Une société israélienne réussit à faire pousser des semences dans un sol salin
Avec un 5e des terres agricoles mondiales trop salées pour la culture, les tests de SaliCrop en Inde et en Israël montrent que ses semences donnent jusqu'à 32 % de récoltes de plus
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Israël est déjà célèbre dans le monde entier pour la culture des poivrons et des tomates dans les conditions arides et salées du désert.
Aujourd’hui, une entreprise israélienne a trouvé un moyen innovant de permettre à un large éventail de cultures, dont le riz, le blé et le coton, de pousser sur des sols salins à une grande échelle commerciale.
Dimanche, Dotan Borenstein est allé avec son équipe de SaliCrop, basée à Kfar Vitkin, dans le centre d’Israël, semer des graines de carottes dans des champs expérimentaux en terre saline près de la frontière de Gaza.
Les carottes sont particulièrement sensibles au sel, et dans cette région, la terre est devenue plus salée au fil du temps parce que les eaux usées recyclées sont utilisées pour l’irrigation.

À moins qu’elles ne soient naturellement adaptées au sel, la plupart des plantes souffrent et même meurent si le sol est trop salé.
La salinité est causée par de nombreux facteurs, dont certains sont d’origine humaine.
Les sels sont dispersés dans le sol par des produits chimiques ajoutés à l’eau potable, par des engrais, des herbicides et des pesticides et même par les eaux usées recyclées, largement utilisées dans l’agriculture israélienne.
Le changement climatique encourage également la salinisation.
Avec la montée du niveau des mers, l’eau salée est de plus en plus capable de pénétrer dans les aquifères souterrains d’eau douce et de se déverser dans les zones côtières de basse altitude, lors de tempêtes dont l’intensité devrait augmenter.

En mai, un cyclone au Bangladesh a submergé plus de 4 000 kilomètres carrés de terres sous l’eau de mer.
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture estime qu’environ un cinquième des terres irriguées du monde sont déjà trop salines pour la culture, ce qui représente une perte de quelque 12 milliards de dollars par an.
Avec la nécessité de nourrir une population mondiale croissante, chaque centimètre de terre devient plus précieux.
SaliCrop estime qu’elle est en avance sur son temps avec une solution qui permet de livrer très rapidement les semences traitées sur le marché. Elle n’implique ni modification génétique, qui peut prendre 15 ans pour lever les obstacles réglementaires, ni sélection, qui peut prendre six à sept ans.
Avec la méthode de SaliCrop, les graines sont trempées dans un cocktail chimique, dans des conditions très strictes, et peuvent être livrées au marché pour être plantées presque immédiatement. Différents cocktails sont préparés pour différentes variétés de semences.
https://youtu.be/tphMsUQDOl4
Les produits chimiques déterminent le comportement de divers gènes.
Selon des essais en plein champ en Israël et en Inde (ces derniers en sont déjà à leur troisième année), le brevet augmente les rendements de 13 à 32 %.
Le PDG Borenstein, 50 ans, qui est né au kibboutz Hanita dans le nord-ouest d’Israël, est un ancien pilote de chasse de l’armée israélienne et un ancien vice-président de l’investisseur en technologies propres Hutchison Kinrot.
Il a déclaré au Times of Israel que SaliCrop avait finalisé la preuve du concept et de l’extensibilité commerciale pour 12 cultures, et qu’elle est maintenant en expansion.

La société a conclu un accord pour un projet pilote visant à appliquer son traitement aux nouvelles variétés de semences de céréales et de légumes mises au point par une grande université agricole de Mexico pour aider les agriculteurs locaux, et elle est sur le point de signer un accord avec une grande organisation australienne qui soutient les producteurs de céréales dans l’ouest du pays, frappé par la sécheresse.
SaliCrop recherche des partenariats avec des producteurs de semences et des organisations à but non lucratif et entreprendra une nouvelle levée de fonds l’année prochaine.