Un nouveau programme ambitieux réunit des dirigeants juifs pour façonner l’avenir du judaïsme
Imaginée par le président Herzog, l’initiative "Voix du peuple" veut rassembler une diversité de Juifs pour trouver ensemble des solutions aux défis du monde juif

HAIFA – L’enthousiasme était palpable dans le hall de l’hôtel où les participants au tout premier sommet de la Voice of the People (Voix du Peuple ou VoP) échangeaient autour des solutions possibles aux grands défis du monde juif.
Pour les nombreux membres du nouveau conseil, composé de dirigeants juifs du monde entier sélectionnés par un algorithme informatique, l’instant était porteur de promesses, même si certains doutaient de la faisabilité concrète de l’initiative.
« L’équipe dans laquelle j’ai été placée rassemble des personnes brillantes, issues de parcours très variés, à différentes étapes de leur vie, qui travaillent ensemble à imaginer des idées audacieuses pour rapprocher le judaïsme israélien et la diaspora », explique l’auteure et chercheuse américaine Malka Simkovich.
« Nous avons commencé à cerner les défis à relever, mais chacun a son propre rythme et ses propres attentes quant à la rapidité de notre travail. Notre ambition est de lancer un projet d’envergure, qui prendra au moins un an et demi pour voir le jour. Honnêtement, je ne sais pas encore à quoi m’attendre. »
Imaginée par le président Isaac Herzog, VoP vise à unir les communautés juives mondiales et à leur donner les moyens d’agir, en élaborant ensemble une vision pour l’avenir du judaïsme.
Herzog a décrit ce sommet comme une sorte de « Davos juif », en référence à la célèbre rencontre annuelle du Forum économique mondial en Suisse, qui réunit des investisseurs, des politiques et des entrepreneurs pour débattre des grands défis mondiaux.
Pendant cinq jours, 150 membres du conseil – 50 d’Israël, 50 d’Amérique du Nord et 50 d’autres régions du monde – ont participé à des sessions avec des responsables politiques, des universitaires et des dirigeants communautaires, avant de se répartir en groupes de travail chargés de définir les problématiques et de proposer des solutions sur une période de deux ans.
« Nous réalisons à quel point le peuple juif est une seule nation, avec une incroyable diversité culturelle et des défis variés », souligne Noa Rakel Perugia, étudiante de 23 ans originaire de Rome.

Les organisateurs espèrent faire de VoP un rendez-vous récurrent, avec une nouvelle cohorte à chaque cycle. Ils comptent sur cette mise en commun des idées pour faire émerger des solutions innovantes.
« En venant d’Australie, où l’antisémitisme explose, ça fait du bien de se retrouver avec des Juifs qui partagent les mêmes préoccupations et veulent construire un avenir commun », témoigne Jeremy Leibler, président de la Zionist Federation of Australia. « Les organisateurs ont bien insisté : ils ne voulaient pas des figures habituelles du monde juif institutionnel. Il y a ici des personnes incroyablement inspirantes qui ont eu un vrai impact par leurs actions. »
Le président Herzog avait annoncé le lancement du programme en avril 2023, au moment où des centaines de milliers d’Israéliens descendaient chaque semaine dans la rue pour protester contre les projets du gouvernement visant à remanier le système judiciaire. À l’époque, les sondages révélaient que l’unité du peuple juif était perçue par beaucoup comme le principal défi à relever.
Le projet avait été suspendu pendant six mois après le pogrom du 7 octobre 2023, mené par le groupe terroriste palestinien du Hamas dans le sud d’Israël, qui a déclenché la guerre en cours. Il a ensuite été relancé, a indiqué Shirel Dagan-Levy, PDG de VoP.
« Quand nous avons relancé le programme en mars-avril, il a fallu tout remettre à plat », explique-t-elle. « Avant le 7 octobre, l’antisémitisme arrivait seulement en sixième ou septième position des priorités. Aujourd’hui, après avoir interrogé 10 000 personnes dans six pays, il est passé au premier rang. »

La VoP a donc choisi de concentrer ses efforts sur cinq axes majeurs : l’antisémitisme, les relations entre Israël et la diaspora, la polarisation et le dialogue, les relations entre Juifs et non-Juifs, et enfin l’héritage, l’éducation et l’identité juive. Le conseil est soutenu par l’Agence juive pour Israël, avec le soutien philanthropique des fondations Wilf Family, Azrieli et Patrick and Lina Drahi.
Inspirée par l’écosystème technologique israélien, Herzog a insisté pour que tous les processus soient guidés par les données et tirent parti de l’innovation technologique. Dans cet esprit, VoP a développé un algorithme qui a permis de filtrer les quelque 1 500 candidatures reçues et de sélectionner les participants selon plus de 100 critères.
« Nous avons réuni un groupe incroyablement divers, âgé de 19 à 82 ans, allant de laïcs à ultra-orthodoxes, et comprenant des créatifs, des entrepreneurs et des innovateurs issus des mondes de la tech, de l’éducation, des médias et de l’art », a expliqué Shirel Dagan-Levy. « Pour imaginer des solutions créatives et innovantes, nous avons besoin d’une véritable diversité autour de la table. »
Le programme VoP fonctionne d’ailleurs comme un véritable accélérateur de start-ups, avec des étapes précises. Les groupes disposent de six mois pour définir leurs axes de travail et mener leurs premières recherches, avant de passer à une phase de développement d’un MVP (produit minimum viable). Ensuite, un projet concret devra être lancé et mis en œuvre, avec un soutien stratégique et financier.

Si certains ont critiqué le programme, lui reprochant de s’attaquer à des défis historiques avec des objectifs flous, de nombreux participants apprécient cette liberté de départ, sans cadre rigide.
« C’est précisément ce qui est si intéressant. On nous a donné un thème, et c’est à nous d’imaginer ce qu’on veut en faire », explique le rabbin Benji Levy, éducateur à la tête de plusieurs plateformes impliquées dans différents domaines du monde juif.
Quoi qu’il en soit, Isaac Herzog se réjouit déjà de voir cette énergie collective se mettre en mouvement.
« Depuis que j’ai présidé l’exécutif de l’Agence juive, ce qui me porte, c’est cette question : comment aider les Juifs à mieux se comprendre et à prendre conscience qu’ils appartiennent à une même nation ? », a déclaré Herzog aux journalistes. « Pensez-vous que les Juifs israéliens connaissent réellement les Juifs de la diaspora ? Même les olim en Israël constatent que leurs enfants ne comprennent pas les Juifs de la diaspora. L’enjeu fondamental, c’est de créer un espace où chacun peut se retrouver et réfléchir ensemble à la manière de préserver notre identité commune. »
... alors c’est le moment d'agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont de l’importance, alors aidez-nous en rejoignant la communauté du Times of Israël.

Nous sommes ravis que vous ayez lu X articles du Times of Israël le mois dernier.
C'est pour cette raison que nous avons créé le Times of Israel, il y a de cela onze ans (neuf ans pour la version française) : offrir à des lecteurs avertis comme vous une information unique sur Israël et le monde juif.
Nous avons aujourd’hui une faveur à vous demander. Contrairement à d'autres organes de presse, notre site Internet est accessible à tous. Mais le travail de journalisme que nous faisons a un prix, aussi nous demandons aux lecteurs attachés à notre travail de nous soutenir en rejoignant la communauté du ToI.
Avec le montant de votre choix, vous pouvez nous aider à fournir un journalisme de qualité tout en bénéficiant d’une lecture du Times of Israël sans publicités.
Merci à vous,
David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel