Violences, féminicides, inaction du gouvernement : des femmes lancent une grève
Des dizaines de groupes féministes ont annoncé leur soutien en faveur de l'action mardi prochain, après les meurtres de deux adolescentes en sept jours

Des dizaines de groupes féministes ont annoncé leur intention d’organiser une grève mardi prochain pour protester contre le fléau sociétal des violences contre les femmes.
Des milliers de femmes ont indiqué leur intention de se mettre en grève – sur une page Facebook créée dans cet objectif – après deux meurtres d’adolescentes, cette semaine, qui ont fait grimper le bilan de féminicides, cette année, à 24.
« Nous en sommes arrivés à la conclusion que nous devons organiser des actions drastiques, d’envergure et d’union menées par des femmes qui exigent une solution », a commenté auprès du site Ynet l’une des initiatrices du mouvement, Stav Arnon. « L’année dernière, 250 millions de shekels ont été alloués à la lutte contre les violences faites aux femmes mais le gouvernement ne cesse de reporter l’octroi de ces fonds et, aujourd’hui, seulement moins de 10 % de l’argent a été donné ».
Sur la page Facebook de la grève, l’organisatrice a dit que « les cris des femmes sont enterrés sous le silence du gouvernement qui refuse de prendre ses responsabilités et de changer la réalité. Encore et encore, des programmes sont enterrés, les victimes sont ignorées et la moitié de la population vit dans l’insécurité ».
Les groupes ont noté que les meurtres étaient la forme la plus extrême de harcèlement et de discriminations subies par les femmes dans la sphère publique.
« Si vous êtes une femme, vous êtes chez vous ici. Si vous êtes un homme, rejoignez-nous », est-il écrit sur la page.
Plusieurs manifestations devraient avoir lieu dans tout le pays, vendredi. Des rassemblements ont été organisés cette semaine à Tel Aviv, Haïfa, Beer Sheva et dans d’autres municipalités.

« Lorsque le gouvernement reporte le versement des fonds alloués aux refuges pour les femmes et aux centres d’aide, qu’il met un terme aux propositions d’établissement d’une commission parlementaire spéciale pour prendre en charge le sujet, lorsque la police néglige des plaintes et clôt des dossiers sans procès – on contribue à l’expansion du phénomène », a expliqué l’activiste Hadeel Azam, originaire de Nazareth.
Dimanche, des centaines de manifestants ont dénoncé les violences faites aux femmes et le sexisme à un rassemblement organisé à Tel Aviv, un événement marquant la Journée internationale de l’élimination des violences faites aux femmes.
Les manifestantes, en présence notamment des députées Merav Michaeli, Tamar Zandberg et Tzipi Livni, ont dénoncé la misogynie et appelé une action du gouvernement pour mettre un terme aux violences faites aux femmes et aux féminicides en Israël.

Puis, lundi, le corps sans vie de Yara Ayoub, 16 ans, a été retrouvé dans son village natal de Jish, dans le nord d’Israël, six jours après sa disparition. Selon la police, le principal suspect du meurtre serait un homme de 28 ans. Plusieurs autres personnes ont été arrêtées, soupçonnées d’être impliquées.
De nombreux détails de l’enquête, et notamment les identités des suspects, ont été placés sous embargo, par crainte que leur publication ne vienne entraver l’enquête.
Moins de vingt-quatre heures plus tard, une adolescente de 13 ans, Sylvana Tsegai, a été violée et assassinée à Tel Aviv. Le suspect serait le conjoint de la mère de la jeune fille, Tesfebarhan Tesfasion, qui a échappé à la police pendant plusieurs jours avant d’être écroué.

Selon des informations, Tsegai était connue des services sociaux, victime de violences conjugales. Elle aurait appelé la police, samedi, pour se plaindre de ce que Tesfasion se trouvait chez elle.
Dimanche, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son épouse Sara se sont rendus dans un refuge pour femmes à Jérusalem.
Netanyahu a noté que lui et son épouse, Sara, avaient été « troublés » par leur visite, dans la matinée, d’un refuge d’aide aux femmes victimes de violences conjugales à Jérusalem. Il a indiqué avoir été surpris d’apprendre que « presque rien » n »était entrepris contre les auteurs de ces mêmes violences. Il a déclaré que la hausse des violences envers les femmes qui a été notée ces dernières années au sein de l’Etat juif était un « phénomène criminel » et réclamé une application plus stricte de la loi. Il a aussi annoncé qu’il présiderait une nouvelle commission ministérielle pour lutter contre les violences conjugales.