Un soldat en permission parmi les personnes arrêtées suite à l’attaque d’Umm Safa
Le soldat qui était en permission a été arrêté par la police après les émeutes et remis à l'agence de sécurité intérieure du Shin Bet pour un interrogatoire plus approfondi
Un soldat israélien qui n’était pas en service était l’un des quatre suspects arrêtés pour une violente attaque de résidents d’implantations menée samedi contre un village palestinien en Cisjordanie.
Plusieurs dizaines de résidents d’implantations ont en effet saccagé le village d’Umm Safa, incendiant des véhicules et des maisons.
« Des informations font état de citoyens israéliens mettant le feu à des propriétés palestiniennes », a indiqué l’armée dans un communiqué, ajoutant qu’un soldat avait été blessé.
Ces attaques ont débuté mardi, jour d’une fusillade terroriste menée par des terroristes du groupe terroriste palestinien du Hamas. L’attaque avait fait 4 morts près de l’implantation d’Eli.
Selon l’armée israélienne, le soldat qui était en permission a été arrêté par la police après les émeutes et remis à l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet pour un interrogatoire plus approfondi.
Plus tôt dans la journée de samedi, trois autres suspects ont été arrêtés, selon la presse. Tsahal a déclaré qu’un suspect avait été arrêté par les troupes au milieu des émeutes à Umm Safa et remis à la police.
Selon la radio de l’armée, les résidents d’implantations s’étaient rendus au village d’Umm Safa pour mener une attaque. Les juifs pratiquants ne conduisent pas le jour de Shabbat, à moins qu’il ne s’agisse d’une situation de vie ou de mort, sur la base du principe juridique juif de pikouah nefesh, qui l’emporte sur presque toutes les autres exigences religieuses.
Footage shows settlers, some masked, opening fire at Palestinians in the village of Umm Safa during the attack earlier. pic.twitter.com/TwLuJwUm8z
— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) June 24, 2023
Plus tard samedi, le chef de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, le chef du Shin Bet, Ronen Bar, et le chef de la police Kobi Shabtaï ont publié une déclaration conjointe condamnant fermement la récente série d’attaques des résidents d’implantations contre les Palestiniens en Cisjordanie, les qualifiant de « terrorisme nationaliste dans le sens plein et entier du terme. »
« Les forces de sécurité travaillent contre ces émeutiers, risquant la vie de soldats de Tsahal, d’officiers de la police israélienne et d’officiers du Shin Bet. Cette violence accroît le terrorisme palestinien, nuit à l’État d’Israël et à la légitimité internationale des forces de sécurité pour lutter contre le terrorisme palestinien, et détourne les forces de sécurité de leur mission principale contre le terrorisme palestinien », ont déclaré les trois hauts responsables.
« L’armée israélienne, le Shin Bet et la police israélienne se sont engagés à continuer d’agir avec détermination et avec tous les moyens à notre disposition pour maintenir la sécurité et la loi en Judée-Samarie. Tsahal détournera et augmentera ses forces pour empêcher de tels incidents en Judée-Samarie, et le Shin Bet étendra les arrestations, y compris les détentions administratives contre les émeutiers qui agissent de manière violente et extrême à l’intérieur des villages palestiniens », indique le communiqué.
Tsahal a admis avoir « échoué » à arrêter d’autres émeutes de résidents d’implantations ces derniers jours.
Le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, a indiqué que les soldats avaient tenté d’empêcher les résidents israéliens d’attaquer Turmus Ayya, mais leur nombre était insuffisant.
« Lors de la première vague, nous n’avions pas suffisamment de forces dans le secteur qu’ils (les assaillants) avaient choisi », a-t-il déclaré aux journalistes vendredi. « Nous avons échoué cette fois-ci », a reconnu Hagari.
Des habitants de Turmus Ayya ont dit à l’AFP avoir vu 200 à 300 Israéliens prendre d’assaut leur village, attaquant les habitants et endommageant des dizaines de maisons et de voitures.
Vendredi, une délégation de plus de 20 représentants de missions diplomatiques, dont celles de l’Union européenne (UE) et des Etats-Unis, s’est rendue dans le village vendredi pour inspecter les dégâts.
Parmi eux, le représentant de l’UE dans les Territoires palestiniens, Sven Kuehn von Burgsdorff, a reproché à Israël de ne pas respecter ses obligations en matière de protection des Palestiniens.
« Il n’y a eu aucune tentative ou effort pour arrêter les colons (israéliens) », a-t-il déclaré.
De nombreux Palestino-américains qui résident à Turmus Ayya ont manifesté leur colère face à l’inaction de Washington.
« Nous sommes impuissants », a déclaré à l’AFP Yaser al-Kam, 33 ans. « Je parle au nom de cette ville paisible où 80 à 90 % des habitants sont des citoyens américains ». « Nous avons des passeports, est-ce qu’il compte ce passeport ? ».
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Volker Türk, a estimé vendredi que « les derniers meurtres en date et la violence, ainsi que la rhétorique incendiaire, ne servent qu’à plonger les Israéliens et les Palestiniens plus profondément dans l’abîme ».
Quelques heures après l’attaque terroriste de mardi menée près de l’implantation d’Eli où quatre Israéliens ont été abattus dans une station-service, un nombre inconnu de résidents d’implantations ont saccagé plusieurs villes palestiniennes du nord de la Cisjordanie, dont Huwara, théâtre d’une autre émeute meurtrière résidents d’implantations plus tôt cette année et là encore dans le sillage d’une attaque terroriste.
Le lendemain, des centaines de résidents d’implantations ont également traversé les villes palestiniennes de Turmus Ayya et Urif – peu de temps après l’enterrement des victimes de l’attaque – tirant sur les habitants, incendiant des maisons, des voitures et des champs et terrorisant les habitants.
La police israélienne a annoncé vendredi avoir arrêté quatre personnes en lien avec les violences, sans donner plus de détails. Ils étaient interrogés par l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet.
Les tensions entre Israéliens et Palestiniens sont vives dans toute la Cisjordanie depuis un an et demi, l’armée effectuant des raids presque quotidiens en Cisjordanie, au milieu d’une série d’attentats terroristes palestiniens meurtriers.
Depuis le début de l’année, les attaques palestiniennes en Israël et en Cisjordanie ont fait 24 morts, dont les victimes de mardi. Au cours de l’année écoulée, des hommes armés palestiniens ont ciblé à plusieurs reprises des troupes effectuant des raids d’arrestation, des postes militaires, des implantations israéliennes et des civils sur les routes, en particulier dans le nord de la Cisjordanie.
Selon un décompte du Times of Israel, 134 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués au cours de cette période, la plupart lors d’affrontements avec les forces de sécurité ou lors d’attaques, mais certains étaient des civils non impliqués.