Washington sanctionne un groupe extrémiste qui attaque les convois d’aides vers Gaza
Le Département d'État a promis de faire preuve d'une tolérance zéro "pour les actes de sabotage et de violences" qui ciblent une assistance vitale
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Vendredi, l’administration Biden a annoncé des sanctions contre un groupe israélien d’extrême-droite qui attaque des convois d’aide humanitaire en route vers Gaza.
Les sanctions visent Tzav 9, un groupe lié à des réservistes de l’armée israélienne et à des résidents d’implantations israéliens. Ses membres auraient notamment bloqué et endommagé des convois d’aide humanitaire, harcelant les conducteurs.
Les sanctions financières ont été imposées en vertu d’un décret sur la violence en Cisjordanie que Biden a signé en février – et qui a déjà été utilisé pour appliquer des sanctions financières à des résidents d’implantations violents qui avaient pris part à des attaques menées contre des Palestiniens et des militants pacifistes israéliens. Il s’agit de la quatrième série de sanctions prises suite à l’adoption de ce décret.
« Nous utilisons ce décret pour sanctionner une sélection de plus en plus large d’acteurs, en ciblant les individus et les entités qui menacent la paix, la sécurité et la stabilité de la Cisjordanie, indépendamment de leur religion, de leur appartenance ethnique ou de leur localisation », a déclaré à Reuters Aaron Forsberg, directeur du bureau du département d’État chargé de la politique de sanctions et de la mise en œuvre de ces dernières.
Le 13 mai, des membres de Tzav 9 avaient pillé puis incendié deux camions d’aide humanitaire près de la ville de Hébron, en Cisjordanie.
Tzav 9 – « Ordre 9 » en hébreu, en référence aux ordres d’appel des réservistes de Tsahal – avait déclaré après l’attaque du 13 mai qu’il avait agi pour empêcher l’assistance d’atteindre le Hamas. Il avait accusé le gouvernement israélien d’avoir fait des « cadeaux » au groupe terroriste palestinien.
« Depuis des mois, des individus appartenant au groupe Tzav 9 ont cherché à maintes reprises à empêcher l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, notamment en bloquant des routes, parfois violemment, le long de leur itinéraire de la Jordanie à Gaza, notamment en passant par la Cisjordanie », a déclaré le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller, dans un communiqué consulté par Reuters.
« Ils ont également endommagé des camions d’aide et déversé sur la route de l’aide humanitaire vitale », a-t-il ajouté.
Il a également noté qu’Israël avait la responsabilité de garantir la sécurité des convois à destination des Palestiniens de Gaza.
« Nous ne tolérerons pas les actes de sabotage et les violences qui prennent pour cible cette assistance humanitaire vitale », a ajouté Miller. « Nous continuerons à utiliser tous les outils qui sont à notre disposition pour faire en sorte que ceux qui tentent de commettre de tels actes immondes – ou qui les commettent – en répondent et nous espérons que les autorités israéliennes feront la même chose, nous le recommandons d’ailleurs vivement ».
Cette mesure a pour effet de geler tous les avoirs que le groupe détient sous la juridiction des États-Unis et d’interdire aux Américains de traiter avec lui.
Les Palestiniens et les groupes de défense des droits de l’Homme accusent depuis longtemps l’armée et la police israéliennes de s’abstenir délibérément d’intervenir lorsque des résidents d’implantations attaquent des Palestiniens en Cisjordanie.
Selon des juristes, Israël a finalement arrêté quatre personnes impliquées dans l’attaque du 13 mai, dont un mineur. Toutefois, aucun acte d’accusation n’a encore été émis.
« Nous continuerons à utiliser tous les outils à notre disposition pour promouvoir la responsabilité de ceux qui tentent d’entreprendre ou de perpétrer des actes aussi odieux », a déclaré Forsberg. « Nous avons soulevé cette question à tous les niveaux du gouvernement israélien et nous attendons des autorités israéliennes qu’elles fassent de même. »
Les délibérations relatives à la mesure prise à l’encontre de Tzav 9 ont été rapportées pour la première fois le mois dernier dans le Times of Israel.
Les attaques de convois en Cisjordanie ont commencé en avril, lorsqu’Israël a accepté d’élargir la voie d’acheminement de l’aide depuis la Jordanie afin de garantir que davantage d’assistance parvienne à Gaza.
Certains membres des forces de sécurité israéliennes informeraient les militants d’extrême-droite de l’emplacement des camions d’aide une fois qu’ils sont en route pour Gaza – ce qui aurait permis l’interception des poids-lourds par les membres du groupe, qui les ont empêchés d’avancer et qui ont pillé leur contenu.
Au début de la guerre, alors que les attaques se produisaient régulièrement près des points de passage israéliens de Kerem Shalom et de Nitzana qui séparent Israël et la bande de Gaza, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, avait fait savoir à la police, qui relève de sa compétence, d’adopter une approche laxiste en matière de répression face aux éventuels assauts de camions, a indiqué un fonctionnaire israélien.
Dans un courrier adressé à la procureure-générale et daté du mois dernier qui a circulé dans la journée de jeudi, le commissaire sortant de la police israélienne, Kobi Shabtaï, a révélé que Ben Gvir avait tenté d’empêcher les patrouilles des forces de l’ordre de monter la garde autour des convois, le menaçant de « conséquences » s’il devait désobéir. Ben Gvir a critiqué les attaques mais il a aussi déclaré soutenir les demandes soumises par les activistes, qui réclament que les aides ne soient pas transférées aux Palestiniens dans la bande alors que des otages y sont encore.