Une activiste qui a interdit une édition d’Anne Frank apparaît dans un live antisémite
La présidente de la section de Floride de Moms For Liberty n'est "pas désolée" d'être apparue sur TruNews, propriété du conspirationniste Rick Wiles
JTA – Une organisatrice du groupe militant d’extrême-droite Moms For Liberty de Floride, qui a réussi à faire pression sur son district scolaire pour qu’il retire une version du Journal d’Anne Frank, a récemment participé à un livestream banni de YouTube en raison de l’antisémitisme du pasteur qui l’animait.
Jennifer Pippin, qui préside la section du groupe dans le comté d’Indian River, en Floride, a participé en septembre à l’émission TruNews, animée par le prédicateur de la fin des temps Rick Wiles. Wiles est un théoricien du complot qui a affirmé que les Juifs et les sionistes ont « attaqué la culture chrétienne » et s’est emporté contre le « lobby juif » et les « rabbins sorciers de la Kabbale ».
Wiles, qui comme Pippin est basé en Floride, a également déclaré : « C’est ainsi que les Juifs fonctionnent, ils sont des trompeurs, ils complotent, ils mentent, ils font tout ce qu’ils doivent faire pour accomplir leur programme politique », affirmant qu’Israël « était derrière l’assassinat du président John F. Kennedy ».
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En 2019, il avait déclaré : « Ce ne sont pas les musulmans qui vont nous tuer. Ce sont les Juifs. »
L’année suivante, il a qualifié la première tentative de destitution de Donald Trump de « coup d’État juif », ajoutant que les Juifs allaient « tuer des millions de chrétiens » après avoir renversé le président. L’administration Trump avait crédité le diffuseur à de multiples reprises, ce qui avait entraîné une importante réaction de rejet de la part des groupes juifs. La chaîne a été définitivement bannie de YouTube en 2020 en raison des diatribes antisémites de Wiles.
S’adressant à la Jewish Telegraphic Agency, Pippin a déclaré qu’elle n’était pas au courant de l’antisémitisme de Wiles avant de participer à son émission et qu’elle n’aurait pas accepté si elle l’avait su.
« Honnêtement, je n’ai jamais entendu parler de lui auparavant », a-t-elle déclaré. « Et je n’étais pas au courant de ce qu’il a dit contre certaines communautés ou organisations ou quoi que ce soit de ce genre. »
Pourtant, lorsqu’on lui a demandé si elle regrettait d’être apparue sur TruNews, Pippin a répondu : « Absolument pas. Non. » Elle a précisé qu’elle n’approuvait pas nécessairement les opinions de toutes les personnes à qui elle parle de ses efforts pour s’assurer que les bibliothèques des établissements scolaires ne contiennent que des documents « adaptés en fonction de l’âge ».
« Mon interview était une représentation de moi et de notre travail avec Moms For Liberty », a-t-elle déclaré. « Ce n’est pas parce que quelqu’un a dit ou fait quelque chose il y a des années avec lequel je ne suis pas d’accord que, parce que j’ai fait une interview avec lui, je suis d’accord avec chaque petite chose qu’il a dite ou que son organe de presse a publié. »
Bien que Moms For Liberty compte quelques membres juifs dans sa direction, le groupe emprunte une grande partie de sa rhétorique aux organisations nationalistes chrétiennes et une section locale a cité Hitler dans ses communications aux parents. Le mouvement des « droits des parents » que représente le groupe a largement ciblé les livres sur la race, le genre et l’identité sexuelle, mais certains livres juifs et sur la Shoah ont également été pris dans la nasse.
Au printemps dernier, le district scolaire de Pippin, sur la côte atlantique de l’État, a fait la Une des journaux nationaux lorsqu’il a accepté de retirer le Journal d’Anne Frank : L’adaptation graphique dans les lycées. Un porte-parole avait alors déclaré à la JTA que la version illustrée du Journal d’Anne Frank en 2018 était « un roman de fiction » et « n’était pas adaptée à l’âge des élèves ».
Depuis, l’opposition au livre n’a fait que croître. Un parent juif d’un autre district scolaire de Floride a déposé avec succès un recours pour le retrait du livre le mois dernier, tandis qu’un enseignant de collège au Texas a récemment été licencié pour avoir apparemment assigné et lu à haute voix des passages de l’ouvrage. Des politiciens et d’autres personnalités publiques ont depuis affirmé que la description de l’attirance d’Anne Frank pour une autre fille et de ses propres organes génitaux dans le livre relevait de la « pornographie » ; un média local de Floride a affirmé que Pippin avait qualifié le livre de « sexuellement explicite » dans son combat.
Pippin a déclaré à la JTA que la citation qui lui avait été attribuée était incorrecte et qu’elle ne s’opposait pas au contenu sexuel du livre, qu’elle reconnaissait provenir du l’ouvrage original d’Anne Frank. « Je ne l’ai pas contesté pour le contenu sexuellement explicite parce que c’est en réalité ce qu’elle a écrit. C’est ce qu’elle pensait pendant son adolescence, pendant la Shoah. »
Elle a dit qu’elle s’était opposée à la présence du livre dans son lycée pour une raison différente : il s’agissait d’une version très abrégée du texte original du journal, et elle et un groupe local d’éducation à la Shoah pensaient conjointement que les lycéens devraient plutôt être en mesure de lire l’original.
« Ils ont convenu que ce seul livre, l’adaptation graphique, devrait être retiré de façon permanente parce qu’ils estimaient que les enfants du secondaire devraient lire le véritable Journal d’Anne Frank, et non l’adaptation graphique, pour obtenir les informations réelles et factuelles du journal », a déclaré Pippin, ajoutant qu’elle soutenait une éducation à la Shoah « adaptée à l’âge des élèves » dans les écoles.
Pippin a déclaré que Wiles l’avait contactée pour lui poser des questions sur sa contestation du Journal d’Anne Frank en particulier, bien qu’elle ait dit qu’elle ne pensait pas que ses questions sur le livre étaient de nature antisémite et qu’ils n’avaient pas discuté du livre au cours de leur conversation en direct.
Portant un tee-shirt Moms For Liberty, Pippin s’est entretenue avec Wiles pendant une trentaine de minutes lors de son émission, promouvant principalement le travail de son groupe, que Wiles a déclaré soutenir pleinement. « Je ferai tout ce que je peux pour vous aider », lui a-t-il dit. « Je vous aiderai à collecter de l’argent, à vous organiser, et à obtenir un procès contre le conseil scolaire. »
Wiles a introduit son entretien avec Pippin en déclarant : « Les communistes marxistes mènent une guerre contre les enfants innocents de l’Amérique dans presque tous les États des États-Unis. Ils ont infiltré les districts scolaires locaux et les bibliothèques publiques de notre nation. » Il conclut en comparant les batailles de Moms For Liberty avec les conseils scolaires à la Révolution française, ajoutant : « Si nous n’y mettons pas fin très rapidement, aucun d’entre nous ne va survivre au cours des dix prochaines années, parce que ces gens sont violents. (…) Ils s’en prennent à nos enfants maintenant. »
Pippin a déclaré à la JTA qu’elle n’était pas d’accord avec la façon dont Wiles qualifiait son activisme et qu’elle avait essayé d’orienter la conversation vers les livres.
TruNews est diffusée sous diverses formes depuis plus de vingt ans, et Wiles s’en est pris aux musulmans et aux personnes issues de la communauté LGBTQ ainsi qu’aux Juifs au fil du temps. Ces dernières semaines, depuis sa diffusion avec Pippin et l’attaque du groupe terroriste palestinien du Hamas contre Israël le 7 octobre, Wiles a posté presque exclusivement des contenus visant le « sionisme impie, athée et antéchrist » sur les réseaux sociaux et a appelé le gouvernement israélien à « arrêter le pogrom palestinien ».
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