Vaccin : un volontaire motivé par la séparation des familles et des communautés
Effi, âgé de 26 ans, n'a pas vu son grand-père de 90 ans depuis un an et dit avoir intégré l'essai clinique "pour toutes les familles séparées par la pandémie"
Le troisième volontaire israélien de l’essai clinique pour le vaccin contre le coronavirus a été motivé par la séparation des familles juives et l’isolation des communautés induites par la pandémie.
« Je fais cet essai du vaccin COVID pour chaque grand-parent juif coupé de sa famille, et pour chaque famille juive séparée par la pandémie, et chaque communauté qui ne peut pas se réunir », a expliqué Effi, un résident de Jérusalem de 26 ans qui a fait une injection lundi.
Il est le fils de deux immigrants en Israël, l’un du Royaume-Uni et l’autre des États-Unis, et que l’histoire de sa famille dispersée et l’impossibilité de rendre visite à son grand-père a révélé l’impact émotionnel de la pandémie.
« Mon grand-père en Angleterre va bientôt avoir 90 ans, et ma famille était censée se réunir, mais il est probable que nous ne puissions pas nous voir. Je ne l’ai pas vu depuis un an », confie-t-il.
« Nous étions enthousiastes à l’idée de célébrer ensemble son anniversaire en avril à Manchester, une occasion vraiment importante. C’est un personnage extraordinaire qui signifie beaucoup pour nous et nous voulions tous le fêter ensemble. Il a grandi en Autriche et l’a quittée pour Manchester avec l’aide des Quakers après la Nuit de Cristal. Les 13 petits-enfants vivent loin les uns des autres, mais nous espérions tous nous retrouver. »
Son grand-père, Peter Kurer, a participé à une opération de sauvetage des Juifs d’Allemagne et d’Autriche menée par les Quakers. En janvier, la reine lui a remis une médaille de l’Empire britannique et l’a invité à rencontrer le prince Charles en reconnaissance de sa contribution à l’enseignement de la Shoah.
Effi s’est confié au Times of Israël mardi, à condition que son nom de famille ne soit pas publié, peu après son retour du centre médical Hadassah de Jérusalem. La veille, il avait fait sa première injection dans le cadre des essais cliniques du vaccin israélien. Pour le moment, ce sont quatre des 80 volontaires du premier groupe à l’avoir faite. « Je me sens très bien, absolument bien », a-t-il assuré.
Il souhaite que le nouveau vaccin Brilife aide les gens dans le monde entier, mais c’est la souffrance qu’il observe dans le monde juif qui l’a incité à se porter volontaire.
« Nous sommes très dispersés en tant que peuple, et nous restons connectés en voyageant et en nous voyant en personne », a-t-il déclaré. « Le fait de ne pas pouvoir le faire a un coût important. »
« En faisant cela, mon rêve est que les communautés juives puissent à nouveau se relier, que les rabbins ne soient plus limités à Zoomer avec les fidèles et que les familles juives puissent se réunir. »
« Ma mère est américaine, et mon père est anglais. J’ai de la famille dans les deux pays et j’ai passé beaucoup de temps dans la communauté juive de l’Arizona. J’accorde beaucoup d’importance à la vie communautaire, mais la majeure partie de l’activité du monde juif est en pause à cause de la pandémie. Je veux que cela change le plus rapidement possible ».
Il a révélé que son grand-père était constamment dans ses pensées quand il se préparait pour l’essai.
« Mon grand-père venait ici quatre fois par an, et en tant que dentiste à la retraite, il avait l’habitude de se porter volontaire pour des essais cliniques lors de ses visites. Mais maintenant, il est évident qu’il ne peut plus venir du tout et que nous ne pouvons plus y aller ».
Effi est un ancien combattant de Tsahal. Il a servi dans la brigade Givati, et se décrit comme un Israélien fier et enthousiaste à la perspective d’un vaccin développé par les biologistes de son pays.
« J’ai trois passeports, et j’aurais pu choisir de vivre en Amérique ou en Angleterre, mais par choix, je suis ici en Israël, chez moi ».