Yaalon accuse Obama d’être délicat avec Abbas, avertit de l’hégémonie de l’Iran
A Washington, le ministre de la Défense a critiqué l’accord nucléaire mené par les Etats-Unis, dit que le président avait amené la notion fausse que le conflit palestinien est au cœur des problèmes du Moyen Orient
Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël
WASHINGTON – Le ministre de la Défense Moshe Yaalon a déclaré lundi que l’accord nucléaire iranien a créé les conditions pour que l’Iran atteigne une plus grande hégémonie dans la région et que le président des Etats-Unis Barack Obama a mal géré les tentatives de résolution du conflit israélo-palestinien.
Tout en affirmant sa gratitude envers Obama pour son soutien à la sécurité d’Israël, il a accusé le président de ne pas tenir le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas responsable de son rôle dans l’échec du processus de paix, et a également déclaré que le président avait amené la notion incorrecte que le conflit israélo-palestinien était au cœur des problèmes du Moyen Orient.
Yaalon a également déploré la récente levée des sanctions financières et pétrolières handicapantes contre l’Iran, qui a libéré plus de 100 milliards de dollars d’avoirs gelés.
Le ministre de la Défense a déclaré que bien que l’accord ait entraîné le régime iranien à abandonner son « calendrier » pour l’obtention de la puissance militaire nucléaire, il n’a pas abandonné son projet.
L’inquiétude la plus immédiate pour les 10 à 15 prochaines années, a souligné Yaalon, est que les Iraniens ont créé un « axe radical » dans tout le Moyen Orient, qu’ils exploitent pour gagner une plus grande domination dans la région.
« Le régime à Téhéran est devenu un parti central afin de résoudre les problèmes du Moyen Orient », a-t-il déclaré.
S’exprimant devant un public du centre de recherche international Woodrow Wilson, Yaalon a discuté de ses inquiétudes concernant les activités régionales du régime iranien et de comment il est informé des négociations en cours entre les officiels américains et israéliens pour la conclusion d’un protocole qui augmenterait l’aide militaire américaine destinée à Israël pour les dix prochaines années.
Yaalon a rencontré le secrétaire à la Défense américain Ashton Carter et d’autres hauts fonctionnaires lundi après-midi au sujet de l’aide militaire.
Alors que Yaalon n’a pas commenté les négociations – qui seraient dans une impasse selon certaines rumeurs – il a déclaré qu’il espérait que « les négociations seraient très bientôt terminées ».
Faisant référence au test de missiles balistiques par l’Iran la semaine dernière, qui portait un message en hébreu disant « Israël doit être effacé », Yaalon a déclaré que le leadership israélien pense que l’Iran est à présent « plus confiant, plus libre d’agir dans la région aujourd’hui avec plus d’argent en conséquence de la levée des sanctions, de violer beaucoup de résolutions de l’ONU, des résolutions internationales concernant la prolifération des armes et le terrorisme. »
L’épisode de la semaine dernière a également coïncidé avec la visite du vice président américain Joe Biden en Israël.
Yaalon a déclaré à l’ancien négociateur pour la paix au Moyen Orient Aaron David Miller, vice-président au centre Wilson qui modérait le forum, qu’il appréhendait que le président Obama autorise l’Iran à affirmer son influence sur les tentatives internationales d’amélioration de la crise syrienne, alors qu’Israël a sa frontière nord avec la Syrie le long du plateau du Golan. « Nous laisser avec une Syrie dominée par l’Iran, a-t-il déclaré, nous ne pouvons pas l’accepter. »
De plus, Yaalon a souligné les différences entre Washington et Jérusalem sur la manière de faire des progrès sur le conflit d’Israël avec les Palestiniens, déclarant qu’Obama n’avait pas appliqué suffisamment de pression sur le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
« Quand [Abbas] a fermé les portes devant le secrétaire Kerry en février 2013 et devant le président Obama en mars 2014, il n’a pas été blâmé. Pourquoi ? Il est trop faible pour être responsable », a-t-il déclaré, faisant référence au président proposant à Abbas les principes pour un plan de résolution du conflit et la réalisation d’une solution à deux États.
« La valeur la plus importante qui manque au Moyen Orient est la responsabilité. Quand [Abbas] a fermé la porte devant le président Obama, il aurait dû être blâmé. Il devrait être responsable. »
Yaalon a également déclaré que l’administration Obama avait adopté l’argument du « lien » qui affirme que le conflit israélo-palestinien est le conflit principal au Moyen Orient, qui affecte tous les autres.
« Nous entendons toujours que le cœur de l’instabilité au Moyen Orient est le conflit israélo-palestinien et que sans le résoudre vous ne pouvez pas stabiliser le Moyen Orient, a-t-il déclaré. C’était ridicule avant et c’est ridicule aujourd’hui. Quel est le lien entre le soulèvement en Tunisie et le conflit israélo-palestinien ? »
Dans un récent entretien avec Jeffrey Goldberg, de The Atlantico, Obama a parlé de la théorie du lien quand il a été interrogé sur son discours du Caire en 2009, intitulé « un nouveau début », dans lequel il visait à améliorer les relations des Etats-Unis avec le monde musulman. « Mon argument était celui-ci : cessons tous de prétendre que la cause des problèmes du Moyen Orient est Israël », a déclaré Obama à Goldberg.
La remarque du président a atterré ses critiques, y compris le député israélien Michael Oren, qui était l’ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis quand ce discours a été prononcé, et qui ne se rappelle pas que le président ait dit une telle chose.
Oren a déclaré jeudi au Algemeiner que le discours d’Obama au Caire « ne mentionne nulle part que le conflit israélo-palestinien n’est pas le cœur des autres conflits du Moyen Orient. Il suggérait en fait le contraire. »
Malgré la déclaration lundi de Yaalon au public qu’Israël ne « veut [pas] gouverner les Palestiniens » et qu’il serait « heureux pour eux qu’ils jouissent de leur propre indépendance politique », il a proposé une évaluation sombre du futur du processus de paix, disant à Miller que « cela ne va pas être résolu de mon vivant ».