoint de la compagnie du 51e Bataillon, avait donné l’ordre de partir défendre les communautés frontalières, et non la clôture frontalière. Il avait été tué avec deux de ses soldats près du poste de la Maison Blanche dans la matinée – les trois hommes étaient pourtant parvenus à retarder de plusieurs heures l’arrivée du Hamas à Nirim.

Capitaine Omer Wolf (Crédit : Tsahal)

Entre 7h11 et 7h18, deux autres véhicules venus du festival Psyduck étaient arrivés à l’entrée de Nir Oz. Les terroristes du Hamas postés à l’entrée les avaient assassinés.

À 7 h 27, des terroristes étaient entrés dans le kibboutz par le sud et ils s’étaient dirigés vers les résidences des travailleurs étrangers. Douze travailleurs thaïlandais et tanzaniens avaient été assassinés et cinq ressortissants étrangers avaient été enlevés.

Les terroristes avaient poursuivi leur périple macabre dans le reste du kibboutz en assassinant les habitants dans leur maison et en incendiant les bâtiments. Les premiers enlèvements avaient commencé vers 8h30.

Des membres de l’équipe de sécurité, forte de sept hommes et de civils armés venus pour l’occasion, avaient riposté depuis chez eux tandis que trois hommes – Tamir Adar, Aviv Atzili et Dolev Yehud – et d’autres civils armés avaient affronté les terroristes, ensemble, à découvert.

(De gauche à droite) Tamir Adar, Aviv Atzili et Dolev Yehud, tous trois tués au kibboutz Nir Oz le 7 octobre 2023. (Autorisation)

Tous les trois avaient perdu la vie après une bataille qui avait duré deux heures et qui s’était terminée vers 9 heures du matin. Selon l’enquête, leur action avait permis de retarder la progression des terroristes mais les renforts de l’armée n’étaient jamais arrivés. Une fois l’équipe de sécurité locale vaincue, les enlèvements avaient redoublé.

Un hélicoptère de l’armée de l’air israélienne était arrivé au kibboutz à 9 h 22 et il avait commencé à lancer des frappes sur la route située entre la barrière de Gaza et Nir Oz, sur laquelle il avait identifié la présence d’une soixantaine de terroristes. L’hélicoptère avait essuyé des tirs des terroristes et il avait été contraint d’effectuer un atterrissage d’urgence sur la base aérienne de Hatzerim.

À 9 h 55, le deuxième char parti de la frontière de Gaza dans la matinée était arrivé à l’entrée de Nir Oz. L’un des quatre membres d’équipage avait été grièvement blessé et évacué, et un autre, lui aussi blessé, était resté à l’intérieur du char.

À 9 h 57, le char avait tiré deux salves sur les terroristes postés à l’entrée de Nir Oz, sans que l’on sache si elles avaient fait des victimes – aucun corps n’avait été retrouvé. Il est toutefois possible que le Hamas ait rapatrié les corps des siens à Gaza, estime l’enquête.

À 10 heures, un autre hélicoptère de l’armée de l’air israélienne était arrivé près de Nir Oz et il avait commencé à ouvrir le feu sur les terroristes le long de la route entre Gaza et le kibboutz. Il avait rapidement reçu l’ordre de mettre le cap vers la base de la division Gaza près de Reim, elle aussi envahie par les terroristes.

Une maison brûle dans le kibboutz Nir Oz le jour du pogrom mené par des terroristes palestiniens venus de la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : AP/Hassan Eslaiah)

À 10 h 06, le char arrivé à l’entrée de Nir Oz avait reçu l’ordre de quitter la zone et d’aider à empêcher l’enlèvement de soldats à un autre endroit. Le char n’était pas entré dans Nir Oz mais il avait permis de tuer de nombreux terroristes près de la barrière frontalière.

À 10h22, l’hélicoptère de l’armée de l’air israélienne était revenu de la base de Reim et il avait poursuivi ses frappes contre les terroristes sur la route menant à Gaza. Le char de Tsahal avait également atteint cette zone et tenté d’écraser la foule d’hommes armés.

À 10h30, les terroristes du Hamas Nukhba avaient pris le chemin du retour sur instruction de leurs commandants à Gaza. Les autres terroristes les avaient rejoints et ils avaient commencé à se replier.

Lorsque le char était arrivé sur la route devant le kibboutz, Batsheva Yahalomi, qui avait été enlevée à Nir Oz avec ses enfants, avait réussi à s’échapper. Yahalomi, Yael, 10 ans, et un bambin de presque deux ans étaient assis sur un cyclomoteur avec un terroriste, tandis qu’Eitan, 12 ans, et un travailleur étranger étaient sur la mobylette d’un autre homme armé.

Un soldat de Tsahal garde le kibboutz Nir Oz après le massacre du Hamas, le 30 octobre 2023. (Chaim Goldberg/Flash90)

Les deux mobylettes s’étaient éloignées l’une de l’autre lorsque les terroristes avaient vu le char et Yahalomi avait alors perdu la trace d’Eitan, sur l’autre deux roues. Yahalomi et ses deux filles étaient parvenues à s’enfuir et à se cacher durant un court laps de temps avant que deux terroristes non armés les retrouvent et tentent de les convaincre de venir à Gaza, sans faire preuve de violences. Elle était retournée avec ses filles au kibboutz.

Eitan Yahalomi a été libéré fin novembre 2023 dans le cadre d’un accord « cessez-le-feu contre otages ». Son père, Ohad Yahalomi, enlevé à un autre endroit que ses proches, est mort assassiné en captivité. Son corps a été restitué dans le cadre d’un autre accord, fin février 2025.

A 11h30, l’hélicoptère de l’armée de l’air israélienne avait ouvert le feu sur une voiture avec à son bord plusieurs terroristes, sur la route menant à Gaza. On saura plus tard, grâce à des témoins oculaires, aux images de l’hélicoptère et des caméras de surveillance, que ce véhicule transportait également des otages israéliens.

Des terroristes palestiniens transportant l’otage Adina Moshe, de sa maison du kibboutz Nir Oz vers la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : AP Photo)

Les tirs avaient tué plusieurs terroristes, ainsi qu’Efrat Katz, une habitante de Nir Oz enlevée avec sa fille et ses petites-filles. D’autres personnes avaient été blessées lors de cet incident.

À 12h20, l’hélicoptère de l’armée de l’air israélienne avait mené une frappe contre six terroristes devant le kibboutz. La dernière image attestant de la présence d’un terroriste à Nir Oz date de 12h30.

Des membres de l’unité tactique secrète Yamas de la police des frontières étaient arrivés à Nir Oz à 13h10, ceux du commando Egoz de Tsahal, à 13h47, et les membres du commando Shayetet 13 de la Marine, à 14h50.

Tous avaient mené des recherches dans la communauté et fait sortir les habitants. Sans jamais livrer combat car tous les terroristes étaient déjà repartis.

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