Washington envisage de sanctionner les Israéliens qui attaquent les convois d’aide à Gaza
Les sanctions seraient imposées en vertu du décret signé par Biden, qui permet au département du Trésor d'épingler des Israéliens impliqués dans des activités violentes en Cisjordanie
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
L’administration Biden envisage de sanctionner les Israéliens extrémistes impliqués dans la récente série d’attaques visant des convois d’aide humanitaire destinée aux civils de Gaza, ont déclaré jeudi deux responsables américains au Times of Israel.
Les sanctions seraient imposées en vertu du décret signé par le président américain Joe Biden en février, qui permet au département du Trésor d’épingler des Israéliens impliqués dans des activités violentes en Cisjordanie, selon les fonctionnaires.
Les attaques en Cisjordanie ont débuté le mois dernier, lorsqu’Israël a accepté d’élargir la voie d’acheminement de l’aide à partir de la Jordanie afin de garantir l’arrivée d’une plus grande quantité d’aide à Gaza.
Le groupe d’extrême droite Tzav 9 a organisé de nombreuses manifestations en Cisjordanie et en Israël même, dans le but d’empêcher les camions d’aide d’atteindre Gaza. Le groupe affirme que l’aide est interceptée par le Hamas – une accusation que les États-Unis nient. Ces derniers mois, Israël a également insisté sur la quantité d’aide qu’il autorise à entrer dans la bande de Gaza, indiquant ainsi qu’il ne croit pas non plus que l’aide soit destinée au Hamas.
Tzav 9 affirme également que l’aide devrait être utilisée comme levier pour obtenir la libération des otages israéliens à Gaza, mais les groupes de défense des droits humains estiment que cela constituerait une violation du droit international.
Les attaques contre les convois d’aide en Cisjordanie étant un phénomène relativement nouveau, il n’est pas certain que l’administration soit en mesure de constituer les dossiers juridiques nécessaires pour justifier des sanctions à l’encontre des personnes impliquées d’ici à ce que les États-Unis publient leur quatrième série de sanctions à l’encontre des résidents d’implantations dans les semaines à venir, a déclaré l’un des fonctionnaires américains.
Certains membres des forces de sécurité israéliennes informeraient les militants d’extrême droite de l’emplacement des camions d’aide une fois qu’ils sont en route pour Gaza, ce qui leur permet de les intercepter et d’en piller le contenu.
Au début de la guerre, alors que les attaques se produisaient régulièrement près des points de passage israéliens de Kerem Shalom et de Nitzana vers Gaza, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, avait demandé à la police, qui relève de sa compétence, d’adopter une approche laxiste en matière de répression, a déclaré un fonctionnaire israélien.
Si les États-Unis ont jusqu’à présent évité d’inclure Ben Gvir lui-même dans leurs sanctions, ils ont commencé à cibler des personnes de son entourage proche dans le dernier lot, en désignant Benzi Gopstein, le chef du groupe Lehava, qui lutte contre les mariages mixtes.
Le second fonctionnaire américain affirme que cette stratégie pourrait bien se poursuivre lors des prochains cycles de sanctions.
L’un des militants dans le collimateur de Washington est le chef de cabinet de Ben Gvir, Chanamel Dorfman, qui a de lourds antécédents en matière d’activités extrémistes, y compris en Cisjordanie.
Commentant les attaques des extrémistes contre les convois d’aide en début de semaine, le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Jake Sullivan, a déclaré que Washington « examine les outils dont nous disposons pour répondre à cette situation ».
« Nous faisons également part de nos préoccupations au plus haut niveau du gouvernement israélien et nous ne nous en cachons pas : il s’agit d’un comportement tout à fait inacceptable. »
Le département d’État n’a pas répondu à de multiples demandes de commentaires.