Un réserviste tué à Gaza obtient un doctorat à titre posthume
Ce diplôme de l'université de Tel Aviv a été remis à la veuve et aux parents de Zechariah Haber, 32 ans ; le jeune biologiste cherchait à améliorer la productivité des récoltes sous les climats difficiles - et d'autres continueront son travail
Le sergent-chef réserviste Zechariah Pesach Haber, 32 ans, qui avait été tué il y a six mois lors de combats dans la bande de Gaza, a reçu, à titre posthume, son doctorat à l’université de Tel Aviv – un diplôme venu rendre hommage, jeudi, à ses recherches portant sur l’amélioration de la productivité des récoltes dans des pays où les conditions climatiques sont particulièrement difficiles.
Ce biologiste et père de trois enfants, qui était originaire de Jérusalem, servait au sein du 87e Bataillon de la 14e Brigade des blindés quand il avait été tué dans la bataille en date du 16 janvier. Il était mort au champ d’honneur aux côtés du sergent-major Yair Katz, un réserviste de 34 ans qui habitait Holon.
Sa veuve, Talia, et ses parents, Miriam et Aharon Haber, ont accepté le diplôme venant distinguer le travail de leur fils – la remise du précieux sésame a été accompagnée par une standing ovation de la part du public qui se trouvait dans la salle. Plus de 300 autres doctorants et leurs familles assistaient à la cérémonie.
« Nous avons serré la main du recteur qui nous a ensuite remis son diplôme », a raconté la mère du défunt, Miriam, après la cérémonie. « Nous sommes fiers de lui et de ce qu’il a accompli – même si cette fierté conserve un goût d’amertume ».
Elle a expliqué que la famille éprouvait de la gratitude à l’égard de l’université « qui lui a si joliment rendu hommage » et à l’égard des autres doctorants et des autres familles « pour leur démonstration immense de soutien ».
Haber travaillait, pour son doctorat, au sein du laboratoire du docteur Nir Sade, installé à l’université. Le titre de sa thèse était « Approche de la biologie des systèmes concernant la résistance au stress et les caractéristiques de rendement dans les récoltes ».

Sade a expliqué que cette thèse se penchait sur les moyens qui permettent d’améliorer la productivité des récoltes sous des climats difficiles – « un sujet qui est une priorité pour les chercheurs en biologie du monde entier », a-t-il ajouté.
« A l’avenir, je voudrais pouvoir étudier en profondeur les végétaux marins, les plantes du désert ainsi que les récoltes potentielles du futur, pour nous permettre de lutter contre la désertification qui s’intensifie, de lutter contre la perte de la biodiversité et la rareté de l’eau », avait confié Haber dans un entretien accordé en 2021 au Journal of American Society of Plant Biologists .
Sade a ajouté que le travail de Haber se concentrait principalement sur le blé – notamment le blé sauvage – et sur les tomates.
« Il utilisait la biologie computationnelle, le génie génétique et une grande variété d’autres instruments de mesure », a raconté Sade. « Ses découvertes importantes ont été publiées dans des journaux de premier plan et elles ont d’ores et déjà grandement influencé notre domaine de spécialité ».

Haber était né aux États-Unis et il avait immigré en Israël avec sa famille lorsqu’il avait huit ans. Il était l’aîné d’une fratrie de quatre garçons.
Après le lycée, il avait étudié à la Hesder Yeshiva Har Etzion, à Alon Shvut. Il avait rédigé une encyclopédie talmudique qui sera publiée par son séminaire religieux.
Après son service militaire obligatoire au sein du Corps des blindés, il avait passé deux diplômes en sciences des végétaux à la faculté d’Agriculture de l’Université hébraïque à Rehovot.
Haber avait étudié la photosynthèse – ce processus grâce auquel les plantes et les algues transforment l’énergie du soleil en glucide, explique le professeur Shilo Rosenwasser de l’université Hébraïque, dont Haber avait été le premier étudiant.
« C’était quelqu’un de très spécial sous de nombreux aspects et cela se percevait dans les résultats de son travail », commente Rosenwasser. Des résultats « qui ont été d’une qualité rare chez un étudiant si jeune qui faisait ses premiers pas dans la science ».
« Il avait une curiosité insatiable », a expliqué Miriam – « mais par-dessus tout le reste, c’était quelqu’un de gentil ».
Dans le laboratoire où étudiait Haber à l’université de Tel Aviv, le travail de ce dernier « sera utilisé pour de futures recherches », a dit Sade.