Un officiel américain exhorte Israël à renforcer l’AP pour empêcher sa chute
Hady Amr, qui se trouve actuellement en Israël, a indiqué que les États-Unis attendaient de Jérusalem l'avancée de projets qui ont été promis
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Un haut-responsable de l’administration Biden qui se trouve en Israël, cette semaine, a vivement demandé aux officiels des agences de sécurité israéliennes de mettre en œuvre des initiatives susceptibles de renforcer l’Autorité palestinienne (AP) alors que les inquiétudes concernant un éventuel effondrement de cette dernière sont croissantes, a fait savoir un membre des services de sécurité proche du dossier au Times of Israel, samedi.
Le secrétaire d’État-adjoint aux Affaires israéliennes et palestiniennes, Hady Amr, a transmis ce message au cours de plusieurs réunions avec des responsables israéliens et notamment au cours d’un entretien avec les plus hauts commandants de l’armée, a dit la source qui a confirmé ainsi des informations rendues publiques par la Treizième chaîne.
Amr a déclaré que les États-Unis s’attendaient à ce qu’Israël mette en œuvre des projets qui avaient été promis et qui visent à améliorer la vie des Palestiniens et à renforcer l’économie palestinienne, a poursuivi la source.
Les inquiétudes d’Amr face à l’AP surviennent alors que le chef du Shin Bet, Ronen Bar, a averti le Premier ministre désigné Benjamin Netanyahu, au début de la semaine, que le gouvernement palestinien pourrait s’effondrer, ce qui entraînerait une détérioration de la situation sécuritaire.
Ces derniers mois, les responsables israéliens de la sécurité ont mis en garde contre une perte de contrôle de l’AP dans le nord de la Cisjordanie, en particulier dans les villes de Naplouse et de Jénine.
Un effondrement ou un démantèlement complets de l’AP serait susceptibles d’entraîner de lourdes contraintes pour Israël, obligeant le pays à prendre en charge les affaires sécuritaires et civiles dans les zones qui sont actuellement placées sous son contrôle.
Cela fait longtemps que l’armée reconnaît le mérite de la coordination sécuritaire avec l’AP dans la prévention des attentats terroristes en Cisjordanie et en Israël et, plus récemment, des responsables israéliens de la sécurité ont noté le rôle crucial tenu par la police de l’Autorité palestinienne dans l’offensive israélienne contre le groupe terroriste de la Fosse aux Lions, dans le nord de la Cisjordanie.
Mais Ramallah et Washington maintiennent que cette coopération sécuritaire ne peut pas avoir lieu isolément et qu’elle doit être complétée par des initiatives qui pourront renforcer le statut économique et diplomatique de l’Autorité – des initiatives qu’Israël risque de ne plus véritablement vouloir prendre une fois que le gouvernement attendu de Netanyahu, composé de partis de droite, d’extrême-droite et religieux, arrivera au pouvoir.
Bezalel Smotrich, député d’extrême-droite, veut prendre la tête du ministère de la Défense. Il a fait part de son soutien à la dissolution de l’AP et à l’annexion de larges pans de la Cisjordanie, et il est défavorable l’idée d’accorder l’égalité des droits aux Palestiniens qui vivent en Cisjordanie dans ce contexte.
Lors d’une rencontre avec Netanyahu, au début de la semaine, l’ambassadeur américain au sein de l’État juif, Tom Nides, a laissé entendre que l’administration Biden était opposée à la nomination de Smotrich à ce poste de premier plan, selon un responsable proche du dossier.
Nides n’a pas mentionné spécifiquement le nom de Smotrich mais il a vivement recommandé à Netanyahu de réfléchir avec soin à la personnalité qu’il désignera à cette fonction au vu des conséquences que cette nomination aura sur les politiques israéliennes en Cisjordanie, a ajouté l’officiel.
L’insistance placée par Smotrich sur sa nomination à la Défense a entraîné une impasse dans les négociations de coalition de Netanyahu, qui aurait dit au député d’extrême-droite qu’il devait faire attention dans son choix du ministre de la Défense, l’administration Biden s’attendant à ce qu’Israël maintienne des politiques modérées concernant les constructions dans les implantations et le traitement des Palestiniens.
De son côté, le leader de la faction Otzma Yehudit Itamar Ben Gvir, qui s’est présenté aux élections sous l’étiquette de Hatzionout HaDatit, a réclamé le portefeuille de la Sécurité intérieure qui supervise la police. Une demande qui inquiète l’opposition israélienne ainsi que la communauté internationale au vu des antécédents incendiaires du député d’extrême-droite, avec notamment des condamnations pour soutien apporté à un groupe terroriste et pour incitation au racisme.