Un laboratoire élève des souris pour développer des médicaments contre le TDAH
Les souris portent une mutation unique du TDAH qui donne, selon les chercheurs, un "aperçu sans précédent" du fonctionnement du cerveau
Un laboratoire israélien a élevé des dizaines de souris hyperactives et affirme qu’elles sont l’un des outils les plus utiles à ce jour pour comprendre le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) – et pourraient aider les scientifiques à mettre au point des traitements.
Aujourd’hui encore, il est difficile de déterminer exactement ce qui cause le TDAH. De nombreux gènes et de nombreux facteurs environnementaux sont généralement cités. Mais des chercheurs de Beer Sheva ont découvert que, dans une famille bédouine, où les parents sont cousins germains, un seul gène était à l’origine du trouble chez les enfants.
L’équipe de recherche de l’université Ben Gurion a testé sa conclusion en modifiant le gène CDH2 chez des souris afin de reproduire la mutation trouvée dans les gènes de la famille. Sans exception, toutes les souris ont développé les symptômes du TDAH. Le laboratoire a ainsi plusieurs générations de souris hyperactives.
Le professeur Ohad Birk, qui a dirigé l’étude, a déclaré au Times of Israël que ces souris étaient la preuve que, dans certains cas rares, une seule mutation génétique peut provoquer le TDAH, ce qui pourrait orienter les recherches futures.
Il a ajouté que, de manière plus significative, les souris représentent un outil nouveau et important pour les scientifiques afin d’explorer le TDAH, car elles donnent un « aperçu sans précédent » de ce qui se passe dans le cerveau des personnes atteintes de ce trouble.
« Nous avons élevé des souris ayant exactement la même mutation dans leurs gènes et nous leur avons fait passer 15 tests de comportement, qui montrent qu’elles sont clairement atteintes du TDAH », a-t-il expliqué.

« Comme elles reflètent les symptômes sur la base d’une seule mutation, et non d’une combinaison de mutations, elles sont plus fiables que la plupart des autres modèles animaux pour refléter la maladie humaine », a-t-il déclaré.
« Ces souris, et d’autres comme elles, deviendront un outil standard pour les chercheurs qui étudient le TDAH, y compris ceux qui cherchent des médicaments. Normalement, il est très difficile de créer un bon modèle animal pour étudier le TDAH, car plusieurs gènes peuvent être impliqués, ainsi que des facteurs environnementaux. Ici, il n’y a qu’un seul gène qui cause le TDAH, et tous les symptômes que nous recherchons sont présents, ce qui fait du nôtre un modèle si fiable. »

Ohad Birk, son étudiant en doctorat Daniel Halperin et leurs collaborateurs ont publié leur étude dans la revue Nature Communications.
Dans cet article, ils invitent tous les chercheurs qui souhaitent élever des souris porteuses de la mutation qu’ils ont identifiée à les contacter, en leur proposant de partager des instructions complètes. Leur animal « mutant » pourrait ainsi bientôt être utilisé à l’échelle internationale.