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Vue d’Israël, la pandémie ne freine pas la rivalité avec l’Iran

La question passionne les milieux sécuritaires en Israël, où le nouveau gouvernement devra décider de sa stratégie pour tenter d'affaiblir son ennemi public N.1

Sur cette photo diffusée par l'agence de presse syrienne SANA, le président Bashar Assad, à gauche, serre la main du chef suprême iranien, l'Ayatollah Ali Khamenei, avant leur rencontre à Téhéran, le 25 février 2019 (Crédit :  SANA via AP)
Sur cette photo diffusée par l'agence de presse syrienne SANA, le président Bashar Assad, à gauche, serre la main du chef suprême iranien, l'Ayatollah Ali Khamenei, avant leur rencontre à Téhéran, le 25 février 2019 (Crédit : SANA via AP)

Sous pression par la crise du nouveau coronavirus, l’Iran réduit-il son engagement en Syrie ?

Après des mois de crise politique, un gouvernement d’union doit prêter serment jeudi sous les auspices du chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, qui vient à Jérusalem pour discuter notamment du dossier iranien avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le futur ministre de la Défense et ancien chef de l’armée Benny Gantz.

Au cours des trois dernières semaines, et malgré la pandémie de Covid-19, au moins six frappes sur des cibles pro-iraniennes en Syrie, certaines meurtrières, ont été imputées à Israël. Sollicitée à chaque fois par l’AFP, l’armée israélienne a répondu par la même phrase succincte : « Nous ne commentons pas les informations des médias étrangers ».

Mais celui qui doit passer le flambeau à Benny Gantz à la Défense, Naftali Bennett, a lancé juste après les dernières frappes, qu’il n’a pas explicitement revendiquées, une charge au vitriol contre les ambitions iraniennes dans la région, et assuré que l’Etat hébreu « poursuivra » ses frappes tant que l’Iran « n’aura pas quitté la Syrie ».

« Dans un an, nous risquons de nous réveiller avec 10 000, 20 000 missiles nous menaçant. Pour eux (l’Iran), ce sera une aventure, ils seront à 1 000 km de chez eux… Mais pour nous c’est une question vitale », a-t-il déclaré.

Israël accuse depuis des lustres Téhéran de chercher à se doter de l’arme atomique pour un jour peut-être l’utiliser contre lui.

Le président syrien Bachar al-Assad, à droite, s’entretient avec le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, à Damas, en Syrie, le 3 septembre 2018. (Agence de presse syrienne officielle SANA via AP)

L’Etat hébreu, qui partage avec Washington la doctrine d’une « pression maximale » sur l’Iran, voit aussi d’un mauvais oeil le soutien iranien au régime du président syrien Bachar al-Assad, en pleine guerre civile syrienne qui permet d’étendre l’influence de Téhéran à la frontière Israël/Syrie.

Réduire la facture

Depuis le début de l’année, l’Iran affronte des vents contraires avec la mort dans un raid américain du chef de ses opérations extérieures Qassem Soleimani, la crise du nouveau coronavirus qui en a fait le principal épicentre au Moyen-Orient avec plus de 100 000 cas, et la chute des cours du brut qui assèche ses caisses.

Le commandant principal des Gardiens de la révolution, le général Qassem Soleimani, (au centre), assiste à une réunion avec le Guide suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei (hors cadre) et les commandants des Gardiens de la révolution à Téhéran, Iran, le 18 septembre 2016. (Bureau du Guide suprême iranien via AP)

D’où la question de savoir si, sous pression, l’Iran réduit la facture de son engagement en Syrie.

La presse israélienne a relayé ces derniers jours une citation mystérieuse attribuée à une source sécuritaire : « pour la première fois depuis son entrée en Syrie (dans la guerre civile, NDLR), l’Iran y réduit le nombre de ses soldats et évacue des bases ».

Pour une source diplomatique américaine, « il serait logique que l’Iran veuille (…) diminuer ses effectifs (en Syrie) afin de dépenser davantage pour sa propre population qui souffre terriblement du Covid-19 ».

Si l’Iran réduit actuellement la voilure, alors pourquoi y bombarder ses positions ?

Amos Yadlin, former Director of Military Intelligence (photo credit: Kobi Gideon/Flash90)
Amos Yadlin, ancien chef des Renseignements militaires (Crédit : Kobi Gideon/Flash90)

« Les Iraniens sont toujours là », relève Amos Yadlin, ex-chef du renseignement militaire israélien.

« Mais je suis prêt à considérer qu’ils changent la composition de leurs forces et leur positionnement sur le terrain », en se fiant davantage à des combattants locaux et des « milices chiites ».

« Business as usual »

« Si j’adopte le point de vue iranien, je regarde la Syrie et je me dis : ‘J’ai investi massivement ici, j’ai payé un prix élevé’. Ils ne peuvent pas se retirer rapidement de Syrie sans obtenir le fruit (…) auquel ils pensent avoir droit », affirme une source proche du dossier à Jérusalem.

« Ils doivent montrer que pour eux c’est ‘business as usual' » malgré la pandémie, ajoute cette source.

Les Iraniens « se servent du virus comme une opportunité pour obtenir des fonds, mais que font-ils avec ces fonds ? Ils paient leurs supplétifs sur place » en Syrie, assure une autre source proche du dossier à Jérusalem.

Pour Yoram Schweitzer, analyste à l’Institut national des études stratégiques à Tel-Aviv, les frappes répondent soit à des opérations croissantes de l’Iran, soit à une volonté d’affaiblir un ennemi déjà miné par la crise du nouveau coronavirus.

A moins, dit-il, qu’il ne s’agisse des deux à la fois : affaiblir un ennemi qui accroît ses opérations pour signifier que la crise du coronavirus ne l’affecte pas…

Dans ce contexte, « Israël a besoin d’un ministre de la Défense et d’un chef de l’armée qui peuvent continuer de miner la présence militaire iranienne en Syrie, sans créer une situation qui plongerait la région dans un nouveau conflit », note le quotidien israélien Yediot Aharonot.

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