Israël en guerre - Jour 562

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Une ministre offre des éléphants contre une tablette antique à un maire turc

Miri Regev a tenté de négocier le retour de l’Inscription de Siloam, prise par les Ottomans et qui se trouve toujours à Istanbul

Ilan Ben Zion est journaliste au Times of Israel. Il est titulaire d'une maîtrise en diplomatie de l'Université de Tel Aviv et d'une licence de l'Université de Toronto en études du Proche-Orient et en études juives

Une réplique de l'inscription de Siloam au musée d'Israël à Jérusalem. L'original se trouve au musée archéologique d'Istanbul (Crédit : יעל י CC BY-SA Wikimedia Commons)
Une réplique de l'inscription de Siloam au musée d'Israël à Jérusalem. L'original se trouve au musée archéologique d'Istanbul (Crédit : יעל י CC BY-SA Wikimedia Commons)

La ministre de la Culture Miri Regev a profité d’un voyage improvisé dans le sud de la Turquie pour assister à un match de basket-ball pour tenter un échange : deux éléphants contre une inscription ancienne provenant de Jérusalem, actuellement exposée dans un musée turc, considéré comme l’une des plus importantes inscriptions hébraïques antiques.

Regev a fait cette proposition dans une vidéo publiée en ligne sur le site d’un hebdomadaire hébreu-turc-anglais qu’elle a faite lors d’une discussion avec la maire de Gaziantep, Fatma Sahin mercredi.

Regev était en Turquie pour accompagner l’équipe de basket Ironi Nahariya qui jouait un match de Coupe d’Europe, après que les autorités turques ont insisté pour qu’un ministre soit présent afin que l’équipe puisse bénéficier de la protection de ses propres gardes armés.

Dans la vidéo, Sahin, une politicienne du parti AKP, qui est actuellement au pouvoir en Turquie, évoque le problème d’éléphant dans son zoo : elle n’en a qu’un, et elle en veut plus.

« Nous sommes prêts à négocier pour cela », a commenté la maire.

On peut entendre Regev dire à ses assistants et traducteurs, « nous allons faire un marché. Nous leur donnerons les éléphants, et ils nous donneront l’inscription d’Ezéchias ».

Regev se référait à l’inscription dite de Siloam, un texte hébreu antique vieux de 2 700 ans qui fournit une preuve historique concrète des faits décrits par le récit biblique sur la construction d’un tunnel qui a permis d’amener l’eau de la piscine de Siloam à la ville de David, sous le versant sud du mont du Temple, pendant le règne du roi Ezéchias.

La vidéo ne montre pas comment Sahin a répondu à cette proposition, mais les demandes précédentes pour récupérer l’inscription ont été refusées par le gouvernement turc, qui insiste sur le fait que c’est une propriété souveraine ottomane et que donc elle appartient à Ankara.

L’ancien président Shimon Peres avait demandé en 2007 au président turc de l’époque Abdullah Gül d’au moins prêter la tablette à Israël afin qu’elle puisse être exposée pour les célébrations du 70e anniversaire d’Israël. Bien que Gül ait répondu par l’affirmative, les Turcs n’ont jamais prêté la tablette en raison des tensions diplomatiques dues au blocus israélien de la bande de Gaza suite à la prise de pouvoir du Hamas dans l’enclave côtière.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a récemment déclaré qu’il avait proposé en 1998 d’échanger des antiquités turques qui se trouvent dans les musées israéliens contre l’inscription, mais cette offre a été refusée.

L'inscription de Siloam au musée d'archéologie d'Istanbul  (Crédit : deror_avi via Wikimedia Commons)
L’inscription de Siloam au musée d’archéologie d’Istanbul (Crédit : deror_avi via Wikimedia Commons)

L’inscription de Siloam est la preuve la plus importante qui confirme le récit biblique de la construction du tunnel d’Ezéchias et représente une preuve significative concernant le lien juif à Jérusalem en général.

L’inscription de six lignes rédigée en paléo-hébreu découverte dans le mur du tunnel décrit les deux équipes d’excavateurs, qui ont travaillé chacune aux extrémités opposées et qui se sont rejoints en son milieu, comme le racontent les récits bibliques dans les livres des Rois et des Chroniques.

Il est écrit: «…Voici l’histoire du creusement. Pendant que les tailleurs de la roche brandissaient leurs outils chacun en face de ses compagnons, un moment où manquaient trois coudées pour la perforation, la voix d’un homme fut entendue, demandant à son compagnon pourquoi il y avait une crevasse. À la droite… Le jour de la perforation, les mineurs frappèrent chacun pour rencontrer son compagnon… et les eaux s’écoulèrent de la source jusqu’à la piscine, environ 1 200 coudées. La roche était à 100 coudées au-dessus de la tête des tailleurs de la roche… »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à l'inauguration du nouveau campus d'archéologie à Jérusalem, le 19 octobre 2016 (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à l’inauguration du nouveau campus d’archéologie à Jérusalem, le 19 octobre 2016 (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)

Les personnes qui visitent le Tunnel de Siloam, où l’inscription a été découverte, peuvent observer une reproduction de l’inscription qui a été réinsérée dans le trou laissé lorsque le texte a été retiré.

L’inscription est l’une des trois anciennes inscriptions juives déterrées en Terre Sainte actuellement détenues par le musée d’archéologie d’Istanbul. Elle a été découverte en 1880 dans un tunnel taillé dans une colline de calcaire en dehors de la Vieille Ville à la fin du 8e siècle avant notre ère.

Peu de temps après la découverte de l’inscription, les autorités ottomanes l’emportèrent à Constantinople. La loi ottomane sur les antiquités de 1874 stipulait que tous les artefacts retrouvés dans l’empire étaient des biens de l’État.

Le calendrier de Gezer a été trouvé en 1908 – une inscription datant du 10e siècle avant notre ère décrivant le cycle agricole, considérée étant l’un des textes hébraïques les plus anciens – et l’inscription servant d’avertissement au temple a été trouvée en 1871, qui était sur le mont du Temple à Jérusalem.

Ces trois pièces archéologiques sont présentées comme étant les pièces les plus importantes du musée, mais ne sont souvent pas exposées.

Et bien que la Turquie ait lancé une campagne féroce ces dernières années pour assurer le rapatriement des antiquités qui auraient été volées à l’empire ottoman, Ankara refuse de rendre, et cela sans aucune ambiguïté, les artefacts du patrimoine juif à Israël.

Les relations diplomatiques entre Jérusalem et Ankara se sont réchauffées en 2016 après des années de détérioration des liens, mais le dégel tant attendu n’a pas changé le sort de l’inscription.

Israël n’a fait aucune nouvelle proposition formelle pour assurer son retour ou celle des deux autres inscriptions antiques qui sont au musée d’Istanbul depuis le dégel des relations.

Les diplomates israéliens en Turquie et à Jérusalem ont indiqué qu’il n’y avait aucun échange avec le gouvernement turc sur ce sujet, et un porte-parole de Netanyahu a déclaré qu’il n’y avait actuellement aucun effort mis en œuvre pour assurer le rapatriement des inscriptions.

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a déclaré en janvier que, bien qu’Israël ait manifesté à maintes reprises son intérêt pour le rapatriement de l’inscription de Siloam, la question n’est pas actuellement à l’ordre du jour.

« Nous aimerions en discuter avec la partie turque », a déclaré le porte-parole Emmanuel Nahshon. « Israël a exprimé beaucoup d’intérêt pour obtenir le retour de l’inscription en de nombreuses occasions, mais nous aurons certainement besoin de le remettre à l’ordre du jour avec les Turcs. Mais nous n’en sommes pas encore là. »

Miri Regev, au centre, s'adressant aux médias d'un vestiaire à Gaziantep, en Turquie, le 22 février 2017 (Crédit : Ministère des Sports)
Miri Regev, au centre, s’adressant aux médias d’un vestiaire à Gaziantep, en Turquie, le 22 février 2017 (Crédit : Ministère des Sports)

Regev, qui est également ministre des Sports, était à Gaziantep pour permettre à l’équipe de Nahariya d’avoir des gardes armés, car le Shin Bet avait initialement refusé d’autoriser l’équipe à se rendre dans la ville près de la frontière syrienne.

On a finalement donné l’autorisation à l’équipe de louer un avion pour se rendre directement à Gaziantep, à condition de ne pas y passer plus de temps que nécessaire et d’être sous la protection de gardes armés.

Mais les autorités turques ont indiqué que les gardes armés ne pouvaient être présents que pour accompagner un ministre d’un autre Etat et Regev a donc accepté de se joindre au voyage.

Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie, a été le théâtre de plusieurs attentats attribués à l’Etat islamique et aux rebelles kurdes.

La police de la ville a arrêté plus tôt ce mois-ci quatre personnes suspectés d’appartenir au groupe Etat islamique et a saisi des explosifs et des armes destinés à mener une attaque « sensationnelle », a rapporté l’agence de presse turque Dogan.

Dans un premier temps, le Shin Bet avait cité des circonstances sécuritaires « exceptionnelles » pour expliquer pourquoi il refusait d’autoriser le voyage.

Le joueur de basket Jonathan Skjoldebrand de l'équipe d'Ironi Nahariya (Crédit : Capture d'écran YouTube)
Le joueur de basket Jonathan Skjoldebrand de l’équipe d’Ironi Nahariya (Crédit : Capture d’écran YouTube)

Cependant, le ministère des Sports a fait appel de la décision, à la suite de laquelle Netanyahu a décidé de permettre à l’équipe de se rendre dans la ville, a déclaré un porte-parole Shin Bet.

Le porte-parole a déclaré que le niveau de menace n’avait pas changé, mais que l’agence prendrait les mesures pour assurer la sécurité de la délégation en coordination avec les forces locales.

Ironi Nahariya a perdu le match 80 à 65 mais a remporté par agrégat 161 à 155, ce qui leur a permis d’accéder aux quarts de finale de la coupe d’Europe.

Raoul Wootliff et l’AFP ont contribué à cet article.

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