Un rappeur arabe israélien appelle à voter pour écarter la droite
"Soit nous votons, ou nous finissons en dehors de la patrie", chante Nafar dans la chanson intitulée "Tamer doit voter"
Tamer Nafar, le rappeur arabe israélien polémique du groupe DAM, a sorti mercredi un clip vidéo appelant les membres de sa communauté à voter aux prochaines élections de la Knesset.
« Soit nous votons, ou nous finissons en dehors de la patrie », chante Nafar dans la chanson, intitulée « Tamer doit voter ».
Une bonne partie de la chanson – présentée dans une vidéo où il se bat contre son double – traite des sentiments de déchéance ressentis par les communautés arabes, où le taux de participation aux élections est habituellement plusieurs points plus bas que parmi les Juifs israéliens.
Nafar évoque, entre autres raison de l’abstention, la négligence du gouvernement envers les communautés arabes.
« Se sont-ils occupés de la pauvreté ? Nous ont-ils apporté des écoles et des emplois ? Après tout, nous les voyons seulement pendant les élections », a-t-il chanté.
Les Arabes représentent environ 20 % de la population d’Israël, et les partis dirigés par des Arabes remportent généralement entre 10 et 13 sièges à la Knesset, mais leur influence politique sur la scène nationale a été toujours été limitée parce qu’ils restent en dehors d’un gouvernement de coalition. (Leur participation aux élections locales est habituellement de dizaines de points supérieurs que pour les électeurs juifs).
Un récent sondage a montré que la participation arabe serait peut-être légèrement plus forte cette année, avec plus de 73 % des personnes interrogées qui ont déclaré vouloir voter. En 2015, 63,5 % des électeurs arabes ont participé aux élections, à comparer aux 76 % parmi les électeurs juifs.
Aussi bien le Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu que Kakhol lavan ont exclu de former une coalition avec des partis arabes après les élections.
Netanyahu a été accusé de faire jouer la question raciale en faisant campagne sur l’idée que ses opposants feront un accord avec des partis arabes.
Nafar chante pourtant qu’un taux de participation plus fort aidera à retirer du pouvoir Netanyahu et d’autres partis de droite après une décennie à la tête du pays.
« Si notre vote efface Liberman, met Bibi en prison, alors nous sommes prêts », a-t-il chanté en mentionnant Netanyahu par son surnom et Avidgor Liberman d’Yisrael Beytenu.
« Alors dites à Bennett, dites à Shaked que je ne vais pas bouger… dites au soutiens de Kahane que je ne vais pas bouger. Je voulais boycotter, mais j’ai décidé que je ne voulais pas rester en dehors », a-t-il dit en s’adressant aux politiciens de droite Naftali Bennett et Ayelet Shaked de HaYamin HaHadash et dans une probable référence au parti extrémiste Otzma Yehudit.
« Cela n’a pas de sens pour moi d’abandonner un outil quand je n’ai presque pas d’outils, alors je vais aller voter », dit-il à la fin de la chanson.
Nafar a grandi dans les années 1990 dans la ville mixe arabe juive de Lod. Il était fan et s’est inspiré du rappeur américain polémique Tupac Shakur.
Lui et son groupe de rap DAM se sont confrontés à la ministre de la Culture Miri Regev et d’autres Israéliens de droite, qui ont déclaré que certaines de ses chansons fournissent une justification au terrorisme.
« Lors de chaque crise, ils m’ont soutenu et ont représenté ma douleur et la votre. Quand Miri a essayé de me faire sortir de scène, ils étaient avec moi », a-t-il chanté, probablement en référence aux Juifs israéliens libéraux qui l’ont soutenu.