Eliezer Berland accusé d’encourager une patiente à refuser de soigner son cancer
L'avocat de la victime accuse le rabbin délinquant sexuel, qui dirige une secte de partisans dévoués et souvent violents, d'homicide involontaire
La police a ouvert une enquête sur le rabbin Eliezer Berland à la suite d’un rapport d’enquête selon lequel il aurait dit à une fidèle, atteinte d’un cancer, de ne pas accepter de traitement médical et de lui verser plutôt de l’argent pour qu’elle puisse vivre.
Après la mort de sa fille à la suite de ce conseil, Nurit Ben Moshe a déposé une plainte auprès de la police jeudi, son avocat soutenant que la conduite de Berland constituait un homicide involontaire.
« Je suis ici pour qu’aucune mère ne souffre comme j’ai souffert et pour que [Berland] paie pour ce qu’il a fait », a déclaré Mme Ben Moshe à la Treizième chaîne, à l’extérieur du poste de police.
L’enquête se concentrera sur l’obtention d’informations privilégiées de la part des partisans de Berland, une tâche difficile car ils forment un cercle fermé et ont tendance à être extrêmement dévoués à leur chef. Beaucoup d’entre eux ont pris des mesures violentes et menacé ceux qui parlent contre Berland.
Le reportage de l’émission « HaMakor » de la Treizième chaîne le mois dernier expliquait comment Berland avait ordonné à la fille de Ben Moshe de renoncer au traitement de son cancer et de lui verser plutôt des milliers de shekels pour qu’il prie pour sa guérison.
Il lui a notamment demandé de suivre un régime alimentaire simple comprenant des soupes à base uniquement de légumes oranges, ce qui, selon le rapport, a eu un impact négatif important sur sa santé.
Après les efforts intensifs de Mme Ben Moshe, Berland a finalement donné le feu vert à sa fille pour qu’elle consulte un médecin, mais le cancer était alors déjà à un stade trop avancé pour la sauver.
Le rapport d’enquête comporte de nombreuses séquences cachées, dont celle de Mme Ben Moshe qui remet des milliers de shekels à Berland pour qu’il prie pour sa fille.
Berland est connu depuis longtemps pour prendre des « pidyonim » – des contributions en échange de bénédictions. Lors de visites nocturnes et entouré de dizaines d’adeptes, Berland se présente fréquemment dans les hôpitaux israéliens à travers le pays, sans la présence du personnel, pour bénir les malades, d’après les images téléchargées par ses disciples.
Dans un cas, des journalistes ont raconté l’histoire d’une femme déclarée en état de mort cérébrale, avec Berland promettant de la ranimer contre une somme de 20 000 shekels (5 000 euros).
Les militants qui ont parlé au Times of Israel dans le passé ont cité plusieurs cas d’adeptes qui, disent-ils, ont vendu leur maison ou se sont endettés pour ces bénédictions, dans ce qu’ils considèrent comme de l’extorsion par un dirigeant ayant une influence indue sur ses partisans.
Les dons – fournis par des adultes ostensiblement consentants à un acte religieux – ne sont pas illégaux au regard de la loi israélienne.
Longtemps considéré comme un chef de file sectaire par des milliers de ses partisans, Berland a fui Israël en 2013 alors qu’il était accusé d’avoir agressé sexuellement plusieurs femmes. Après s’être soustrait à son arrestation pendant trois ans et s’être enfui dans divers pays, Berland, 81 ans, a été condamné à 18 mois de prison en novembre 2016 pour deux chefs d’attentat à la pudeur et une affaire d’agression, dans le cadre d’une négociation de peine qui prévoyait sept mois de détention. Il a été libéré cinq mois plus tard, en partie à cause de problèmes de santé.
Depuis lors, il a repris ses activités en tant que chef de la communauté Shuvu Bonim, une ramification de la communauté hassidique Breslev, qui a été désavoué unanimement par la dynastie Breslev.
Marissa Newman a contribué à cet article.