Un ex-policier dépose une plainte alléguant que Shabtaï l’a poignardé en 2020
La police affirme que l'actuel chef de la police coupait des fruits lorsqu'il avait laissé tomber le couteau sur la jambe de l'officier Amnon Alkalaï, aujourd'hui à la retraite
L’ancien chef du Directorat des Opérations, Amnon Alkalaï, a déposé une plainte officielle auprès du Département des enquêtes internes de la police (PIID), alléguant que l’actuel chef Kobi Shabtaï l’avait poignardé à la jambe lors d’une réunion des hauts responsables de la police en 2020.
Alkalaï avait rendu cette allégation publique en août, expliquant sa décision de démissionner au vu de la nomination ultérieure de Shabtaï au poste de chef de la police et affirmant que ce dernier n’était pas apte à remplir cette fonction.
« Je savais qu’il avait des couteaux. Je l’ai vu brandir un couteau, le pointer, se diriger vers ma jambe et, boum, me poignarder », a affirmé Alkalaï. « Je l’ai regardé et lui ai dit : ‘Kobi, tu m’as poignardé, mon pantalon est coupé, ça a pénétré – c’était un vrai coup de couteau’. »
« Je me suis levé et j’ai dit : ‘Il m’a poignardé.’ Personne n’a compris de quoi je parlais. J’ai quitté la pièce et Kobi m’a couru après. Il s’est excusé, beaucoup excusé, il était choqué », a raconté Alkalaï.
En réponse à l’interview d’Alkalaï, la police israélienne a affirmé qu’il s’agissait d’un accident, survenu lorsque Shabtaï coupait des fruits et que le couteau lui était tombé des mains.
« Il semble qu’Alkalaï ait décidé de faire tout ce qui était en son pouvoir pour rester sur le devant de la scène, même au prix de nuire à la police et à son chef dans cette période complexe », a déclaré Me Eliram Bakal, l’avocat de Shabtaï, en réponse aux allégations d’Alkalaï.
« Après avoir tenté de nuire au chef par un témoignage partial devant la commission Meron, et après avoir tenté de nuire au chef par une présentation partielle des événements de [l’opération militaire] Gardien des murs, Alkalaï s’est récemment lancé dans une série d’interviews qui ont abouti, comme il s’est avéré aujourd’hui, à un rapport sur le dépôt d’une plainte concernant un incident qui, selon lui, s’est produit il y a environ trois ans », a ajouté Me Bakal.
Au moment de l’incident présumé, Shabtaï était le chef de la police des frontières. Son mandat de chef de la police israélienne, qui a débuté en 2021, a été tumultueux.
Shabtaï a été en partie tenu pour responsable de la tragédie meurtrière du mont Meron en 2021, la catastrophe civile la plus meurtrière d’Israël. Alkalaï avait déclaré devant la commission chargée d’enquêter sur la catastrophe et ses conséquences que Shabtaï avait rejeté ses appels à limiter la foule lors de l’événement du mont Meron, qui attire des dizaines de milliers de personnes chaque année.
En outre, Shabtaï a admis que les forces placées sous son contrôle n’étaient pas préparées à faire face aux violences meurtrières entre Juifs et Arabes qui ont embrasé les villes mixtes d’Israël pendant les combats de mai 2021 entre Israël et les groupes terroristes de Gaza, baptisés par Israël l’Opération « Gardien des Murs ».
« Alkalaï n’a pas expliqué pourquoi il a retardé le dépôt de la plainte pendant toutes ces années », a affirmé Me Bakal.
Dans l’interview qu’il avait accordée en août, Alkalaï n’avait pas justifié l’incident qui, selon lui, lui avait valu des points de suture à l’hôpital. Il a déclaré qu’il avait trouvé l’incident « embarrassant » et qu’il n’en parlait que maintenant pour expliquer pourquoi il avait ensuite quitté les forces de police lorsque Shabtaï avait été nommé.
« Je n’ai pas quitté la police pour des raisons personnelles ou par manque de promotion, mais parce que je pensais que le chef ne gérait pas correctement la police, et qu’il était même dangereux », a déclaré Alkalaï. « À l’époque, je l’ai comparé à un excès de vitesse sur l’autoroute – c’est ainsi que nous voyons le chef. Il s’est laissé emporter par son comportement, ce qui a parfois provoqué des quasi- catastrophes, voire des catastrophes. »
Shabtaï devrait quitter ses fonctions à la fin de l’année. Il ne s’est pas vu proposer une quatrième année à ce poste, en raison de conflits répétés avec le ministre d’extrême-droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui a cherché à exercer un contrôle politique sur les forces de l’ordre.
Dans une courte déclaration, un porte-parole de la police israélienne a déclaré en réponse à la plainte que « si nécessaire, le chef traitera la plainte par les voies habituelles ».