Un responsable évangélique réagit aux propos explosifs de Trump sur Netanyahu
"Ne nous faites pas choisir entre vous et Israël", a averti un ex-conseiller du président américain, qui est aussi leader évangélique, dans un courrier adressé à son ancien patron
Un important responsable évangélique a demandé à l’ex-président américain Donald Trump de mettre un terme à son conflit avec l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, disant qu’il mettait en péril le soutien dont il bénéficie parmi les chrétiens américains.
Mike Evans, ancien conseiller de Trump, très proche de Netanyahu, a envoyé un courrier à son ex-patron – une missive qui a été partagée avec le Washington Post – dans lequel il déclare avoir été « horrifié » par les propos récents qui auraient été tenus par l’ancien président des États-Unis.
Cette lettre est rendue publique après la diffusion d’entretiens entre Trump et le journaliste israélien Barak Ravid – des interviews dans lesquelles Trump critique Netanyahu avec férocité en raison des félicitations envoyées par le haut-responsable israélien au président Joe Biden après sa victoire à la Maison Blanche, l’année dernière.
Trump déclare que le message de félicitations de Netanyahu est arrivé trop rapidement après l’annonce des résultats des élections – des résultats qu’il continue, à ce jour, à contester.
« Ça a été très rapide. Beaucoup plus tôt que la plus grande partie [des autres dirigeants]. Je ne lui ai pas adressé la parole depuis. Fuck him [Qu’il aille se faire fou…tre], a déclaré l’ancien président américain.
Dans d’autres extraits des entretiens qui ont été rendus publics, Trump affirme que c’est Netanyahu, et non le côté Palestinien, qui a été le principal obstacle à la paix, et que Netanyahu avait entraîné la fureur de Trump et l’avait pris au dépourvu avec son plan d’annexion d’une grande partie de la Cisjordanie.
« Je vous en prie, je vous en supplie, ne nous obligez pas à choisir entre vous et les terres de la Bible », dit le courrier de Mike Evans, selon le Post. « Il est impossible que vous l’emportiez à nouveau si les évangéliques, qui ont foi dans la bible, vous considèrent comme le président ‘Fuck Netanyahu’ qui… blâme l’État d’Israël, et non les Palestiniens, pour l’échec de la paix ».
Evans a imploré Trump de « comprendre que Benjamin Netanyahu », de son point de vue, « compte un plus grand nombre de soutiens en Amérique que vous ».
Evans, qui dirige le groupe « Jerusalem Prayer Team », qui s’enorgueillit de 77 millions d’abonnés environ, avait déjà pris, dans le passé, la défense de Netanyahu.
Au début de l’année, quand la coalition commençait tout juste à se mettre en place entre Naftali Bennett et Yair Lapid pour écarter Netanyahu du pouvoir, Evans avait averti qu’une telle initiative était susceptible de faire perdre à Israël le soutien des chrétiens américains.
Il avait évoqué l’alliance naissante de « coalition d’anti-sionistes arabes et de post-sionistes » qui « brandira le drapeau blanc » et s’inclinera devant l’islam radical ».
« Bibi Netanyahu est le seul homme dans le monde à unir les évangéliques », avait-il affirmé.
Evans avait aussi écrit une lettre ouverte à Bennett, le qualifiant de « déception répugnante » et l’accusant « de cracher au visage » des évangéliques américains.
Il avait ultérieurement présenté ses excuses, disant que Bennett « s’est révélé être un sioniste déterminé lors de la majorité de nos entretiens, et il mérite le respect ».
Netanyahu, ces dernières années, avait décidé de davantage s’appuyer, aux États-Unis, sur le soutien des évangéliques américains que sur celui de la communauté juive – largement libérale et critique d’Israël.
Un choix politique qui était apparu clairement, cette année, quand l’ancien ambassadeur à Washington Ron Dermer avait suggéré qu’Israël devait accorder la priorité au soutien « passionné et sans équivoque » des chrétiens évangéliques au détriment de celui des Juifs américains qui, selon l’ex-envoyé, « figurent de manière disproportionnée parmi nos critiques ».
D’autres leaders évangéliques ont adopté une approche plus nuancée des propos de Trump que cela n’a été le cas d’Evans, tout en déplorant manifestement cette querelle entre les deux hommes.
« Le soutien des évangéliques à Israël est ancré dans notre tradition biblique qui transcende la politique et les personnalités », a déclaré Sandra Parker, présidente du fonds d’action au sein du groupe Christians United for Israel, le plus important lobby pro-israélien des États-Unis, au Post dans un courriel, mardi.
Johnnie Moore, un ancien responsable de la Liberty University qui avait aidé à organiser le conseil évangélique de Trump en 2016, a estimé que les évangéliques américains ne devaient pas l’abandonner.
« La relation entre les évangéliques américains et Bibi a été antérieure à la relation avec le président Trump de nombreuses, très nombreuses années », a-t-il expliqué. « Mais Bibi était Premier ministre israélien et Trump a été président des États-Unis. Il y a en cela une différence entre les deux aux yeux des Américains », a-t-il indiqué, se référant à Netanyahu en utilisant son surnom.
D’autres ont fait remarquer que même si les informations étaient vraies, cela ne diminuait en rien toutes les actions entreprises par Trump en faveur de l’État juif, avec notamment la reconnaissance de Jérusalem en tant que capitale d’Israël, la relocalisation de l’ambassade américaine dans la ville sainte, le retrait des Américains de l’accord sur le nucléaire conclu avec l’Iran et la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan.
« Même si les propos qui auraient été tenus par Trump l’ont réellement été, cela ne diminue en rien la réalité – qui est que les politiques du président Trump ont été les plus pro-israéliennes de toute l’Histoire des États-Unis », a commenté Robert Jeffress, un célèbre pasteur de l’église baptiste de Dallas qui avait dirigé une prière lors de l’ouverture de l’ambassade américaine à Jérusalem, en 2018.