Un « jour heureux et triste » pour le PDG de Mellanox après la vente de sa société
Eyal Waldman, qui avait fondé Mellanox en 1999, n'est pas sûr de son avenir au sein de l'entreprise revendue pour 6,9 milliards de dollars : "Nous n'avons pas encore décidé"

« J’ai des sentiments mitigés. C’est un jour heureux et triste », a déclaré Eyal Waldman, le fondateur et PDG de Mellanox Technologies, lors d’une conférence de presse dans les bureaux de la société dans le nord de Tel Aviv. Celle-ci faisait suite à l’annonce du géant américain du jeu et de l’infographie Nvidia Corp. qu’il s’apprêtait à acquérir le fabricant israélien de puces pour 6,9 milliards de dollars, ce qui en fait la deuxième plus grosse transaction jamais réalisée par Israël dans le secteur des technologies.
Dans le cadre de l’accord, la société américaine va acquérir Mellanox Technologies, qui fabrique des puces, des serveurs à haut débit et des solutions de commutation de stockage, pour 125 dollars l’action au comptant, ont déclaré les sociétés lundi dernier dans un communiqué, ce qui représente une plus-value de 14 % sur la valeur marchande des actions Mellanox.
Il s’agit de la plus importante acquisition de Nvidia à ce jour, qui lui permet de mettre un pied sur le marché en pleine croissance des composants de centres de données. La technologie Mellanox permet un transfert plus rapide et plus efficace de l’information à l’intérieur et entre les ordinateurs.
Waldman, un passionné de planche à voile et de plongée sous-marine qui a étudié l’ingénierie électrique au Technion Israel Institute of Technology, a fondé Mellanox en 1999. Lors d’un événement d’entreprise il y a tout juste deux ans, il avait évoqué diriger l’entreprise pour les 20 prochaines années.

Mellanox aurait pu continuer à exister en tant qu’entreprise indépendante, a déclaré M. Waldman lors de la conférence de presse, même si l’industrie des semi-conducteurs qui pèse 470 milliards de dollars a connu une concentration considérable au cours des cinq dernières années. Dans ces circonstances, cependant, a-t-il dit, la vente à Nvidia « était la bonne chose à faire », dans l’intérêt des actionnaires, de l’entreprise, de ses salariés et de Nvidia.
« En tant qu’entreprise cotée en bourse, nous le devions aux actionnaires », a-t-il dit. « Nous existons depuis 20 ans déjà. Ce n’est pas quelque chose qui peut durer éternellement ».
En novembre 2017, l’investisseur militant new-yorkais Starboard Value LP a acquis une participation de 10,7 % dans Mellanox, l’incitant à améliorer ses performances et à envisager une vente éventuelle. La participation de l’investisseur était tombée à environ 5,8 % au moment de la vente.
Mellanox restera une entité semi-autonome au sein de Nvidia, a indiqué M. Waldman. Et le projet n’est pas de réduire les effectifs en Israël, mais d’élargir l’équipe pour accélérer l’élaboration des projets, a-t-il déclaré. L’entreprise emploie environ 2 000 salariés en Israël et 1 000 à l’étranger.
L’entreprise compte également des salariés à Gaza et dans les villes de Rawabi, Naplouse et Hébron, en Cisjordanie, et elle continuera à le faire, a-t-il ajouté. « Ils apportent une contribution significative », a-t-il dit, ajoutant que tous les projets actuels de Mellanox se poursuivront également avec Nvidia.
Les employés de Mellanox détiennent plus de 7 % des actions de l’entreprise, a-t-il précisé, de sorte qu’ils bénéficieront également financièrement de l’accord. Un porte-parole de Mellanox a déclaré que les employés palestiniens détenaient également des actions dans l’entreprise.

Waldman n’a pas voulu se prononcer sur son avenir au sein de l’entreprise. « Je ne sais pas ce que sera mon avenir », a-t-il dit. « Nous n’avons pas encore décidé ». Il s’est dit déterminé à ce que l’opération soit menée à terme, ce qui est prévu dans le courant de l’année 2019. La transaction a été approuvée par les conseils d’administration des deux sociétés et est toujours sujette aux autorisations réglementaires et à l’approbation des actionnaires de Mellanox.
Waldman, qui détient une participation de 3,6 % dans Mellanox, devrait empocher 250 millions de dollars grâce à cette opération, selon le site web Calcalist, tandis que l’investisseur institutionnel israélien Clal Insurance touchera 262 millions de dollars, puisqu’il détient une participation de 3,8 % dans la société. Starboard, qui a entre-temps vendu des actions de l’entreprise et détient aujourd’hui une participation de 5,9 %, gagnera 407 millions de dollars, selon Calcalist.
Avant de créer Mellanox, Waldman a travaillé chez Intel, puis a participé à la création de Galileo Technology Ltd, qui a été vendu en 2000 à Marvell Technology Group pour 2,7 milliards de dollars. Waldman a quitté Galileo un an avant sa vente, en raison de désaccords avec ses partenaires, pour fonder Mellanox.
Lorsque le Times of Israel lui a demandé, lors d’un entretien accordé en 2017, s’il comptait se lancer dans un autre projet après Mellanox, il avait répondu : « Je ne souhaiterais pas créer une autre start-up. C’est si difficile de mettre en place quelque chose de nouveau et de réussir ».
Le nom Mellanox vient de la combinaison d’un nom qui fait penser à Xerox et Millénaire, car l’entreprise a été fondée en 1999, et Ella, le nom de son ancienne épouse.
Lorsque l’entreprise est entrée en bourse sur le Nasdaq en 2007, en levant 100 millions de dollars, l’une des premières personnes qu’il a appelées après l’introduction en bourse réussie fut Ella, avec qui il n’était déjà plus en couple, a-t-il raconté dans une interview en 2016.