Responsables de la défense : l’Iran se retire de la Syrie qu’Israël pilonne
Alors que de nombreuses informations font état de frappes de Tsahal sur des bases liées à Téhéran, Israël veut faire comprendre à Damas que l'Iran est un fardeau et non un allié
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Les forces iraniennes se retirent de la Syrie et y ferment des bases militaires, ont déclaré mardi des responsables de la défense israélienne, alors que l’on signale de plus en plus de frappes aériennes israéliennes sur des milices liées à l’Iran dans le pays ces derniers mois, dont deux incidents de ce type dans la nuit de lundi dernier, au cours desquels 14 combattants liés à l’Iran auraient été tués.
Les responsables israéliens ont refusé de commenter ces attaques signalées, entretenant la politique d’ambiguïté d’Israël, selon laquelle le pays reconnaît généralement avoir pris des mesures contre l’Iran en Syrie sans confirmer spécifiquement les frappes, en partant du principe que la confirmation publique augmente la probabilité de représailles.
Bien que la lutte d’Israël contre l’Iran en Syrie se poursuive depuis près d’une décennie, après que Téhéran a commencé à envoyer ses troupes et ses mandataires en Syrie au début de la guerre civile syrienne en 2011, les derniers mois ont été marqués par une augmentation du nombre de frappes contre des sites liés à l’Iran dans le pays, ciblant des endroits à travers le pays avec la plus forte densité autour de la capitale syrienne Damas.
Les responsables, qui se sont exprimés sous le couvert de l’anonymat, ont déclaré que cet effort semble porter ses fruits puisque les forces iraniennes ont commencé à quitter le pays, évacuant ce faisant un petit nombre de bases militaires précédemment sous leur contrôle. Indépendamment, il y a également eu une baisse du nombre de milices chiites opérant en Syrie, bien que cette baisse soit due à la progression naturelle de la guerre civile et non aux actions d’Israël.

Les responsables ont déclaré que si Israël ne croit pas que les Iraniens accepteront ces revers sans réagir d’une manière ou d’une autre, une riposte imminente ne semble pas à l’horizon.
« Nous sommes déterminés, plus déterminés [que l’Iran], et je peux vous dire pourquoi – pour l’Iran, la Syrie est une aventure qui se passe à 1 000 kilomètres de chez eux. Pour nous, ce sont nos vies », a déclaré mardi le ministre de la Défense Naftali Bennett.
« Les soldats iraniens qui viennent en Syrie et y opèrent, ont leur vie entre leurs mains. Ils mettent leur vie en danger, ils en paient le prix et continueront à le faire. Nous n’abandonnerons pas et nous ne permettrons pas l’établissement d’une base d’opérations avancée iranienne en Syrie », a déclaré M. Bennett.
Le nombre de vols en provenance d’Iran vers la Syrie, transportant des munitions avancées dans le pays, a également chuté de façon spectaculaire au cours du dernier semestre, apparemment à cause des frappes israéliennes sur les aéroports syriens où ces vols atterrissent.

Parallèlement à l’augmentation du nombre de frappes sur les forces soutenues par l’Iran en Syrie, Israël aurait également ciblé un plus grand nombre de systèmes militaires de défense aérienne syriens.
« La Syrie paie un prix croissant pour la présence iranienne sur son territoire, pour une guerre qui n’est pas [celle de la Syrie]. L’Iran est passé d’un atout pour la Syrie à un fardeau », ont déclaré les responsables de la défense aux journalistes.
Ils ont ajouté qu’Israël prévoit de maintenir sa pression sur l’Iran jusqu’à ce que ses militaires quittent définitivement la Syrie.
Bien que les responsables se soient vantés du départ de l’Iran de la Syrie comme un événement récent, l’armée israélienne affirme depuis au moins 2018 que ses opérations contre l’Iran ont forcé Téhéran à changer radicalement et à revoir à la baisse ses plans pour la Syrie.
Jérusalem a longtemps soutenu que l’Iran s’efforçait d’établir une présence militaire permanente en Syrie afin de l’utiliser comme tremplin pour des attaques contre Israël – à l’instar de ce que Téhéran a accompli en soutenant son mandataire, le Hezbollah. Cette organisation a commencé sous la forme d’un petit groupe terroriste au Sud-Liban, menant des attaques meurtrières mais mineures contre les soldats de l’armée israélienne, mais elle est devenue l’une des forces militaires les plus puissantes de la région, avec des capacités dépassant celles de nombreuses nations souveraines.

Ces dernières années, Israël a également averti que l’Iran aidait le Hezbollah à convertir son arsenal massif de simples roquettes en missiles à guidage de précision bien plus meurtriers, un projet que Tsahal a désigné comme la deuxième menace la plus importante pour le pays après le programme nucléaire de Téhéran.
En effet, l’une des frappes attribuées à Israël dans la nuit de lundi visait un centre de recherche militaire syrien, qui aurait été impliqué dans ce projet de précision.

Les responsables de la défense ont partiellement attribué les succès contre l’Iran en Syrie à l’attaque américaine contre le commandant de la force expéditionnaire du Corps des Gardiens de la Révolution islamique, Qassem Soleimani, au début de l’année, qui a privé Téhéran de l’un de ses généraux les plus compétents.
Pour Israël, la voie que l’Iran décide de suivre en Syrie – y rester ou la quitter complètement – est potentiellement bénéfique. Si l’Iran part, Israël aura réussi à empêcher l’ouverture d’un autre front contre lui. Si l’Iran reste en Syrie, où Israël maintient ses services de renseignement et sa supériorité aérienne, Tsahal pourra continuer à frapper les forces iraniennes, imposant un lourd tribut à Téhéran, tout en étant capable de se défendre contre les attaques iraniennes et de les contrecarrer.