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Un ex-étudiant rabbin récolte 1,2 M de $ après une publication sur Instagram

L'histoire de K.M. DiColandrea, qui a surmonté une maladie familiale, fait son coming-out en tant que transgenre et s'est converti au judaïsme, a touché plus de 30 000 personnes

K.M. DiColandrea, qui se fait appeler DiCo, lit la Torah à la Congrégation Beth Elohim de Park Slope, à Brooklyn. (Crédit: Avec l'aimable autorisation de DiColandrea/ via JTA)
K.M. DiColandrea, qui se fait appeler DiCo, lit la Torah à la Congrégation Beth Elohim de Park Slope, à Brooklyn. (Crédit: Avec l'aimable autorisation de DiColandrea/ via JTA)

JTA – K.M. DiColandrea enseignait dans les écoles de la ville de New York depuis plus de dix ans lorsqu’il a décidé de redevenir étudiant.

Mais un semestre seulement après s’être inscrit au Reconstructionist Rabbinical College, DiColandrea, qui se fait appeler DiCo, a reconnu s’être trompé.

« J’ai réalisé que la façon dont tous mes camarades de classe parlaient de devenir rabbin correspondait à ce que je ressentais déjà en tant qu’enseignant », a-t-il déclaré à la Jewish Telegraphic Agency.

Les doutes que DiCo pouvait encore avoir quant à son retour dans l’enseignement des sciences sociales ont été effacés cette semaine après que l’un de ses anciens élèves a partagé une publication à son sujet sur Humans of New York (HONY), le projet de narration photographique qui compte des dizaines de millions d’adeptes dans le monde.

Dans cette publication , Jonathan Conyers, aujourd’hui âgé de 27 ans, décrit son enfance difficile à Harlem et comment DiCo, son entraîneur de débat au collège, a changé sa vie en l’aidant à voir la valeur de sa propre histoire et de ses choix. Il a également évoqué les transitions de la vie de DiCo, notamment son coming out en tant que transsexuel alors qu’il enseignait dans l’école de Jonathan.

« Encore aujourd’hui, je remercie Dieu que DiCo ait été la première transgenre que j’ai rencontrée », a déclaré Conyers. « C’est la seule personne qui m’a vraiment aimé et compris. DiCo aurait pu me dire qu’il était un dinosaure, je lui aurais répondu que c’était tout cool, tant que tu restes DiCo. Le reste de l’équipe pensait la même chose. Quelques-uns des seniors l’ont serré dans leurs bras, puis nous avons repris le débat. »

Les lecteurs du site, réputés pour leur générosité, ont réagi à la publication de Conyers en faisant un don à la Brooklyn Debate League, une association à but non lucratif que DiCo gère comme un projet passionnel et un travail parallèle depuis 2017. Un jour et demi après le début de la collecte de fonds, près de 30 000 personnes avaient déjà donné un total de 1,2 million de dollars.

Nous avons parlé avec DiCo de ce que cet argent permettra d’accomplir, de la façon dont les tours du 11 septembre 2001 l’ont mis sur la voie du judaïsme, et de ce que le discours et le débat ont en commun avec le rituel juif.

Cette conversation a été condensée et éditée pour plus de clarté.

JTA : Comment la publication de Humans of New York a-t-elle vu le jour, et qu’est-ce que cela vous fait que tant de personnes y soient sensibles?

DiCo : Tout ceci, c’est grâce à Jonathan. C’est lui qui a contacté Brandon [Stanton, qui dirige Humans of New York]. Il a fait un choix. La publication n’avait pas besoin de parler de moi. Jonathan aurait pu facilement faire une histoire sur lui seul – il a vécu une histoire incroyable et il mérite tous les honneurs pour les choix phénoménaux qu’il a fait dans sa vie. Mais ça, ce n’est pas Jonathan.

Jonathan m’a dit de m’attendre à des montagnes russes émotionnelles. Je n’avais pas lu la publication. Je l’ai lu lundi, pour la première fois. Et quoi que j’en attendais, mes attentes ont été largement dépassées. J’ai été époustouflé par ces lignes. Quand vous vivez le moment, vous ne vous arrêtez pas pour y penser. C’est juste ce que l’on fait, surtout en tant qu’enseignant – nous le faisons tout le temps. Pour être honnête, j’avais oublié certaines parties, et lorsque je l’ai entendue du point de vue de Jonathan, j’ai été vraiment ému.

J’ai payé chaque mois – de mes propres deniers – [à la Brooklyn Debate League] les salaires de nos entraîneurs et de nos étudiants. J’ai vu mon compte en banque se réduire comme une peau de chagrin, j’espérais donc être au moins remboursé. Mais un million de dollars, en un jour ? Alors ça, je m’y attendais pas.

Comment allez vous utiliser cet argent dans votre programme ?

J’ai quelques idées, mais je veux m’assurer que je ne prends pas les décisions tout seul. Il est important pour moi que ce ne soit pas comme le DiCo show – ce qui est hilarant parce que c’est un peu ce que l’histoire de HONY est devenue. Mais je veux vraiment m’assurer que nous prenons des décisions en tant que communauté et que de nombreuses voix différentes seront entendues à la table.

Pour commencer j’aimerais vraiment intensifier le recrutement, et je ne veux pas attendre. Je veux le faire pour notre programme d’été.

Je suis New-Yorkais. J’ai vécu ici toute ma vie. J’aime cette ville. Et je veux voir ce qui se passera lorsque nous élargirons l’accès à la parole et aux débats dans les écoles publiques de la ville de New York, et en particulier dans les lycées de la ville de New York.

D’autres districts dans le pays nous ont donné un aperçu de ce à quoi cela ressemble. Après la fusillade de l’école de Parkland, en Floride, il y a quelques années, vous vous souvenez de ces enfants qui ont participé à des assemblées publiques et se sont tenus devant des milliers de personnes, qui ont pu affronter des sénateurs et qui ont simplement pu s’exprimer ? Ce n’était pas par hasard. Le district scolaire du comté de Broward est peut-être le seul grand district scolaire du pays qui propose des cours d’expression orale et de débat dans chaque école. Les enfants reçoivent ce cadeau d’apprendre le discours et le débat dans le cadre de leur programme régulier. Et je veux savoir à quoi cela ressemblerait à New York.

Dans l’histoire, Jonathan explore les aspects de votre identité. Mais même si une photo de vous portant une kippa est apparue dans le dernier épisode de l’histoire, votre identité juive n’est pas mentionnée. Quelle en est la raison, à votre avis ?

Il y a une réponse simple à cela. Lorsque j’ai enseigné à Jonathan, je n’étais pas Juif. J’ai été élevé dans la religion catholique, et il y a huit ans, je me suis converti au judaïsme.

Deux choses m’y ont poussé. La première a été le 11 septembre. (À l’époque, DiCo était en première année à la Stuyvesant High School dans le Lower Manhattan, à quelques rues du World Trade Center ; il enseigne aujourd’hui à Stuyvesant). Je me suis retrouvé à me demander : quel genre de Dieu laisserait cela se produire ? Comment avais-je pu regarder des milliers de personnes mourir – des gens avec qui j’avais pris le métro le matin-même ? Où était Dieu dans tout ça?

Ça a été le premier choc, et le deuxième choc était lié à ce dont Jonathan a parlé : mon coming out. J’aimais les filles à l’université, puis j’ai aimé m’habiller comme un garçon après l’université, et j’ai découvert le genre en plus de la sexualité. Et j’ai eu l’impression qu’il y avait de moins en moins de place pour que je sois authentique au sein de mon église.

J’étais très religieux : j’étais dans le chœur depuis le CE2. Quand j’étais en quatrième, j’étais organiste assistant. Et à mon retour de l’université, j’étais directeur adjoint et j’aidais à diriger la chorale des enfants. J’aimais la religion et ma communauté religieuse, mais quand j’ai fait mon coming out, c’est devenu un peu plus compliqué.

Au moment où Jonathan est entré dans ma vie, je portais des vêtements d’homme, mais je devais me changer entre l’école et la répétition de la chorale. J’ai donc fini par quitter l’église, mais le fait d’appartenir à une communauté religieuse m’a manqué. J’aurais pu aller dans une autre congrégation [chrétienne], mais je retombais immanquablement à un cours universitaire sur le Nouveau Testament. C’est la première fois que j’ai réalisé que l’on pouvait lire un texte religieux de manière analytique. Je me suis dit que cela combinait deux de mes aspects préférés : la partie super spirituelle et religieuse et la partie super intello et analytique, et je ne savais pas que cela était possible.

Ainsi, lorsque, des années plus tard, j’ai constaté qu’appartenir à une communauté religieuse me manquait, j’ai cherché un endroit où je pourrais faire partie d’une communauté spirituelle avec d’autres personnes tout en étant un véritable intello. J’ai tapé sur Google « Etude de la Thora à proximité » et j’ai trouvé la Congrégation Beth Elohim [à Park Slope, Brooklyn]. Je ne connaissais personne là-bas, mais j’y suis revenu semaine après semaine et j’ai adoré. Plus tard, après ma conversion, j’ai trouvé Svara, le camp de Torah pour les homosexuels [aujourd’hui une yeshiva], et cela a complètement changé la donne pour moi. Maintenant, j’étudie le Talmud tous les jours avec un autre trans juif, et j’adore ça.

Mais la cerise sur le gâteau, c’est quand j’ai découvert l’histoire des origines du judaïsme moderne. J’ai appris que le Temple avait été détruit et je me suis dit en moi-même : « Attends, tu veux dire que c’est un peuple qui a aussi vu le monde s’écrouler et qui ne l’a jamais oublié, mais qui a trouvé le moyen de s’en sortir et de survivre ? Je n’y croyais pas, j’étais ferré. C’était ce que je souhaitais, c’est là que je voulais être.

Dans le catholicisme et une grande partie du christianisme, tout tourne autour de ce qui se passera ensuite, de la prochaine vie et de la rédemption qui viendra plus tard. Mais ayant vécu ce que j’ai vécu lorsque j’étais adolescent et que j’ai regardé les Twin Towers s’effondrer à quelques rues de là, je n’avais pas le temps d’attendre. J’avais besoin de traiter cela maintenant. J’avais ressenti une telle chaleur de la part de cette communauté lors de ce groupe d’étude de la Torah à la CBE. Puis, j’ai commencé à me sentir lié, par exemple, à Yohanan ben Zakkai et les rabbins du premier siècle, qui avaient également vécu ce traumatisme et s’étaient posé les mêmes questions que moi : que diable sommes-nous censés faire maintenant ? Comment pouvons-nous aller de l’avant après cela ? Ils ont trouvé un moyen de le faire, et cela m’a conduit au judaïsme.

Vous n’êtes pas seulement devenu Juif, mais vous êtes devenu un Juif professionnel, notamment un éducateur qui a remporté un prix prestigieux du Jewish Education Project. Pouvez-vous me parler de cela, et aussi de la raison pour laquelle vous avez décidé que devenir rabbin n’était pas pour vous ?

En 2019, j’ai effectivement quitté mon école et j’ai quitté l’équipe de débat que j’entraînais pour aller enseigner dans ma synagogue. J’ai enseigné à la CBE pendant un an, puis je suis devenu le directeur adjoint de leur école religieuse pendant une année. (Fait inhabituel pour les écoles hébraïques complémentaires américaines, les enseignants de l’école Yachad de la CBE sont employés à plein temps.) Je suis parti de là pour aller à l’école rabbinique. J’ai passé un semestre à l’école rabbinique l’automne dernier, au Reconstructionist Rabbinical College, et j’ai adoré. Mais je me suis rendu compte que la façon dont tous mes camarades de classe parlaient de devenir un jour rabbin correspondait à ce que je ressentais déjà en tant qu’enseignant. Mes camarades de classe parlaient de la façon dont certaines saisons les rendaient enthousiastes par rapport aux fêtes. Pour moi, certaines saisons et certains moments de l’année m’excitent vraiment, mais pour les tournois à venir. Pour mes camarades de classe, le mois de septembre est toujours celui de Rosh Hashanah ; pour moi, le mois de septembre est toujours celui du tournoi de Yale. En décembre, c’est Hanukkah – mais décembre, c’est le tournoi de Princeton. C’est logique, car nous marquons tous le passage du temps par des rituels particuliers.

Ou à propos des samedis. J’ai travaillé avec la CBE en tant que tuteur pour les étudiants de bnei mitzvah avec leurs divrei Torah. J’adore aider les enfants à écrire des discours. Et j’aime les samedis où je peux assister aux offices. Mais je dois être aux tournois le samedi. C’est un sentiment similaire, c’est un rituel. C’est sacré. Ça me donne un but, et ça me construit.

Vous avez enseigné dans un Talmud Thora, un aspect très décrié du judaïsme américain. Quelle sont vos recommandations pour un bon apprentissage du judaïsme pour les enfants ?

Je pense que non seulement l’éducation juive, mais aussi toute bonne éducation, doit donner la priorité à la création d’une culture positive dans les classes. Les enfants ne vont pas aimer votre classe s’ils pensent que vous ne les aimez pas. Ils ne vont pas vouloir être là s’ils pensent que vous ne voulez pas les voir. Bonne chance pour les faire parler s’ils pensent que vous ne voulez pas entendre ce qu’ils ont à dire.

En outre, pour ce qui est du Talmud Thora, vous devez faire en sorte que ce soit amusant pour eux. Les enfants sont à l’école toute la journée et ils sont épuisés. Vous devez apporter de la bonne énergie, trouver ce qui les motive. Et je trouve qu’un moyen infaillible de rendre quelque chose amusant pour un collégien ou même un lycéen, c’est de s’assurer qu’ils parlent plus que vous. Si vous posez des questions et que les enfants parlent, débattent et ne sont pas d’accord, qu’ils poussent leur réflexion et celle des autres, alors ça deviendra intéressant. Le conseil que je donne aux nouveaux enseignants est le suivant : la plupart de vos phrases devraient se terminer par un point d’interrogation.

Je ne suis pas allé à l’école hébraïque. Mais j’ai l’impression que tous ceux à qui je parle pensent que nous manquons une occasion d’enthousiasmer les enfants juifs pour leur héritage, et plus particulièrement pour les textes. Quand je parle de la Torah et du Talmud à des enfants juifs, ils en deviennent fous. La plupart du temps, ils n’ont pas appris ce genre de choses et me disent : « Wow, c’est trop cool. Je n’y ai jamais pensé de cette façon. » C’est tellement riche, et c’est à nous. Donc je ne pense pas que nous ayons à réinventer la roue ici pour que les enfants s’investissent dans l’école hébraïque – la Torah est là, et c’est tellement, tellement intéressant. Nous devons juste trouver comment la rendre accessible à nos enfants d’une manière qui les rend joyeux.

Pour nos téléspectateurs new-yorkais en particulier, y a-t-il un moment ou un endroit à New York qui vous fait vous dire que vous êtes terriblement reconnaissant d’être un Juif de New York ?

Pour tout vous dire, la meilleure nourriture israélienne de New York est au Miriam à Park Slope.

Mais ma vraie réponse sera : à la CBE. Tout mon parcours juif s’est déroulé dans ce bâtiment. C’est là que je suis allé à ma première étude de la Torah et à mes premiers offices. C’est là que je me suis converti. C’est là que je me suis marié. C’est là que je suis devenu un bar mitzvah. C’est là que j’ai dirigé l’école religieuse et que j’ai enseigné. C’est un lieu sacré pour moi, et il me manque. J’ai hâte d’être au jour où je pourrai revenir régulièrement dans le sanctuaire de la CBE.

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