Une tribune d’universitaires et de personnalités pour défendre la mémoire d’Auschwitz
Les 137 signataires mettent en garde contre l’amalgame entre le nazisme et les actions d’Israël, qui conduit à relativiser l’ampleur et la nature de la Shoah

Le journal Libération a publié, le 19 février 2025, une tribune signée par un collectif d’universitaires et de personnalités, qui dénonce les comparaisons abusives entre la situation à Gaza et la Shoah, faites régulièrement par des militants anti-Israël. Intitulée « Défendre la mémoire d’Auschwitz pour les combats d’aujourd’hui », ce texte fait suite en particulier à des déclarations lors d’un colloque organisé le 25 janvier par l’Union juive française pour la paix (UJFP) et le « collectif juif décolonial » Tsedek, deux organisations d’extrême-gauche opposés à Israël.
Les 137 signataires, parmi lesquels figurent l’historien Benjamin Stora, l’historienne Sophie Wahnich, le sociologue Michel Wieviorka ou encore le philosophe Francis Wolff, mettent en garde contre l’amalgame parfois fait par l’extrême-gauche entre le nazisme et les actions d’Israël, qui conduit à relativiser l’ampleur et la nature de la Shoah. « La comparaison entre les massacres perpétrés à Gaza, réponse inacceptable à ceux du 7 octobre, et l’extermination systématique d’une population, ce que symbolise Auschwitz, n’est pas admissible », affirment-ils.
Ils dénoncent notamment des propos tenus par le médecin français Rony Brauman lors du colloque du 25 janvier, qui a déclaré que « Gaza va supplanter Auschwitz dans ce qui relève de la métaphore de la cruauté absolue » et que « la mémoire d’Auschwitz apparaît comme une espèce de crachat à la figure des Palestiniens ». Pour les auteurs de la tribune, ces propos sont d’une « extrême gravité » et participent à une distorsion inacceptable de l’histoire, en exprimant « l’idée qu’Israël fait pire que le nazisme ».
En rappelant que « la référence à la Shoah et à sa mémoire doit demeurer un élément essentiel du combat, non seulement contre l’antisémitisme, mais aussi contre tous les racismes et contre l’extrême droite », les signataires appellent à une vigilance accrue face aux dérives de la mémoire historique et aux discours qui pourraient en détourner le sens.
Ce texte s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes autour de la mémoire de la Shoah et de son instrumentalisation dans les sociétés contemporaines. Ses auteurs entendent ainsi rappeler l’importance de préserver l’exactitude historique face aux instrumentalisations politiques des extrêmes.