Israël en guerre - Jour 374

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Une enquêtrice de l’ONU nie que l’expression « lobby juif » soit antisémite

Francesca Albanese a affirmé que les critiques la visant étaient "politiquement motivées" ; le ministère palestinien des Affaires étrangères a rejeté les condamnations

Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël

La rapporteuse spéciale des Nations unies, Francesca Albanese, s'adressant à l'ONU, en octobre 2022. (Crédit : YouTube)
La rapporteuse spéciale des Nations unies, Francesca Albanese, s'adressant à l'ONU, en octobre 2022. (Crédit : YouTube)

NEW YORK – Une responsable de l’ONU enquêtant sur les activités israéliennes dans les territoires palestiniens a déclaré jeudi que ses déclarations passées selon lesquelles le « lobby juif » contrôlait les États-Unis n’étaient pas antisémites.

Francesca Albanese, rapporteuse spéciale au Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens, avait déclaré lors du conflit de 2014 entre Israël et des groupes terroristes de Gaza que le « lobby juif » avait pris le contrôle des États-Unis, que le « lobby israélien » contrôlait la BBC et qu’Israël avait déclenché cette guerre par cupidité.

Le Times of Israel a retrouvé ces commentaires dans l’historique d’Albanese sur les réseaux sociaux et les a révélés dans un article publié mercredi.

Dans sa première déclaration publique depuis l’article, Albanese a dénoncé « une nouvelle attaque malveillante » contre son bureau et a déclaré que cette critique était motivée par une raison politique.

Elle a déclaré que ses commentaires avaient été « mal interprétés, et vus à tort comme antisémites », et que l’article était « une extrapolation décontextualisée et malhonnête ».

S’adressant à la mission américaine auprès de l’ONU à Genève, qui s’est dite « consternée » par son présumé antisémitisme, Albanese a déclaré : « Si quelqu’un ressent le besoin d’être ‘consterné’ par quelque chose, veuillez prendre en considération les 215 Palestiniens tués cette année. »

Il n’est pas clair à quelle statistique exactement elle faisait là référence. Selon les propres chiffres de l’ONU, 168 Palestiniens ont été tués cette année. Des responsables israéliens ont déclaré que beaucoup d’entre eux – mais pas tous – avaient été tués lors d’attaques ou lors d’affrontements avec les forces de sécurité.

Albanese a également déclaré que six « soldats et colons » israéliens ont été tués en 2022. Or, les attaques palestiniennes ont tué 31 personnes jusqu’à présent cette année.

« C’est une réalité que les attaques à motivation politique contre mon mandat tentent d’obscurcir », a-t-elle déclaré. « Je ne laisserai personne définir qui je suis et ce que je représente. »

Elle a promis des « éclaircissements supplémentaires » sur ses commentaires. Cependant, dans une précédente déclaration au Times of Israel, elle a reconnu des « erreurs » dans sa rhétorique passée, et a cherché à se distancier de ces remarques.

« Certains des mots que j’ai utilisés lors de l’offensive d’Israël sur la bande de Gaza en 2014 étaient malheureux, analytiquement inexacts et involontairement offensants », a-t-elle déclaré la semaine dernière. « Les gens font des erreurs. Je prends mes distances avec ces mots, que je n’utiliserais pas aujourd’hui. »

Le ministère palestinien des Affaires étrangères a également défendu Albanese jeudi, qualifiant la condamnation de ses propos d’« assaut coordonné ».

« De telles attaques coordonnées sont des tactiques anciennes et éprouvées qui ne doivent pas être considérées comme crédibles ou factuelles », a déclaré le ministère.

« De telles tentatives d’atteinte personnelle sont une preuve supplémentaire que les défenseurs de l’occupation israélienne et de ses crimes ainsi que les complices de ces crimes n’ont aucune réponse logique ou factuelle à apporter à l’évaluation juridique solide de Mme Albanese concernant la situation en Palestine », a-t-il déclaré, appelant à tous les pays et à l’ONU à rejeter les critiques sur son présumé antisémitisme.

Les rapporteurs spéciaux sont nommés par le Conseil des droits de l’homme et exercent leur mandat en toute indépendance. Le Conseil des droits de l’homme n’a pas répondu à une demande de commentaire.

Un responsable de l’ONU, Craig Mokhiber, directeur du Bureau des droits de l’homme de l’ONU à New York, a défendu Albanese, qualifiant la critique de « campagne de calomnie ridicule » et de « vieux truc éprouvé » et a laissé entendre que ses détracteurs étaient « mauvais ».

Les références aux Juifs et au supposé lobby juif exerçant un pouvoir disproportionné sont considérées comme antisémites, alors qu’elles rappellent des tropes anciennes et des théories du complot sur l’idée que les Juifs contrôleraient le monde en secret. Ces stéréotypes dépeignent également les Juifs comme cupides.

En plus de ces commentaires de 2014, Albanese a plus récemment comparé les Israéliens aux nazis, une vision considérée comme antisémite selon la définition largement acceptée de l’IHRA de l’antisémitisme, et a justifié la violence contre les Israéliens.

Ses déclarations ont été condamnées par Deborah Lipstadt, envoyée spéciale sur l’antisémitisme de l’administration Biden, par la mission américaine auprès de l’ONU à Genève, par la coprésidente du groupe de travail de la Maison américaine sur l’antisémitisme, par des responsables israéliens et par les principaux groupes juifs américains.

Lipstadt a déclaré que l’antisémitisme d’Albanese « portait gravement atteinte à la crédibilité du rôle du rapporteur spécial des droits de l’homme des Nations unies au sujet de la question des droits de l’homme dans le contexte d’Israël et des territoires palestiniens ».

« Une telle rhétorique antisémite flagrante – en particulier lorsqu’il s’agit d’un modèle établi – est tout simplement inacceptable », a déclaré Lipstadt.

La mission d’Israël auprès de l’ONU à Genève a appelé l’organisation mondiale à lutter contre l’antisémitisme dans ses rangs, qualifiant la haine des Juifs de « malveillance persistante qui infecte le Conseil des droits de l’homme des Nations unies depuis bien trop longtemps ». Les prédécesseurs d’Albanese ont également été durement critiques à l’égard d’Israël. Au moins l’un d’entre eux, Richard Falk, a également fait des déclarations antisémites par le passé.

Kathy Manning, représentante à la Chambre américaine, Démocrate de Caroline du Nord et coprésidente du groupe de travail bipartisan de la Chambre pour la lutte contre l’antisémitisme, a déclaré que la rhétorique d’Albanese était « complètement inacceptable et franchement choquante ».

Kathy Manning, représentante à la Chambre américaine, lors d’une conférence de presse au Capitole à Washington, le 19 juillet 2022. (Crédit : AP Photo/Mariam Zuhaib, File)

Elle a souligné le fait qu’Albanese avait juré dans sa candidature au poste de rapporteur qu’il n’y avait aucun fait, actuel ou passé, qui pourrait venir empiéter sur son autorité morale ou sa crédibilité.

« Elle a fait des déclarations qui n’étaient pas sincères dans sa candidature, ce qui, je pense, remet en question son aptitude à ce poste », a déclaré Manning au Times of Israel.

« Il existe également un code de conduite pour ceux titulaires d’un mandat, et je pense qu’elle a violé ce code de conduite », a déclaré Manning, qui s’est déjà prononcée contre les préjugés anti-Israël à l’ONU.

Des organisations juives américaines, dont la Ligue anti-diffamation, le B’nai B’rith International et le Congrès juif américain, ont condamné les déclarations antisémites d’Albanese. Le Centre Simon Wiesenthal a appelé l’ONU à exclure Albanese de son poste.

Les rapporteurs spéciaux de l’ONU sont censés être impartiaux, mais Albanese décrit Israël comme une entreprise coloniale et les Juifs d’Israël et présents lors du mandat britannique pré-étatique comme des intrus étrangers soumettant une population palestinienne indigène. Elle a justifié à plusieurs reprises la violence contre les Israéliens, exprimé son soutien à des groupes terroristes et rejeté le droit d’Israël à l’autodéfense.

Dans son premier rapport officiel à l’ONU cette année, elle a décrit Israël comme un oppresseur et a légitimé la « résistance » palestinienne. Elle reconnaît rarement le terrorisme palestinien.

Les commentaires d’Albanese sur le « lobby juif » font écho à des déclarations récentes d’un autre responsable de l’ONU qui travaille sur Israël.

En juillet, Miloon Kothari, membre de la commission d’enquête de l’ONU chargée d’enquêter sur des crimes israéliens présumés, a déclaré que les réseaux sociaux étaient « largement contrôlés par le lobby juif ». Il a également demandé pourquoi Israël était autorisé à participer à l’ONU. Il s’est ensuite excusé après avoir subi de fortes pressions, mais est resté à son poste.

Albanese a défendu Kothari, qualifiant la critique de ses propos « d’allégations absurdes d’antisémitisme » et de « campagne de diffamation ».

La commission d’enquête de Kothari a été décrite comme étant sévèrement critique à l’égard d’Israël, et les partisans du pays soulignent qu’elle ignore presque complètement le terrorisme palestinien.

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