Yad Vashem condamne les propos de Viktor Orban sur le « mélange des races »
Le Premier ministre hongrois, qui avait rejeté le week-end dernier la vision d'une société "multi-ethnique", a défendu "un point de vue culturel"
Le président de Yad Vashem, Dani Dayan, a réagi jeudi aux commentaires faits hier par le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui a déclaré que les Hongrois « ne veulent pas devenir une race mixte ».
« La déclaration du Premier ministre hongrois Viktor Orban ne rappelle que trop les idéologies associées aux horribles atrocités de la Shoah. La Shoah nous enseigne que nous devons répondre à de telles expressions rapidement et directement. Yad Vashem appelle le gouvernement hongrois à honorer son engagement déclaré à se souvenir véritablement de la Shoah et à combattre efficacement l’antisémitisme et le racisme », a déclaré Dayan.
Orban, en visite en Autriche, a défendu jeudi « un point de vue culturel » hongrois après son virulent discours le week-end dernier contre « le mélange des races ».
« Il arrive parfois que je parle d’une manière qui peut être mal comprise, mais j’ai demandé au chancelier (Karl Nehammer) de bien vouloir placer les informations dans un contexte culturel », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Vienne. « En Hongrie, ces expressions et phrases représentent un point de vue culturel, civilisationnel. »
Le dirigeant nationaliste hongrois de 59 ans, habitué des coups d’éclat et farouchement anti-migrants, avait rejeté samedi la vision d’une société « multi-ethnique ».
« Nous ne voulons pas être une race mixte », qui se mélangerait avec « des non-Européens », avait-il dit, avant de faire une apparente allusion aux chambres à gaz du régime nazi, ce qui lui avait valu de vives critiques de la communauté juive et la démission d’une conseillère.
Depuis son retour au pouvoir en 2010, Viktor Orban a transformé son pays en mettant en place des réformes « illibérales », basées sur la « défense d’une Europe chrétienne ».
Il s’en est notamment pris aux migrants venus d’Afrique et du Moyen-Orient et aux ONG leur venant en aide, durcissant le droit d’asile et érigeant des barrières aux frontières.
M. Nehammer a évoqué cette nouvelle controverse dès le début de la conférence de presse, « condamnant fermement toute forme de racisme et d’antisémitisme » et assurant que les deux hommes avaient abordé « en toute franchise » la question.
« Nous sommes en parfait accord », a réagi Viktor Orban, se disant « fier » de la politique de « zéro tolérance » menée par la Hongrie.