Un habitant de Yitzhar éloigné pour 4 mois de la Cisjordanie
Selon le Shin Bet, Elkana Pikar est impliqué dans des actes de violence contre des Palestiniens et les forces de sécurité
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

La police a publié mardi matin une injonction ordonnant à Elkana Pikar, qui habite dans l’implantation radicale de Yitzhar, de rester éloigner de la Cisjordanie pour quatre mois.
« L’injonction contre Elkana Pikar a été émise en raison de son implication directe dans de récents actes de violence [commis] dans la région de Yitzhar contre des Palestiniens et des forces de sécurité [israéliennes] », a indiqué le Shin Bet, qui a remis l’ordonnance.
Pendant la remise en main propre de l’injonction, qui a eu lieu à 16h00 jeudi, Pikar a dit aux officiers de la division de Judée et Samarie: « vous êtes un pays de Sodome », référence à une ville pécheresse de la Bible.
Il a également dit aux officiers qu’ils tentaient de « diviser tous les bons Juifs ».
L’échange a été filmé.
Pikar est perçu par les forces de sécurité israéliennes comme le dirigeant d’un groupe de jeunes extrémistes juifs de droite, les « Jeunes des Collines ». Il a reconnu avoir hébergé des membres du groupe chez lui, mais dément toute connexion avec les actes de violence ou de vandalisme.
Ces dernières semaines, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs implantations de Cisjordanie pour s’opposer à l’injonction. Son visage a été affiché sur des arrêts de bus, avec la phrase « nous sommes tous Elkana Pikar ».
La semaine dernière, des dizaines de véhicules ont été vandalisés et leurs pneus crevés à Jérusalem Est et en Galilée, dans des crimes de haine anti-arabes.
En plus des mots « prix à payer », un slogan de droite utilisé dans des attaques racistes, la phrase « Le roi Pikar » a été tagguée sur l’une des voitures dans une apparente démonstration de solidarité avec l’habitant de Yitzhar.

En plus de son interdiction de quatre mois de Cisjordanie, Pikar, 32 ans, n’a pas le droit de rencontrer un certain nombre de militants désignés par le Shin Bet pendant six mois. Le père de six enfants devra aussi pointer toutes les semaines au commissariat de Maale Adumim.
Menashe Yado, l’avocat de Pikar de l’association de droite Honenu, a affirmé que l’injonction était « une grave violation des droits civiques », ajoutant que son association comptait déposer « une requête urgente contre l’injonction pour reporter son exécution. »
L’Association pour les droits civiques en Israël, considérée comme une organisation de gauche, a également condamné cette injonction, affirmant que les ordonnances de restriction administrative étaient « inadéquates, offensantes et draconiennes. »
L’association a affirmé qu’elle s’opposait à de telles mesures pour les Israéliens comme pour les Palestiniens. « S’il y a des preuves contre une personne, elle doit être présentée devant la cour et autorisée à se défendre pendant un processus juste. »
Depuis qu’il a reçu l’injonction, Pikar et sa famille ont reçu la visite de plusieurs rabbins et dirigeants de communauté, notamment du député Bezalel Smotrich de HaBayit HaYehudi.

« Stupidité et obstruction. Un père qui assure pour une famille de six enfants, l’un des rares qui réussit à attraper et faire entendre raison aux jeunes des collines… », a écrit le député sur Twitter.
L’équipe gérant la campagne de soutien à Pikar a indiqué qu’elle comptait continuer sa lutte contre « le harcèlement des Juifs par le Shin Bet. »