Enquête à l’UC Santa Barbara après le harcèlement de la présidente juive des étudiants
Le Département américain de l'Éducation a ouvert une nouvelle enquête au Titre IX après la publication, par Tessa Veksler, d'images montrant des affiches la menaçant placardées sur le campus
JTA – Le département américain de l’Éducation a ouvert une enquête pour discrimination visant l’Université de Californie, à Santa Barbara, un mois après que la présidente du gouvernement étudiant – qui est juive – a partagé des images montrant des affiches menaçantes à son encontre placardées par des activistes sur le campus.
Ces investigations au sein de l’UCSB, dont le Département a annoncé le lancement mardi, sont les dernières en date entreprises dans le cadre des enquêtes fédérales au Titre VI qui ont visé des universités et des districts scolaires américains depuis le début de la guerre qui oppose actuellement Israël au Hamas.
Le Département avait aussi annoncé, cette semaine, l’ouverture d’une nouvelle enquête concernant le Comté des écoles publiques d’Howard, dans le secteur de Baltimore.
Les raisons ayant motivé ces investigations restent indéterminées. Le Bureau des droits civils (OPR) du Département s’est récemment engagé à commencer à publier en ligne les textes de toutes les plaintes donnant lieu à des enquêtes, ce qui n’était pas encore le cas mardi après-midi.
Le Département de l’Éducation, l’UCSB et le Comté des écoles publiques d’Howard n’avaient pas répondu à une demande de commentaire au moment de la rédaction de cet article.
Toutefois, un incident antisémite public a récemment eu lieu à l’USCB – lorsque la présidente des instances étudiantes, Tessa Veksler, qui est juive, a publié sur Instagram des affiches placardées sur le campus qui la visaient directement, au mois de février.
« Tu peux courir mais tu ne pourras pas te cacher, Tessa Veksler, », était-il écrit sur l’une d’elles. « Tessa Veksler soutient le génocide », disaient de nombreuses autres. « Renvoyez la sioniste de son poste », ajoutait encore une affiche. Une autre l’accusait d’être « raciste » et « sioniste ».
Encore une autre, qui ne se référait pas spécifiquement à Veksler, contenait la phrase : « Quand des peuples sont occupés, la résistance est justifiée », une formule qui, selon les critiques, vise à absoudre le Hamas pour son attaque meurtrière qui avait été commise le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, qui avait fait près de 1 200 morts. Veksler avait aussi attiré l’attention sur la phrase « les sionistes ne sont pas bienvenus », une phrase écrite à côté d’une mezuzah accrochée à la porte d’un dortoir.
« Comment les étudiants juifs peuvent-ils se sentir en sécurité lorsqu’ils voient une responsable juive prise explicitement pour cible ? », a écrit Veksler sur son post. « C’est déshumanisant et c’est un incident qui s’ancre dans l’antisémitisme. »
Veksler est la fille d’un couple juif qui avait fui l’ancienne Union soviétique. Elle avait partagé les images accompagnées d’un hashtag lié au mouvement « End Jew Hatred » qui est dirigé par Brooke Goldstein, une conseillère juridique pro-israélienne.
Au moment des faits, les responsables de l’USCB avaient condamné les affiches dans un message qui avait été diffusé sur le campus et ils avaient fait savoir qu’ils allaient réexaminer cet incident sur la base des mêmes critères de discrimination qui seront utilisés par le Département de l’Éducation dans le cadre de son enquête.
« La diffusion de tels messages est une violation de nos principes de communauté et d’inclusion », disait le message écrit par les dirigeants de l’établissement supérieur, un courrier qui était notamment signé par son recteur, Henry Yang, et par Jeffrey Stewart, directeur par intérim du Bureau de la diversité, de l’équité et de l’inclusion.
La lettre ne mentionnait pas le nom de Veksler et ne donnait aucune indication sur la nature des affiches, ne précisant pas leur caractère antisémite. Elle concluait en disant que « nous espérons la fin des violences au Moyen-Orient. Nous appelons tous les membres de notre communauté à se traiter avec respect, avec attention et avec sensibilité les uns les autres ».
Si les investigations initiées au nom du Titre VI sont directement liées aux affiches qui ont visé explicitement Veksler, alors les enquêteurs de l’OCR seront dans l’obligation de déterminer si l’université aurait dû entreprendre plus d’actions pour freiner les activistes qui ont qualifié la présidente des étudiants de « sioniste » ou de « raciste » qui « soutient le génocide ».
Des enquêtes entreprises dans le passé ont obligé les écoles à accepter des ressources supplémentaires en faveur de leurs élèves juifs au risque, le cas échéant, de perdre leur financement fédéral.
Parmi les dizaines d’établissements scolaires ou universitaires qui sont actuellement sous le feu des projecteurs pour leur prise en charge des discours, sur les campus, sur la guerre entre Israël et Gaza, l’Université de Californie a été particulièrement mise en lumière, ces derniers temps.
Son campus de Berkeley a récemment accueilli une série de manifestations anti-israéliennes militantes et il a été l’épicentre d’un mouvement de protestation, initié par des professeurs, visant à attirer l’attention sur la question de l’antisémitisme. Le président de tout le système des Universités de Californie a alloué des fonds supplémentaires dans la lutte contre la haine antijuive et contre l’islamophobie sur tous ses campus et les universités ont récemment adhéré à l’Initiative sur le Climat des campus qui a été lancée par l’organisation Hillel International, et qui consiste en une série d’ateliers de travail visant à améliorer la connaissance et la détection de l’antisémitisme chez les employés de toutes les facultés.