Washington n’a pas refusé de livrer des armes à Israël, mais ne les accélerera plus – responsable
Le protocole d'urgence utilisé aux premiers mois de la guerre n'est plus en vigueur ; l'intensité des combats de Tsahal diminue et les craintes d'une guerre régionale augmentent
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

L’administration Biden a supprimé ces derniers mois les procédures d’urgence qui avaient été mises en place pour accélérer la livraison d’armes à Israël vers le début de la guerre, a déclaré dimanche au Times of Israel un responsable américain au fait de la question.
Cette révélation permet d’expliquer l’affirmation du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui avait commencé la semaine dernière à accuser publiquement les États-Unis de bloquer les livraisons d’armes à Israël. Les États-Unis ont démenti cette affirmation, expliquant qu’ils n’avaient retenu qu’une seule livraison de bombes lourdes qu’ils craignaient de voir utilisées par Israël dans la ville de Rafah, densément peuplée, située au sud de la bande de Gaza.
Toutes les autres livraisons se sont poursuivies à un rythme normal, a expliqué la Maison Blanche.
Le fonctionnaire américain a expliqué au Times of Israel, sous couvert d’anonymat, qu’un « rythme normal » ne correspondait pas au rythme accéléré que les États-Unis avaient autorisé pendant les premiers mois de la guerre. Au cours des derniers mois, les États-Unis ont repris leurs procédures normales pour les transferts d’armes, y compris les diverses autorisations du Congrès.
Le fonctionnaire américain a ajouté que cette décision coïncidait avec un ralentissement significatif des opérations de l’armée israélienne à Gaza et avec l’inquiétude de Washington quant à une éventuelle opération préventive israélienne contre le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah au Liban, qui pourrait conduire à une guerre régionale.
La Douzième chaîne a rapporté dimanche qu’au cours de la première partie de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas, quelque 240 cargaisons d’armes ont été livrées à Israël. Ce chiffre est tombé à environ 120 livraisons au cours des derniers mois, a indiqué la chaîne, sans citer de sources ni fournir de dates précises pour les deux périodes.

Un deuxième responsable – israélien – a insisté sur le fait que le retour au rythme d’avant-guerre des livraisons d’armes américaines n’a pas eu d’incidence sur la capacité opérationnelle de Tsahal à Gaza ou au Liban.
En conséquence, la décision de Netanyahu d’attaquer publiquement les États-Unis a laissé l’administration Biden perplexe et frustrée, a déclaré le fonctionnaire américain.
Le fonctionnaire américain a émis l’hypothèse que Netanyahu pense qu’il pourrait bénéficier d’un avantage politique dans son pays en provoquant une querelle avec Washington ou qu’il craint que le ministre de la Défense, Yoav Gallant, ne parvienne à convaincre les États-Unis de reprendre des transferts d’armes plus rapides lors de ses réunions à la Maison Blanche cette semaine et que le Premier ministre ne soit pas crédité de la résolution de la question.
« Durant de nombreuses semaines, nous avons demandé à nos amis américains d’accélérer les livraisons. Nous l’avons fait à maintes reprises. Nous l’avons fait aux échelons supérieurs et à tous les niveaux, et je tiens à le souligner, nous l’avons fait dans des chambres privées. Nous avons obtenu toutes sortes d’explications, mais nous n’avons pas obtenu une chose : la situation de base n’a pas changé », a affirmé Netanyahu lors d’une réunion du cabinet dimanche.

« Certains équipements sont entrés au compte-gouttes, mais le gros de l’armement est resté sur place », a-t-il ajouté.
En réponse à la dernière affirmation du Premier ministre, la Maison Blanche s’est contentée de dire qu’elle se réjouissait d’accueillir Gallant dans le courant de la semaine.
« Nous avons clarifié notre position à plusieurs reprises et nous n’allons pas continuer à répondre aux déclarations politiques du Premier ministre. Nous attendons avec impatience des consultations constructives avec le ministre de la Défense Gallant à Washington cette semaine », a déclaré un responsable de la Maison Blanche.
Netanyahu n’a pas encore précisé quelles livraisons d’armes les États-Unis auraient retenues.
La Maison Blanche a exprimé sa profonde frustration face aux critiques de Netanyahu la semaine dernière.
Le porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, avait déclaré aux journalistes que « c’est pour le moins perplexe et certainement décevant, d’autant plus qu’aucun autre pays ne fait davantage pour aider Israël à se défendre contre la menace du Hamas ».
« L’idée selon laquelle nous aurions en quelque sorte cessé d’aider Israël à se défendre n’est absolument pas exacte », avait-il ajouté, qualifiant cette affirmation de « décevante et offensante pour nous autant qu’elle est incorrecte ».
Gallant, qui a atterri à Washington dimanche dernier, doit rencontrer de hauts responsables américains cette semaine.