Une société high-tech israélienne sur cinq a délocalisé des activités pendant la guerre
Selon l’Autorité de l’innovation israélienne, 50 % des startups risquent de manquer de fonds sous six mois, dus aux suspensions de vols et aux pénuries de personnel
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Une entreprise technologique et une startup israéliennes sur cinq ont transféré une partie de leurs opérations et de leur personnel à l’étranger ces derniers mois. La suspension des liaisons aériennes par plusieurs compagnies étrangères pendant la guerre a rendu les activités commerciales et la levée de capitaux particulièrement difficiles. Par ailleurs, au moins 50 % d’entre elles ont indiqué qu’elles seront à court de fonds d’ici six mois, selon une enquête réalisée par l’Autorité de l’innovation israélienne.
L’étude, menée en novembre auprès de 664 dirigeants d’entreprises technologiques, après les élections américaines et avant les cessez-le-feu avec le Liban et le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza, illustre les défis majeurs rencontrés pendant le conflit. L’obtention de financements essentiels reste le problème le plus urgent, aggravé par les perturbations causées par le service de réserve militaire prolongé, les annulations de vols et la prudence des investisseurs internationaux.
« Nous voyons des entreprises qui peinent non seulement à lever des capitaux ou à atteindre leurs objectifs de développement et de vente, mais aussi à fonctionner dans un environnement profondément perturbé par la situation sécuritaire, les mobilisations massives de réservistes et les restrictions de vol, qui compliquent la gestion des relations internationales », a déclaré Dror Bin, PDG de l’Autorité de l’Innovation d’Israël. (IIA).
« L’ensemble de l’écosystème – gouvernement, investisseurs et entreprises – doit s’unir pour garantir l’avenir de cette industrie. Elle représente non seulement un moteur essentiel de croissance économique, mais aussi un symbole de l’innovation et du leadership d’Israël sur la scène internationale. »
Bin a mis en garde le gouvernement, affirmant qu’il n’était « plus temps de faire des compromis ».
« Cette crise doit être saisie comme une opportunité pour renforcer les infrastructures, améliorer l’environnement des affaires et augmenter les investissements dans les entreprises en croissance. Cela permettra au secteur high-tech israélien de retrouver une trajectoire de croissance rapide et de prospérité », a-t-il ajouté avec insistance.
La dépendance de l’économie israélienne à l’égard du secteur technologique s’est fortement accrue ces dix dernières années. Aujourd’hui, ce secteur représente près de 20 % du PIB israélien, contre moins de 10 % aux États-Unis et environ 6 % dans l’Union européenne. Environ 14 % de l’ensemble des employés israéliens travaillent dans des entreprises technologiques ou dans des fonctions technologiques au sein d’autres secteurs. Les produits et exportations de haute technologie représentent près de 50 % du total des exportations israéliennes.

L’enquête menée par l’IIA, responsable des politiques technologiques de la nation, auprès des fondateurs de startups et d’entreprises technologiques a révélé que de nombreuses entreprises locales recrutaient en novembre des employés ou agents étrangers, délocalisaient leur personnel et établissaient des bureaux à l’étranger.
Les transporteurs internationaux ont suspendu à plusieurs reprises leurs vols vers Israël depuis le début de la guerre avec le Hamas, déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste le 7 octobre 2023. Ces derniers mois, les compagnies aériennes américaines ont entièrement suspendu leurs vols à destination et en provenance d’Israël.
Près de 75 % des startups et entreprises technologiques interrogées ont déclaré que les suspensions de vols et les possibilités limitées de voyager à l’étranger avaient entravé leur capacité à mener des affaires et à lever des fonds à l’international. Par conséquent, 80 % des entreprises technologiques sondées ont indiqué qu’elles devaient impérativement lever des fonds dans les six prochains mois, un chiffre qualifié « d’alarmant » par l’IIA.
Entre 2021 et 2022, environ 80 % des investissements en capital-risque dans les startups technologiques israéliennes ont été réalisés par des fonds étrangers.
Des milliers de travailleurs du secteur technologique et de fondateurs de startups ont été mobilisés dans l’armée pour de longues périodes depuis le 7 octobre 2023, date du pogrom perpétré par le Hamas dans le sud d’Israël, où les terroristes du groupe ont assassiné plus de 1 200 personnes et kidnappé 251 autres.
Environ un tiers des startups et des entreprises technologiques interrogées ont rapporté que les mobilisations répétées au service de réserve et les absences prolongées des employés avaient gravement affecté leurs activités quotidiennes. Cela a provoqué des retards dans le développement des produits et des difficultés à respecter les échéances fixées.

Pour les mois à venir, 70 % des entreprises interrogées se disent prudemment optimistes quant à la croissance de leurs ventes. Près de la moitié prévoient également une augmentation de l’emploi, tant en Israël qu’à l’étranger, tout en continuant à s’adapter à un environnement difficile, notamment par des mesures de réduction des coûts.