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USA : Le Airbnb pour piscines privées plonge au cœur de l’économie de partage

Bunim Laskin, juif orthodoxe américain de 22 ans, a fondé Swimply pour louer des piscines du quartier - et laisser ses 11 frères et sœurs s'éclabousser de plaisir

  • Bunim Laskin, fondateur de l'application Swimply, à San Francisco, le 10 septembre 2019. (Melanie Lidman/Times of Israel)
    Bunim Laskin, fondateur de l'application Swimply, à San Francisco, le 10 septembre 2019. (Melanie Lidman/Times of Israel)
  • Jeunes filles jouant dans une piscine près du kibboutz Beit Govrin près de Jérusalem, le 10 octobre 2011. (Nati Shohat/Flash90)
    Jeunes filles jouant dans une piscine près du kibboutz Beit Govrin près de Jérusalem, le 10 octobre 2011. (Nati Shohat/Flash90)
  • Baignade dans une piscine privée à San Jose, Californie, louée sur l'application Swimply, le 10 septembre 2019. (Robert Ungar/Times of Israel)
    Baignade dans une piscine privée à San Jose, Californie, louée sur l'application Swimply, le 10 septembre 2019. (Robert Ungar/Times of Israel)

C’était la piscine privée parfaite : jacuzzi télécommandé, lumières sous-marines, bouée géante en forme de cygne, eau turquoise brillante sous le soleil de Californie. Nous nous sommes rendus à la maison d’un étranger à San José, sommes entrés par la porte latérale et avons plongé dans la piscine. Mais nous n’étions pas des intrus, nous étions des locataires.

Une nouvelle application pour la location de piscines privées appelée Swimply [contraction des mots anglais pour « nager » et « simplement »] fonctionne comme un Airbnb pour piscines. Il met en relation des personnes souhaitant profiter d’une piscine avec des voisins qui en ont une dont ils se servent peu.

Bunim Laskin, juif orthodoxe qui a grandi en Israël jusqu’à l’âge de 15 ans, est le fondateur et PDG de Swimply. Il a quitté la yeshiva pour fonder l’entreprise avec une équipe de cinq autres juifs orthodoxes.

L’entreprise a vu le jour lorsque Bunim, l’aîné de 12 frères et sœurs, est rentré de sa yeshiva de Jérusalem pendant les vacances d’été et s’est senti étouffé dans la maison de banlieue de ses parents à Lakewood, New Jersey.

« A Jérusalem, tout est très en plein air, vos enfants sont souvent à l’extérieur de la maison, donc le problème n’était pas aussi évident », raconte Bunim un mardi matin ensoleillé à San Francisco, où il rencontrait des investisseurs en capital-risque pour lever plus de fonds. « Quand nous avons déménagé en Amérique, les distances ne sont pas si proches, les parcs sont à des kilomètres, et ma famille s’est souvent retrouvée confinée dans la maison. Les transports [pour 14 personnes] sont compliqués, et les activités qui coûtent 10 dollars par personne font monter l’addition quand on est 14 personnes. »

À côté, une voisine venait de terminer la construction d’une piscine pour ses petits-enfants, et Bunim avait remarqué qu’elle était vide la plupart du temps, sauf lorsque les petits-enfants lui rendaient visite.

« Je lui ai demandé si ma famille pouvait utiliser la piscine », relate Bunim. « Elle a dit oui, mais a réalisé que cela lui coûterait beaucoup d’argent [en entretien], alors elle a passé un marché avec ma famille pour que nous payions 25 % de ses dépenses à la fin du mois. En deux semaines, elle avait passé le même marché avec six autres familles de mon quartier. Tout le monde lui versait 25 %, donc elle gagnait 150 % sur sa piscine. Elle ne couvrait pas seulement ses dépenses, elle faisait des bénéfices. »

Bunim Laskin, fondateur de l’application Swimply, à San Francisco, le 10 septembre 2019. (Melanie Lidman/Times of Israel)

« Toute l’atmosphère de mon quartier a changé », se souvient Bunim au sujet de l’été 2017. « Tout le monde était désormais en dehors de la maison, tout le monde nageait ». Il a dit que le sentiment de claustrophobie qu’il ressentait dans la maison s’est transformé en une fête informelle dans le quartier.

Bunim se demande alors s’il peut reproduire l’expérience au niveau régional ou national. C’est là que naît un site web de partage de piscines, alors appelé PoolForU.

Toute bonne start-up a sa légende fondatrice, et celle de Laskin ne fait pas exception. Armé de cette idée et de l’argent de sa bar-mitsva, Laskin parcourt Google Earth et identifie 80 personnes dans sa région qui disposent d’une piscine privée. Il fait du porte-à-porte, demandant aux résidents si rejoindre son site de partage de piscine les intéresserait. Comme il le rapporte, 76 personnes prospectées lui ont claqué la porte au nez, mais quatre d’entre eux acceptent de le tester. En deux semaines, 30 personnes inscrivent leur piscine, et 150 autres personnes en font de même pour les louer à l’heure. Une semaine plus tard, PoolForU est présenté sur MSNBC, voit son trafic exploser et plante.

Bunim retourne à Jérusalem et à la yeshiva en 2017, mais abandonne quelques mois plus tard. Il est revenu en Amérique et a décidé de se lancer dans l’entreprise. Swimply a été lancé le 4 juillet 2018 dans la région des trois États de New York. Une application simplifiée et plus conviviale, lancée le 15 juillet dernier, a permis à l’entreprise de prendre de l’expansion à l’échelle nationale.

La société a concentré ses efforts dans la région des trois États ainsi qu’à Miami Beach, Los Angeles, Dallas et Houston. Dans ces zones, Swimply fait appel à une entreprise d’entretien de piscines pour effectuer une inspection sanitaire des piscines et s’assure également de visiter le site ou d’avoir un appel vidéo avec les propriétaires des piscines pour vérifier que les piscines existent et sont comme le montrent les photos. À terme, toutes les piscines seront vérifiées et inspectées, bien que l’entreprise soit toujours en train d’agrandir son équipe de service à la clientèle et n’ait pas encore les ressources nécessaires pour vérifier toutes les piscines.

Laskin et les six membres principaux de son équipe ont actuellement l’intention de s’étendre en Australie, où l’été débutera le mois prochain.

Les six membres principaux de l’équipe sont des Juifs orthodoxes et certains sont des amis de lycée de Laskin. Le co-fondateur Asher Weinberger, un peu plus âgé que les 22 ans qui forment la majorité de l’équipe Swimply, conseille également l’Institut Haredi pour les affaires publiques en Israël afin d’encourager plus d’ultra-orthodoxes à entrer dans le domaine high-tech.

M. Laskin a déclaré que le port d’une kippa et de tzitzit lorsqu’il se rend à des réunions avec des investisseurs dans la Silicon Valley peut parfois constituer une barrière sociale, même s’il a constaté que son apparence religieuse extérieure rend les gens plus susceptibles de lui faire confiance rapidement.

Trop cool pour une piscine

Depuis le relancement de l’application cet été, Swimply compte maintenant près de 2 000 piscines hôtes et plus de 17 000 utilisateurs qui ont téléchargé l’application. Le gisement le plus rentable, situé au cœur de Brooklyn, a rapporté environ 12 000 dollars cet été, tandis que d’autres sites dans des régions populaires ont rapporté de 4 000 à 7 000 dollars, selon M. Laskin. La plupart des piscines prennent beaucoup moins. Swimply prélève des frais de réservation auprès des nageurs et 15 % de la location auprès des propriétaires de la piscine.

Selon les commodités, les piscines coûtent de 40 dollars l’heure pour une petite piscine familiale à plus de 300 dollars l’heure pour une piscine avec vue imprenable, un bain bouillonnant ou avec des possibilités de barbecue.

La plupart des réservations sont faites par des familles ou de petits groupes d’amis, généralement moins de huit personnes, qui réservent une piscine pour le jour même ou le lendemain pendant environ deux heures. D’autres sont de grands groupes qui réservent la piscine pour toute la journée.

Certains se tournent vers l’application en raison de pratiques religieuses, car de nombreux Juifs orthodoxes ou musulmans pratiquants peuvent se sentir moins à l’aise dans les piscines publiques où la baignade est mixte. La location avec Swimply leur permet de profiter de la piscine en privé avec leur famille.

De jeunes Palestiniennes venues de Bethléem, en Cisjordanie, profitent de la plage à Tel Aviv, le 23 mars 2014. Illustration. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Cependant, un nombre croissant d’utilisateurs de Swimply a étonné Laskin et ses co-fondateurs : des moniteurs de natation qui offrent des cours privés. À l’avenir, M. Laskin indique que l’application pourrait offrir des services pour aider les clients à trouver à la fois une piscine et un instructeur.

L’âge moyen des propriétaires des piscines est de 35 ans, et seulement 20 % ont plus de 50 ans. M. Laskin a déclaré que de nombreux hôtes utilisent l’application pour rentabiliser la piscine, même s’ils sont riches.

« C’est plutôt un point sensible », dit Laskin. « Les propriétaires construisent la piscine, et au début c’est beau, c’est génial, c’est magnifique. Les statistiques sur son utilisation d’année en année diminuent considérablement. Les propriétaires de piscines ne se servent que rarement de leurs piscines, et cela devient un gouffre financier. Donc, cela leur rappelle constamment, sur une base hebdomadaire, ce que coûte la piscine.

« Swimply est un moyen pour eux de récupérer les frais. La plupart de nos hôtes s’inscrivent sur Swimply pour rendre leur piscine gratuite [pour eux], en disant ‘nous allons juste la louer jusqu’à ce qu’elle couvre les dépenses' », explique-t-il.

Contrairement à d’autres applications d’économie de partage comme Airbnb ou Uber, où il y a beaucoup d’interaction entre les clients et les hôtes, Swimply essaie de minimiser le contact entre les propriétaires de piscine et les utilisateurs de la piscine. Seulement 60 % environ des hôtes proposent des salles de bains ou l’accès à la maison. Pour le reste des piscines, on suppose que les nageurs viendront, resteront un peu et partiront, sans jamais parler au propriétaire de la piscine.

J’ai réservé ma piscine à l’aide de la fonction de réservation instantanée de l’application, ce qui signifie qu’après avoir payé, j’ai immédiatement reçu l’adresse de l’hôte et les instructions pour avoir accès à la piscine. J’ai essayé de joindre l’hôte via le service de messagerie de l’application, mais je n’ai jamais eu de réponse. Elle ne m’a envoyé un message que lorsque nous avions presque une heure de retard pour une fenêtre de deux heures (merci aux embouteillages de la Baie). Elle nous a donné le code WiFi, nous a montré la porte de la salle de bain (à travers sa chambre), et est retournée regarder la télévision.

Baignade dans une piscine privée à San Jose, Californie, louée sur l’application Swimply, le 10 septembre 2019. (Robert Ungar/Times of Israel)

Le fait que nous ayons eu des échanges avec Mary, la propriétaire de la piscine, était exceptionnel pour l’expérience Swimply : 80 % des hôtes de piscine ne rencontrent jamais les baigneurs, d’après Laskin.

M. Laskin indique que l’objectif est double : cela simplifie le processus pour les hôtes, ce qui signifie qu’ils n’ont pas besoin de passer du temps à répondre aux messages et à coordonner les détails, ce qui peut prendre beaucoup de temps, comme l’attestent de nombreux hôtes Airbnb. Cela contribue également à donner l’impression aux clients qu’ils apprécient leur propre piscine privée, plutôt que d’être un invité chez quelqu’un.

Partagez votre voiture, partagez votre vélo, partagez votre piscine

M. Laskin a déclaré que les locations de piscines privées de Swimply « démocratisent le luxe », en permettant à un plus grand nombre de personnes de profiter d’un avantage auquel seul un petit nombre d’entre elles peuvent généralement accéder. Bien que les piscines puissent être chères à l’heure, si le coût est partagé entre amis, le prix par personne chute. Laskin, un jeune homme de 22 ans au visage frais, voit Swimply comme la progression naturelle d’une société qui devient plus intelligente en matière de propriété.

Swimply est une application parmi une mer de partage d’applications économiques, allant de l’utile à l’étrange, essayant de maximiser l’utilisation d’un produit nécessaire, la plupart d’entre eux situés aux États-Unis. Avec Turo ou Getaround, les gens peuvent louer votre voiture lorsqu’elle n’est pas utilisée, par exemple lorsque vous êtes au travail ou pendant le week-end. Avec JustPark, les gens louent des places de parking devant leur maison. DogVacay propose une pension pour animaux domestiques dans des maisons privées. Sur Spinlister, vous pouvez louer vos skis, planches de surf ou vélos lorsque vous ne les utilisez pas.

La liste continue, de EatWith (mangez chez quelqu’un au lieu d’aller au restaurant), LeftoverSwap (fait trop de nourriture ? partagez avec vos voisins affamés qui ont des smartphones), Boatsetter (louez votre bateau quand vous ne l’utilisez pas), ou SharedEarth (donnez votre terre ou votre pelouse à des jardiniers et partagez la récolte).

Fin d’une soirée de baignade dans une piscine privée à San Jose, Californie, louée avec l’application Swimply le 10 septembre 2019. (Melanie Lidman/Times of Israel)

« La génération du millénaire se rend compte pourquoi la propriété a été surestimée pendant les 2 000 premières années de l’existence humaine », dit Laskin. « Les gens n’achetaient qu’une seule hache, puis la partageaient. Il n’y avait aucune raison pour que chacun achète sa propre hache. Ensuite, l’économie américaine s’est développée et la propriété est devenue très importante pour les gens. Maintenant, nous voyons que la propriété n’a jamais été aussi importante. »

« Les gens sont plus intéressés à valoriser ce qu’ils ont quand ils en ont besoin », dit Laskin. « Je pense que l’économie de partage est le résultat de notre intelligence et de la confiance que nous avions il y a longtemps. Je pense que les gens ont construit des murs autour d’eux, maintenant nous commençons à démolir ces murs. »

Une partie de cette confiance dépend de la transparence, comme les évaluations bilatérales (les hôtes vérifient les invités et les invités vérifient les hôtes, signalent tout problème et protègent ainsi la propriété de toute utilisation abusive). Lors de la création du compte et de la réservation, les invités et les hôtes reçoivent une vérification sommaire des antécédents afin d’éliminer les personnes ayant des antécédents criminels, bien que M. Laskin indique qu’aucun utilisateur n’a actuellement été identifié comme ayant des antécédents criminels. On s’attend aussi à ce que les utilisateurs de la piscine laissent la zone aussi propre qu’ils l’ont trouvée.

L’application est toujours en cours d’élaboration sur les questions d’assurance, bien que tous les hôtes et nageurs signent une renonciation lors de la création de leur compte qui décharge les hôtes et l’entreprise de toute responsabilité pour les blessures subies pendant la réservation. Bien que les réservations soient couvertes par l’assurance générale de Swimply, Laskin recommande aux propriétaires de piscine de vérifier auprès de leur assurance individuelle, car le partage de piscine est un domaine tout nouveau. Il n’y a pas besoin de sauveteurs dans les piscines privées, donc les locataires sont responsables de leur propre sécurité. Swimply espère offrir une assurance globale plus complète à tous ses utilisateurs à partir de l’année prochaine.

On est vraiment censés être là ?

C’était un sentiment étrange de se garer dans la rue de quelqu’un et de se promener dans son jardin pour utiliser sa piscine. L’application semble un peu futile au début, mais après une soirée de barbotage, un peu comme si j’étais dans ma propre piscine privée, j’ai commencé à comprendre l’intérêt. C’est une façon simple et amusante de jouer dans la piscine avec des amis, et je suis repartie satisfaite d’avoir utilisé avec bonheur des ressources qui autrement n’auraient pas été utilisées.

Mais mon ami qui s’est joint à nous, Robert Ungar, un architecte israélien qui vit actuellement dans la région de la Baie, était un peu inquiet de ce qui arriverait si l’application devenait plus largement utilisée.

« Je me demande ce que cela dit au sujet des piscines publiques, parce qu’il existe déjà un réseau de piscines publiques qui sont vraiment des lieux de rencontre pour la communauté », a dit M. Ungar. « Donc, si les gens vont payer un peu plus cher pour aller dans des piscines privées, est-ce que cela veut dire que nous sommes en train de dépeupler la fonction publique ? Peut-être s’agit-il simplement de nous séparer de plus en plus, de sorte que nous sommes toujours dans nos propres espaces numériques et seulement avec nos amis et des gens comme nous », dit-il.

Jeunes filles jouant dans une piscine près du kibboutz Beit Govrin près de Jérusalem, le 10 octobre 2011. (Nati Shohat/Flash90)

Pourtant, Ungar a dit qu’il aimait cette nouveauté de se retrouver devant la maison d’un étranger et de découvrir des surprises dans la piscine, comme les lumières colorées du jacuzzi ou les dispositifs flottants géants. Swimply espère profiter de cette nouveauté pour encourager les gens à se retrouver entre amis et à louer une autre piscine quand ils en ont envie.

La famille du fondateur Laskin à Lakewood, dans le New Jersey, profite toujours de la piscine de la voisine, mais seulement de temps en temps. Souvent, ils sont obligés d’aller plus loin s’ils veulent louer une piscine. Leur voisine s’est inscrite à Swimply aussi, et la plupart du temps, sa piscine est louée.

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